Question de M. SÉRUSCLAT Franck (Rhône - SOC) publiée le 09/02/1989

M. Franck Sérusclat se félicite de la priorité donnée par le Gouvernement à la politique de prévention du SIDA, ainsi qu'au développement de la recherche. C'est à ce propos qu'il souhaiterait attirer l'attention de M. le ministre de la solidarité, de la santé et de la protection sociale, porte-parole du Gouvernement, sur deux problèmes où l'efficacité de la politique de prévention mise en oeuvre par le Gouvernement risque de voir sa portée limitée : 1° comme le notait le professeur Got dans son rapport récemment rendu public, la mise en distribution de la vente de préservatifs n'est assurément pas assez répandue. Ne conviendrait-il pas de prendre des mesures afin de multiplier les lieux de vente, en particulier dans les lieux publics où la mise en place de distributeurs automatiques est encore très rare ; 2° le coût des préservatifs est encore élevé (en pharmacie, le prix moyen est de 45 francs pour une boîte de douze). Or la politique de prévention doit être en priorité destinée aux jeunes. Ce coût est dissuasif quant à l'utilisation des préservatifs. Dès lors, ne peut-il être envisagé une intervention visant à la baisse du prix de vente ; de même, ne serait-il pas possible d'envisager que des distributions gratuites puissent être faites dans les établissements scolaires, par exemple lors des visites médicales. Des initiatives de collectivités locales ont vu le jour, mais toujours de façon ponctuelle ; des groupes privés ont aussi pris des initiatives similaires. Une politique de la santé publique ne doit-elle pas s'inspirer de ces exemples et inscrire la politique de prévention dans la durée par des actions de ce type ? Par ailleurs, les campagnes de publicité sont malheureusement trop limitées dans le temps (campagnes publicitaires dans les grands médias). Il souhaiterait savoir si d'autres formes d'action peuvent être envisagées, elles aussi s'inscrivant dans la durée.

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Réponse du ministère : Solidarité publiée le 24/08/1989

Réponse. - A la suite du rapport qui lui a été remis par M. le professeur Got, le Gouvernement a voulu renforcer l'efficacité et les moyens du dispositif de prévention contre le sida. Sur le plan de l'organisation, il a mis en place plusieurs structures nouvelles, dont l'une, l'Agence de lutte contre le sida (A.L.S.), a plus particulièrement pour vocation de coordonner les actions dans le domaine de l'information de la prévention et de l'éducation pour la santé. Elle exerce ses missions dans trois domaines : les campagnes d'éducation en direction du grand public ; la coordination des actions mises en oeuvre sur le terrain à l'initiative des différents ministères ; cette action s'exerce en relation, notamment, avec le Comité français d'éducation pour la santé ; le suivi de la qualité de l'information. Sur le plan financier, les moyens dégagés pour 1989 sont importants puisqu'ils portent au total sur 100 millions de francs dont 45 seront consacrés aux campagnes d'éducation en direction du grand public. Le programme 1989 prévoit le lancement de quatre campagnes. Deux d'entre elles portent sur la promotion de l'usage du préservatif. La première a eu lieu en avril. La seconde aura lieu aux mois de juillet et août plus particulièrement sur les lieux de vacances. Deux campagnes seront également consacrées à l'information sur la maladie proprement dite, la première au mois de juin et la seconde au cours de l'automne. Dès à présent, on observe un très fort taux d'augmentation des ventes de préservatifs dans les officines pharmaceutiques (+ 33 p. 100) qui représentent plus des trois quarts du total des ventes depuis le mois de novembre 1988. Toutefois, il est de fait qu'il convient d'accroître le nombre des lieux de vente de préservatifs. Une action en ce sens est en cours en relation avec les distributeurs mais son effet ne se fera sentir que progressivement. En matière d'actions sur le terrain, le Gouvernement est effectivement désireux de prendre appui sur les initiatives prises par des associations ou les collectivités locales dans le domaine de l'éducation pour la santé. Pour les conforter et inscrire leurs actions dans la durée, l'Agence de lutte contre le sida va préparer avec l'ensemble des intervenants un plan à deux ans d'éducation sur le sida. Ce plan dont la publication est prévue au mois de novembre, après avoir défini une stratégie générale en matière d'éducation pour la santé dans le domaine du sida, présentera un programme d'actions coordonnées entre les principaux intervenants, collectivités locales, associations... et notamment le Comité français d'éducation pour la santé et l'Agence de lutte contre le sida.

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