Question de M. PONTILLON Robert (Hauts-de-Seine - SOC) publiée le 21/01/1988

M. Robert Pontillon a été amené à constater la faiblesse de l'action de la France en matière de développement de la francophonie, dans un pays que le bilinguisme officiel et la présence culturelle ancienne devraient naturellement désigner pour un effort particulier. Cette défaillance regrettable conduit, semble-t-il, les autorités et les personnalités camerounaises sensibles à cette préoccupation à considérer que la représentation diplomatique canadienne est seule porteuse localement des ambitions et des responsabilités de la francophonie. Il serait dès lors heureux de connaître les intentions et les projets de Mme le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la francophonie, à l'occasion de la conférence de l'Association internationale des parlementaires de langue française qui s'est tenue du 4 au 9 janvier à Yaoundé, pour rendre à la présence française un élan et des moyens propres à la nourrir d'un contenu plus substantiel et pour faire en sorte de donner à la défense de la culture et de la langue françaises une vitalité et un dynamisme qu'elle semble avoir perdus dans cette région de l'Afrique.

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Réponse du ministère : Francophonie publiée le 31/03/1988

Le Canada a une politique très dynamique au Cameroun qui est devenu un de ses principaux partenaires dans le cadre de la coopération bilatérale. Pour 1987, le montant de l'aide canadienne peut être évalué à 160 MF, ce qui place ce pays au second rang derrière la France (environ 600 MF). Cette aide se concentre sur un certain nombre de points comme la presse écrite ou les bourses et elle fait l'objet d'une exploitation médiatique systématique. Par ailleurs les Canadiens s'intéressent de près à certains projets d'infrastructures (adduction d'eau potable de Yaoundé, hydroélectricité). En ce qui concerne la francophonie, le Canada utilise au maximum les retombées du sommet de Québec, mais son action en faveur de la défense de la langue et de la culture françaises au Cameroun est très marginale par rapport à celle de la France qui s'exerce à travers : une cinquantaine de professeurs dans les écoles françaises : école Dominique-Savio à Douala, lycée Fustel-de-Coulanges à Yaoundé, école de Bafoussam, de Garoua, de Ngaoundéré, Maoura ; deux centres culturels à Yaoundé et Douala, et une antenne à Buéa ; environ deux cent vingt professeurs dans l'enseignement secondaire, et douze à la faculté de lettres ; une trentaine de spécialistes de l'appui aux systèmes éducatifs et à l'enseignement du français se répartissant en : douze personnes au niveau de l'inspection pédagogique ; neuf professeurs à l'Ecole normale supérieure (dont deux pour le français) ; trois inspectrices de maternelles ; dix spécialistes du français dont quatre pour l'opération " bilinguisme " qui se déroule dans la zone anglophone. Ces nombreux assistants bénéficient en outre d'appui logistique et de crédits d'intérêt général ; le ministère de la coopération finance également trois cents boursiers (pour un montant de 12 MF). Par ailleurs, le fonds d'aide et de coopération a financé en 1987 un projet de 1,4 MF d'appui au livre qui permettra la création de bibliothèques de lecture publiques. Il devrait financer à court terme un projet d'appui au français qui est actuellement à l'étude. Enfin, il convient de rappeler que les actions parmi les plus efficaces en faveur de la francophonie passent par les médias : radio, télévision, presse écrite. A cet égard, la France a contribué à l'installation de la télévision au Cameroun en finançant la formation de personnel pour un montant de 12 M.F. Dans le secteur de la presse écrite, six assistants techniques apportent leur appui à l'école de journalisme (E.S.S.T.I.) qui bénéficie par ailleurs d'un certain nombre de bourses. Ces éléments devraient permettre d'apaiser les inquiétudes de l'honorable parlementaire qui soulève un vrai problème : la France ne met pas, en général, suffisamment en valeur ses interventions mais il est vrai que dans le cas du Cameroun elle risquerait de froisser de nombreuses susceptibilités dans cet ancien territoire sous mandat qui reste notre principal partenaire sur le plan culturel et économique en Afrique noire.

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