Question de M. TAITTINGER Pierre-Christian (Paris - U.R.E.I.) publiée le 03/12/1987

M.Pierre-Christian Taittinger demande à M. le ministre de l'agriculture quelles actions compte-t-il mener en 1988, en liaison avec le ministère de l'équipement, du logement, de l'aménagement du territoire et des transports pour assurer une plus grande crédibilité aux prévisions climatiques. En augmentant les crédits de la recherche dans ce domaine, le Gouvernement limiterait les indemnisations aux agriculteurs victimes d'aléas climatiques, surtout en essayant de déterminer les grandes tendances annuelles (sécheresses, pluies, enchaînement des saisons).

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Transmise au ministère : Recherche et enseignement supérieur


Réponse du ministère : Recherche et enseignement supérieur publiée le 03/03/1988

Réponse. -Les enjeux économiques liés à la prévision de l'évolution climatique sont considérables ; ils concernent aussi, plus directement, l'incidence des fluctuations climatiques naturelles sur l'activité de l'homme. De multiples secteurs économiques sont concernés, au premier rang desquels figurent l'agriculture, les transports, la consommation d'énergie, le tourisme ; ils concernent également l'effet possible des activités de l'homme sur le climat, et les conséquences qu'il y a lieu d'en tirer - par exemple, la croissance de la concentration de dioxyde de carbone, l'amenuisement de la couche d'ozone. Seule une compréhension scientifique des mécanismes d'évolution du climat peut fonder l'espoir de parvenir à des prévisions climatiques sérieuses et crédibles. Il s'agit là d'un problème difficile, et surtout extraordinairement complexe. La prévision proprement météorologique, qui repose sur une simulation de l'évolution de l'atmosphère seule, n'est pas en effet susceptible de fournir des résultats exploitables pour des échanges excédant une quinzaine de jours ; pour aller au-delà et élaborer des prévisions saisonnières ou interannuelles, on doit prendre en compte l'ensemble du système climatique de la terre, qui inclut, outre l'atmosphère, les océans, les glaces et une partie de la biosphère, ainsi que les interactions de ces diverses composantes. Consciente de l'importance de ces enjeux, la communauté internationale conduit, sous l'égide de l'Organisation météorologique mondiale, un vaste programme de recherche. La France joue dans les recherches mondiales sur le climat un rôle de premier plan. Elle a mis en place une structure de coordination, le Programme national d'étude de la dynamique des climats (P.N.E.D.C.), qui regroupe les institutions ayant des vocations et des moyens de recherche dans ce domaine : C.N.E.S., C.N.R.S., direction de la météorologie nationale, Ifremer, Orstom, T.A.A.F. Ce programme a déjà permis d'obtenir des résultats importants : ainsi, en 1985 et 1986, a été conduite en France une étude de grande ampleur sur les échanges hydrites entre le sol et l'atmosphère, étude dont les résultats conditionnent la précision des modèles de simulation numérique du système biosphère-atmosphère. En 1986 et 1987, l'interprétation des forages dans les glaces antarctiques a fourni des informations de première importance sur les relations entre la température de la surface terrestre et la concentration atmosphrique du dioxyde de carbone au cours des 160 000 dernières années. Les moyens mobilisés au service de la connaissance du climat bénéficient en 1988 d'une croissance marquée. Ainsi, l'expérience spatiale franco-américaine Topex-Poseïdon, décidée par le Gouvernement en 1987, a pour but l'obtention, par le biais de mesures altimétriques, d'une description de la circulation océanique, description indispensable pour parvenir à une modélisation couplée de l'évolution de l'océan et de l'atmosphère. Ces actions de recherche en amont des applications devraient permettre de fonder la prévision du climat sur une base solide.

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