Question de M. TAITTINGER Pierre-Christian (Paris - U.R.E.I.) publiée le 17/01/1991

M. Pierre-Christian Taittinger demande à M. le ministre délégué au budget quelle sera sa réaction en 1991 devant la régulière régression qui frappe les livrets d'épargne, qu'il s'agisse du livret A, du livret bleu ou du livret B. Sans être brutale, la chute se poursuit régulièrement. Ce phénomène condamne-t-il, à moyen terme, ces livrets, ou au contraire le Gouvernement envisage-t-il de redonner le goût aux Français de leur pratique, en indexant le taux de rémunération, comme un de ses prédécesseurs l'avait envisagé en 1981 ; seule une autre orientation inciterait le retour des épargnants tentés par les en-cours des SICAV monétaires ou par les possibilités de l'argent en report dont le taux en 1990 a été de 6 à 7 p. 100 net.

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Réponse du ministère : Économie publiée le 06/06/1991

Réponse. - La tendance au ralentissement des placements des ménages sous forme de livrets, défiscalisés ou non, est un mouvement de fond qui résulte de l'affinement du comportement d'épargne des ménages. Aussi peut-on assister, depuis une dizaine d'années, à une réorganisation des flux d'épargne vers les titres et les produits d'assurance-vie, pour l'essentiel en gestion collective, au détriment des placements liquides même défiscalisés. Cette réorientation, qui s'est accentuée en 1990, avec le succès du P.E.P., correspond d'ailleurs à un mouvement de consolidation d'une épargne traditionnellement trop liquide en une épargne à plus long terme. La restauration, dès 1984, de taux réels positifs de rémunération du livret A a pu ralentir mais non retourner ce mouvement de fond. Dans ce contexte, une formule d'indexation du taux d'intérêt ne paraît pas efficace. En revanche, dès avril 1990, le Gouvernement a décidé de relever le plafond du livret A de 80 OOO à 90 000 francs, mesure susceptible de bénéficier sans délai à un grand nombre de titulaires de livrets. Ce relèvement représente une augmentation de 11,25 p. 100 supérieure à l'évolution de l'inflation constatée depuis le 29 juin 1987, date du dernier relèvement. Par ailleurs, le mode de rémunération des Caisses d'épargne et de prévoyance a été réformé pour encourager le réseau, par un mécanisme d'intéressement, à la collecte du livret A. Un système similaire devrait être prochainement étendu à la Poste. Ces mesures ont permis de freiner ce mouvement ; l'excédent des retraits sur les dépôts des livrets A qui était de 29,6 milliards de francs fin mai 1990, s'est poursuivi à un rythme moins élevé pour atteindre 52,2 milliards de francs à la fin de l'année, ce qui compte tenu de la capitalisation des intérêts correspond à une baisse de l'encours de 22,4 milliards de francs. S'agissant du livret bleu l'encours a diminué de 3,1 milliard de francs en 1990, soit une baisse de 3,4 p.100 par rapport à la fin de 1989. Le prochain relèvement du plafond du livret bleu à 90 000 francs devrait permettre de ralentir cette tendance.

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