Question de M. SOUFFRIN Paul (Moselle - C) publiée le 24/01/1991

M. Paul Souffrin attire l'attention de M. le ministre de l'industrie et de l'aménagement du territoire sur le fait que la production et l'emploi dans les mines de fer de Lorraine ne cessent de décroître, passant de 7,2 millions de tonnes et 1 162 mineurs en 1986 à 4,7 millions de tonnes et 725 mineurs en 1991. En cinq ans, l'extraction aura reculé de 35 p. 100 et les effectifs de 38 p. 100. Dans le même temps, les importations croissent, représentent plus de la moitié de la production lorraine et les quantités de minerai de fer lorrain enfournées dans les hauts-fourneaux des trois sites de la société Lorfonte (Uckange, Rombas et Hayange) ont régressé à 61 p. 100. La direction d'Usinor-Sacilor fait donc le choix de substituer, progressivement, le minerai étranger au minerai lorrain pour alimenter les hauts-fourneaux de sa filiale Lorfonte. Ce faisant, les trois dernières mines de Lorraine seraient rapidement condamnées et la filière fonte régionale rendue totalement tributaire des importations. Solidaire de l'action de la corporation minière, qui s'oppose " à cette évolution qui conduit à l'extinction possible des mines de fer ", il lui demande quelle intervention il compte faire auprès de la direction du groupe nationalisé Usinor-Sacilor pour que l'exploitation des mines de fer de Lorraine soit renforcée et la filière fonte Lorraine ainsi préservée.

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Réponse du ministère : Industrie publiée le 17/10/1991

Réponse. - La sidérurgie française doit faire face à la concurrence très vive de tous les producteurs du monde, parmi lesquels certains proposent des prix extrêmement bas. Pour la part de l'acier produit par la filière fonte, la compétitivité de la sidérurgie lorraine dépend naturellement du prix de revient de la fonte qu'elle élabore. Ce prix ne peut pas être sensiblement supérieur à celui de la fonte produite à Dunkerque, Fos-sur-Mer ou au Japon et doit être comparable à celui obtenu dans l'usine voisine de Dilligen (Sarre). Dans le coût de cette fonte, quatre éléments principaux interviennent : le prix du minerai, le prix du coke, les frais de personnel et les amortissements. La sidérurgie lorraine utilise deux types de fonte : la fonte hématite, obtenue à l'aide de minerais importés, vendue comme fonte de moulage ou nécessaire pour certains produits plats fabriqués par Sollac et la fonte phosphoreuse, issue du minerai lorrain, qui convient aux produits longs fabriqués par Unimétal. Les conditions de marche des hauts-fourneaux d'Uckange entraînent un prix de revient élevé et donc incompatible avec les possibilités du marché. Ceci a conduit Lorfonte à transférer cette production sur un haut-fourneau de Patural. La situation du marché des fontes de moulage, désorganisé par les importations à bas prix, contraint par ailleurs à en arrêter la production. Quant aux besoins en fonte phosphoreuse, ils diminuent en proportion, ce qui explique l'arrêt de la mine de Mairy. Lormines a annoncé en même temps que la fermeture de Mairy, et pour les mêmes raisons, celles des deux autres mines, Moyeuvre et Orne-Roncourt. La simplification qui résultera du passage à un seul type de fonte permettra de poursuivre à des conditions compétitives la production en Lorraine d'acier liquide et de répondre aux demandes de la clientèle qui se tourne de plus en plus vers des aciers élaborés à partir de fonte hématite. Un plan social sera présenté au mois de septembre qui mettra en oeuvre toutes les possibilités offertes : retraites anticipées, formation... Depuis cette année, Lormines a mis en place, avec l'accord des représentants du personnel, un plan de formation qualifiante qui a pour effet d'améliorer la compétence des bénéficiaires dans leur travail à la mine et aussi, lorsque ce travail viendra à disparaître, de réussir dans des emplois de conversion.

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