Question de M. GOETSCHY Henri (Haut-Rhin - UC) publiée le 05/12/1991

M. Henri Goetschy appelle l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre de l'éducation nationale, sur l'intérêt de l'introduction de l'enseignement simultané de deux langues vivantes dès la 6e. Cette formule est déjà en cours de généralisation en Alsace et en Lorraine depuis dix ans et a été développée à titre expérimental dans d'autres académies, pour les principales langues de la Communauté, autres que l'anglais. L'introduction d'une seconde langue en 6e semble s'imposer, d'autant plus que le ministère de l'éducation nationale a prévu l'initiation à une langue étrangère en CM1 et CM2, et qu'aucune diversification des langues enseignées dans le primaire n'est possible, puisqu'en 6e seul l'anglais est enseigné en général : au plan national, 89 p. 100 des élèves de 6e apprennent l'anglais, 10 p. 100 l'allemand et 1 p. 100 seulement une autre langue. Il lui demande s'il ne conviendrait pas de faciliter la mise en place de ce projet et d'aider les principaux de collèges à trouver les moyens pédagogiques et financiers nécessaires au lancement de cette opération. Il fait valoir que si l'éducation nationale ne pouvait prendre en charge la totalité du coût, les régions et départements seront certainement nombreux à participer au financement, comme cela se fait depuis longtemps en Alsace. Il lui demande, en conséquence, de bien vouloir préciser s'il compte encourager, par l'intermédiaire des inspecteurs d'académie, les initiatives des principaux de collège, pour que l'exemple des deux académies de l'Est - notamment pour la langue allemande en tant qu'expression littéraire des dialectes alsacien et mosellan - soit étendu progressivement à toute la France.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 16/01/1992

Réponse. - Le développement de l'enseignement des langues vivantes constitue une des préoccupations du ministère de l'éducation nationale qui, dans la perspective de la préparation des jeunes à l'Europe, préconise prioritairement un effort de l'apprentissage des langues étrangères. A cet égard, il convient de souligner que l'enseignement des langues vivantes dans le système éducatif français repose sur deux principes : pluralisme des langues offertes au travers d'un éventail de douze langues au collège, et de quatorze au lycée, et libre choix des familles. Le dispositif prévu par la réglementation définie au niveau national et applicable à l'ensemble des collèges publics et privés sous contrat prévoit, pour tous les élèves, à l'entrée en classe de sixième, une langue étrangère dont la pratique, dans son expression courante, à la fin de la classe de troisième est un objectif assigné au collège par la loi d'orientation sur l'éducation du 10 juillet 1989. Le commenceme nt de l'étude d'une seconde langue vivante étrangère à partir de la classe de quatrième, choisie parmi celles qui n'auraient pas été retenues précédemment, fait également partie de ces objectifs. S'agissant plus particulièrement de l'implantation de l'enseignement simultané de deux langues vivantes dès la sixième, il importe d'indiquer que cette possibilité avait été donnée, à titre d'essai, à une dizaine d'établissements au cours de l'année 1986-1987, et qu'il n'était pas apparu souhaitable d'y donner suite. La mise en place dans le cycle d'observation d'une deuxième langue vivante introduit un enseignement supplémentaire ne figurant pas au programme des classes correspondantes. Cet enseignement, qui ne s'adresse, en tout état de cause, qu'à une partie des élèves, crée une forme de filière, ce qui serait en contradiction avec l'objectif poursuivi au niveau du collège de préparer la totalité des élèves à l'entrée du lycée en leur donnant des compétences identiques.En outre, dans la mesure où cet enseignement ne serait pas proposé dans tous les établissements et ne pourrait être assuré, ne faisant pas partie des programmes, d'un point à l'autre du territoire, sa mise en place risquerait de porter préjudice aux élèves amenés à changer d'établissement ou de région et ne permettrait pas ainsi d'offrir à l'ensemble de la population scolaire l'égalité face au service public de l'éducation nationale. Pour l'ensemble de ces raisons, et dans la mesure où la pratique courante d'une langue étrangère et l'apprentissage de la maîtrise d'une seconde représentent les priorités à satisfaire à ce niveau de scolarité, il ne paraît pas opportun d'institutionnaliser des initiatives de cette nature.

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