Question de M. TAITTINGER Pierre-Christian (Paris - U.R.E.I.) publiée le 30/06/1988

M. Pierre-Christian Taittinger demande à M. le Premier ministre comment il entend réagir devant la prolifération inquiétante des sondages, qui finissent par exercer sur l'opinion publique une pression intolérable. Ne déclarait-il pas, récemment : " L'espace d'initiative, d'audace, de surprise, voire de non-conformisme, qui reste aux gouvernants faiblit de manière considérable. Il n'y a pas une mesure forte qui ne fasse l'objet, dans les huit jours de la sortie de l'idée, d'un sondage qui vous fait apparaître que les Français sont ou non prêts à l'accepter. Et la réduction de l'horizon de l'acte de gouvernement, c'est-à-dire le fait que le système, au fond, dissuade profondément de prendre toute décision un peu dure mais dont les effets bénéfiques interviennent après la prochaine échéance électorale, rend presque impossible de donner au long terme la priorité dont il aurait besoin. " Comment pourrait-on concilier la nécessité d'utiliser des moyens modernes d'inf
ormation en évitant un accaparement progressif du pouvoir par des structures multiples qui finissent par manipuler l'opinion ? Est-on condamné à gouverner au rythme des sondages et à voir ainsi se limiter l'action gouvernementale ? La France est la seule démocratie atteinte de ce mal en profondeur.

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Réponse du ministère : Premier ministre publiée le 24/11/1988

Réponse. - Le Premier ministre fait observer à l'honorable parlementaire que la manière la plus efficace comme la plus appropriée de réagir à la prolifération des sondages d'opinion ne consiste certainement pas à en limiter le nombre en quelque manière que ce soit, mais consiste à faire en sorte que ceux qu'ils intéressent adoptent à leur égard l'attitude adéquate, c'est-à-dire les considèrent comme des photographies, instantanées, de plus ou moins bonne qualité, qui peuvent à ce titre apporter des indications très utiles sans pouvoir en aucun cas prétendre refléter les réalités profondes et durables, sans, surtout, que les responsables politiques doivent vivre dans l'obsession de ces techniques modernes d'information.

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