Question de M. TAITTINGER Pierre-Christian (Paris - U.R.E.I.) publiée le 14/12/1989

M. Pierre-Christian Taittinger demande à M. le Premier ministre quelles actions nouvelles seront engagées en 1990 pour améliorer le dépistage de l'illettrisme et assurer une meilleure coordination entre les différents ministères intéressés dans la lutte contre un fléau qui frappe durement un pourcentage important de la population active.

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Réponse du ministère : Premier ministre publiée le 15/03/1990

Réponse. - Le problème de l'illettrisme est de ceux qui mobilisent à juste titre l'attention des élus et de l'opinion publique. Mais l'inquiétude légitime que suscitent certains chiffres entretient une confusion qu'il est souhaitable de dissiper en distinguant le cas de la population scolaire et celui de la population adulte. 1° En ce qui concerne la population scolaire, l'évaluation nationale conduite en novembre dernier par le ministère de l'éducation nationale permet de ramener le problème à de plus justes proportions. En début de C.E. 2, soit après deux ans d'apprentissage de la lecture, les bases de celle-ci sont largement acquises. 80 p. 100 des élèves sont capables de rechercher des informations dans un texte, mais des difficultés subsistent, notamment dans la lecture de certaines lettres (le " c " se lisant " s " et non " k "). A la fin de la scolarité élémentaire, l'évaluation de l'illettrisme dépend de la difficulté des textes que l'on demande aux élèves de lire. Mais les résultats sont du même ordre de grandeur. Ces résultats rendent compte des difficultés éprouvées par 10 à 20 p. 100 des élèves pour suivre une scolarité normale en 6e. Il convient cependant de ne pas dramatiser car les enquêtes comparatives menées sur une longue période montrent une amélioration constante. 4 p. 100 des conscrits de 1912 étaient incapables d'écrire leur nom ; ils ne sont plus que 0,75 p. 100 dans ce cas en 1984. 2° En ce qui concerne la population adulte, la réalité est plus complexe encore. Il conviendrait de distinguer ceux qui n'ont jamais su lire et écrire et ceux qui savaient lire et écrire au sortir de l'école et qui, n'ayant pas entretenu ce savoir pour des raisons diverses (plus du quart des adultes ne lisent jamais un journal), l'ont progressivement oublié. On considère qu'environ 6 p. 100 de la population adulte, soit 2,2 millions de personnes, éprouvent de très sérieuses difficultés à écrire et à lire et que 4 p. 100 de la population, soit 1 million de personnes environ, éprouvent même des difficultés à lire. Dans cet ensemble, les personnes âgées (soixante-cinq ans et plus) pèsent très lourd, près de la moitié du noyau dur de l'illettrisme, et les cinquante - soixante-quatre ans comptent pour un quart. L'illettrisme est en outre répandu dans les populations d'origine étrangère dont le français n'est pas la langue maternelle ainsi que dans les milieux les plus défavorisés. Plutôt que de lutter contre l'illettrisme en ce qui concerne la population scolaire, il est préférable de mener des actions en faveur de la lecture. Le ministre d'Etat, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, après avoir demandé à ce sujet un rapport au recteur Migeon, a engagé une action d'envergure. L'évaluation nationale à laquelle il vient d'être fait référence permet à chaque enseignant de situer de manière systématique et par référence à des résultats nationaux les difficultés particulières de ses élèves. Des actions de formation se greffent sur ce diagnostic. Cette démarche sera poursuivie tout au long de la présente année scolaire et elle sera reprise en 1991. Le groupe permanent de lutte contre l'illettrisme a été créé en 1984 pour coordonner l'ensemble des actions de lutte contre l'illettrisme et notamment celles menées par la formation professionnelle en direction des adultes. Le succès de ces actions dépend, dans une large mesure, de leur intégration dans une prise en charge plus globale des difficultés spécifiques des populations concernées. Elles font souvent appel à des relais associatifs et ne dissocient pas l'apprentissage ou le réapprentissage de la lecture, de la maîtrise de situations concrètes où il est indispensable de savoir lire (démarche administrative par exemple). Le ministère du travail dispose en 1990 de 16 millions de francs de crédits pour la lutte contre l'illettrisme au titre de la formation professionnelle et il devrait développer en outre un programme renforcé de 30 millions de francs. Enfin, l'ensemble de la politique sociale du Gouvernement vise à traiter le problème de l'illettrisme dans le cadre plus général de l'action en faveur de l'intégration, qu'il s'agisse du R.M.I., de la politique des villes ou de la politique d'intégration. ; l'apprentissage ou le réapprentissage de la lecture, de la maîtrise de situations concrètes où il est indispensable de savoir lire (démarche administrative par exemple). Le ministère du travail dispose en 1990 de 16 millions de francs de crédits pour la lutte contre l'illettrisme au titre de la formation professionnelle et il devrait développer en outre un programme renforcé de 30 millions de francs. Enfin, l'ensemble de la politique sociale du Gouvernement vise à traiter le problème de l'illettrisme dans le cadre plus général de l'action en faveur de l'intégration, qu'il s'agisse du R.M.I., de la politique des villes ou de la politique d'intégration.

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