Question de Mme FOST Paulette (Seine-Saint-Denis - C) publiée le 13/09/1990

Mme Paulette Fost attire l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, sur la suppression envisagée des enseignements de physique et chimie dans les classes de 6e et de 5e à la rentrée 1991 ; ce qui concernerait dans la commune de Saint-Ouen près de 800 élèves de 6e et de 5e, et des milliers d'enfants de primaire. En effet, cette décision constitue un véritable coup de force, prise pendant la période des vacances d'été, contre l'avis du Conseil supérieur de l'éducation nationale (composée d'enseignants et de parents d'élèves qui se sont prononcés très majoritairement contre ce projet), de l'union des physiciens et de l'association des professeurs d'initiation aux sciences physiques. Les commissions Bergé et Mathé avaient également souligné l'importance du maintien, de l'amélioration et de l'extension de ces disciplines qui développent le sens de l'observation, la curiosité, l'habilité manuelle et l'esprit scientifique. Cette décision porterait un coup très grave à l'enseignement scientifique qui est inexistant à l'école élémentaire, insuffisamment présent au collège (la part de ces enseignements dans l'horaire-élève passerait de 26 à 22 p. 100), et qui souffre de l'absence de groupes réduits pour travaux pratiques, du manque de matériel de laboratoire et de personnels compétents. On reviendrait plus de trente ans en arrière puisque pour enseigner les sciences physiques il n'y aurait plus un seul enseignant spécialisé en 1993. Il semble que cette mesure ne soit justifiée que par la seule volonté gouvernementale d'économiser 3 200 postes d'enseignants qui pourraient être transférés dans les lycées, ce qui conduirait à un nouvel affaiblissement de l'encadrement dans les collèges, quantitatif et qualitatif, avec le départ d'enseignants spécialistes de physique et chimie, de mathématiques et à des contraintes supplémentaires pour les P.E.G.C. Or ce n'est pas ainsi que l'on pourra combattre la crise du recrutement, mais plutôt en revalorisant de façon substantielle la rémunération des enseignants. En conséquence, elle lui demande de renoncer à supprimer des enseignements nécessaires au cursus scolaire normal des élèves, à la culture de tous et au progrès scientifique. Elle lui rappelle qu'il est possible de voter un collectif budgétaire d'urgence pour répondre aux besoins de formation, notamment en prélevant 40 milliards sur le budget de surarmement.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 22/11/1990

Réponse. - La réorganisation de l'enseignement de la physiqye-chimie, de la biologie-géologie et de la technologie au collège est une nécessité. L'enseignement de la physique-chimie a été introduit à partir de la rentrée 1977 en classe de sixième et celui de la technologie en 1984. Aujourd'hui, le manque d'harmonie et de cohérence dans l'apprentissage de ces différentes disciplines est reconnu. C'est pourquoi le ministre a demandé au conseil national des programmes son avis sur une nouvelle conception des sciences expérimentales et en particulier, pour le court terme, de la physique et de la chimie au collège. Le conseil national des programmes dont l'avis a été publié au Bulletin officiel n° 27 du 5 juillet 1990, estime que l'organisation actuelle des disciplines expérimentales au collège (horaires faibles et éclatement entre des enseignements séparés les uns des autres) ne permet pas leur développement dans des conditions satisfaisantes. Les dispositions prises au sujet de la physique-chimie, suite à l'avis du conseil national des programmes, s'inscrivent dans une démarche d'ensemble. En effet, conformément au voeu formulé par le conseil supérieur de l'éducation le 18 juillet 1990, une réflexion approfondie, concernant l'ensemble des disciplines expérimentales, a été engagée. Le résultat de ces réflexions doit faire prochainement l'objet de propositions de la part du conseil national des programmes, propositions sur lesquelles le conseil supérieur de l'éducation sera appelé à délibérer. Ces propositions reposent à la fois sur la suppression de l'enseignement de la physique-chimie dans le cycle d'observation (classes de sixième et de cinquième) et son renforcement dans le cycle d'orientation (classes de quatrième et de troisième). Le retrait de ces disciplines des programmes de sixième à la rentrée 1991 et de ceux de cinquième à la rentrée 1992 a pour objectif : de faire disparaître des redondances inutiles dans les programmes en évitant notamment les recoupements entre les programmes de physique et ceux de technologie, pour ce qui concerne l'électricité, la mécanique et l'électronique ; de commencer la formation à la culture scientifique au collège par la biologie et par la technologie qui, par leur caractère concret, sont plus directement accessibles à de jeunes élèves ; d'alléger la charge de travail des élèves, mesure qui devrait se révéler bénéfique notamment pour les élèves de sixième qui font l'apprentissage du collège et de ses multiples disciplines. Le renforcement des horaires d'enseignement de la physique et de la chimie en classe de quatrième à la rentrée 1993 et en classe de troisième à la rentrée 1994 a pour but d'améliorer les conditions d'apprentissage de disciplines nouvelles, adaptées à des élèves plus âgés. Cette mesure doit permettre à l'enseignement des sciences physiques de développer les acquis des élèves dans les autres sciences expérimentales, en offrant des conditions d'approfondissement des connaissances. Compte tenu des délais pour mettre en oeuvre une mesure pédagogique, il était indispensable de prendre la décision relative à la physique et à la chimie avant la rentrée 1990 pour qu'elle prenne effet à la rentrée 1991. La qualité d'une formation scientifique dépend moins de l'accumulation des enseignements que de la cohérence des articulations des différentes sciences qui y concourent et des modalités d'apprentissage dans le temps. La réorganisation d'ensemble des sciences expérimentales est nécessaire si l'on veut que ces disciplines se développent et renforcent leur apport à la culture scientifique. Animés par les mêmes préoccupations, les autres pays européens ont choisi soit de privilégier une discipline (Belgique, Pays-Bas, Danemark) soit d'instaurer un champ disciplinaire intégrant physique, chimie, sciences naturelles (R.F.A., Espagne, Angleterre). Tous s'efforcent de répondre à la nécessité de tenir compte des capacités d'assimilation des enfants et des conditions dans lesquelles ils acquièrent des connaissances. La nation fait un effort sans précédent pour la formation comme en témoignent particulièrement les milliers de créations de postes dans l'enseignement secondaire pour les rentrées 1989, 1990 et 1991. Il importe que cet effort ait pour résultat d'offrir aux élèves l'enseignement le mieux adapté à leurs besoins de qualification et de formation. ; scientifique. Animés par les mêmes préoccupations, les autres pays européens ont choisi soit de privilégier une discipline (Belgique, Pays-Bas, Danemark) soit d'instaurer un champ disciplinaire intégrant physique, chimie, sciences naturelles (R.F.A., Espagne, Angleterre). Tous s'efforcent de répondre à la nécessité de tenir compte des capacités d'assimilation des enfants et des conditions dans lesquelles ils acquièrent des connaissances. La nation fait un effort sans précédent pour la formation comme en témoignent particulièrement les milliers de créations de postes dans l'enseignement secondaire pour les rentrées 1989, 1990 et 1991. Il importe que cet effort ait pour résultat d'offrir aux élèves l'enseignement le mieux adapté à leurs besoins de qualification et de formation.

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