Question de M. ROCCA SERRA Jacques (Bouches-du-Rhône - SOC) publiée le 24/10/1991

M. Jacques Roccaserra appelle l'attention de M. le ministre de l'environnement sur une récente étude du C.N.R.S. Luminy de Marseille. Ces travaux mettent en évidence les modifications qu'entraînerait, sur le littoral méditerranéen et, en particulier, dans le delta du Rhône, une élévation du niveau marin par suite du réchauffement de notre planète. Les calculs prévoient que, si le niveau de la mer s'élevait de cinquante centimètres au cours du siècle à venir, les zones les plus basses du littoral, entre Fos-sur-Mer et La Grande-Motte, seraient submergées sur une largeur de six à douze kilomètres. Les conséquences écologistes et économiques seraient alors catastrophiques : inondation des rizières, destruction des marais et des digues, disparition de villes, problème d'évacuation des eaux usées, salinisation des surfaces cultivées (notamment des vignobles). La Camargue est menacée, Venise et le delta du Nil sont en danger. Des solutions existent pourtant : la Hollande, elle, a déjà mis en chantier le rehaussement de ses digues. Il l'alerte sur la nécessité de mettre en place, dès maintenant, un groupe de réflexion qui aura pour objectif d'élaborer des stratégies de prévention à mettre en oeuvre. Il le remercie de lui faire connaître la position de son ministère à ce sujet.

- page 2309

Transmise au ministère : Mer


Réponse du ministère : Mer publiée le 27/08/1992

Réponse. - Les experts climatologues ont observé une augmentation de la température moyenne de la planète au cours des décennies écoulées. L'accroissement de la proportion de gaz carbonique dans l'atmosphère a en effet rompu l'équilibre thermique antérieur, une partie de l'énergie solaire qui retournait dans l'espace étant piégée par l'effet de serre. Les experts s'attendent à la poursuite de l'élévation de la température moyenne de la surface de la planète. Une fourchette de 0,1° à 0,5° par décennie est avancée. L'élévation générale des températures devrait être accompagnée d'une élévation du niveau moyen des mers et océans due à la fonte partielle des glaciers continentaux et des calottes glaciaires polaires et à la dilatation du volume des eaux. Une fourchette de 0,3 à 1 centimètre par an est avancée. La communauté des experts est naturellement agitée par des controverses sur l'ampleur et même sur la réalité du phénomène. Certains considèrent même que les variations observées demeurent à l'intérieur des variations naturelles. Les prévisions les plus alarmistes ont par ailleurs été révisées à la baisse de façon considérable ces dernières années. Les services du secrétariat d'Etat à la mer suivant ce problème avec beaucoup d'attention ; ainsi, une étude intitulée " Surélévation future du niveau de la mer : conséquences et stratégies dans l'aménagement du littoral " a été confiée au laboratoire national hydraulique. Une première partie de l'étude a déjà été réalisée : elle conclut à la plausibilité d'une surélévation de 30 à 50 centimètres pour le milieu du siècle prochain. La deuxième partie de cette étude va concerner plus particulièrement les effets de la surélévation de la mer sur le littoral et les ouvrages maritimes afin d'explorer les stratégies d'aménagement. La complexité technique et juridique de ce problème nécessite comme vous le préconisez, une démarche globale et concertée faisant appel à un ensemble d'études scientifiques et économiques. C'est la démarche qu'a engagée, pour sa part, mon département ministériel, et c'est également celle du Gouvernement soucieux de rassembler les connaissances d'études en la matière et qui vient d'instituer à cet effet une mission interministérielle sur l'effet de serre.

- page 1980

Page mise à jour le