Question de M. TAITTINGER Pierre-Christian (Paris - U.R.E.I.) publiée le 13/08/1992

M. Pierre-Christian Taittinger demande à M. le ministre de l'industrie et du commerce extérieur quelles solutions techniques retiendra le Gouvernement pour améliorer la sûreté à long terme des déchets, dans le cadre de l'application de la loi n° 91-1381 du 30 décembre 1991. L'enjeu étant aujourd'hui non pas tant d'utiliser tout le potentiel énergétique de l'uranium que de gérer le plutonium séparé dans l'usine de retraitement de la Hague, et les corps à vie très longue contenus dans les déchets tels que le neptunium, l'américium et certains produits de fission, le surgénérateur Superphénix pourrait-il être utilisé pour ce type d'incinération ?

- page 1846


Réponse du ministère : Industrie publiée le 19/11/1992

Réponse. - Les outils expérimentaux disponibles en France pour le développement de la filière des réacteurs à neutrons rapides sont constitués de : Phénix, prototype de faible puissance (250 MWe) qui permet la mise au point de systèmes et de composants ainsi que du combustible ; Superphénix, prototype de 1 000 MWe qui permet de passer du stade de l'expérimentation à celui de la démonstration dans des conditions de fonctionnement représentatives de celles qui seront rencontrées dans un réacteur de " taille commerciale ". Ces deux outils sont donc complémentaires l'un de l'autre. Les apports technologiques que permet la poursuite de l'exploitation de Superphénix concernent plus particulièrement les domaines suivants : le combustible, car la compétitivité du RNR (réacteurs à neutrons rapides) dépendra fortement du taux de combustion du combustible. L'objectif visé dans le cadre du projet européen de réacteur à neutrons rapides (EFR) est d'atteindre 180 000 MWj/t ; le fonctionnement du réacteur qui permet de qualifier les codes de calcul utilisés (neutronique, thermique...). En outre, il est important d'acquérir une expérience significative sur la surveillance du coeur et de son évolution ainsi que sur le comportement des matériels de détection de rupture de gaine ; la maîtrise de l'utilisation du sodium : l'expérience acquise dans Phénix et Superphénix sera décisive pour le développement de la filière ; la tenue et le vieillissement des matériaux. Par ailleurs, les caractéristiques de fonctionnement des réacteurs à neutrons rapides permettent d'envisager leur utilisation en incinérateur de plutonium et de déchets radioactifs à vie longue. Conformément à la loi du 30 décembre 1991 relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs, le CEA a relancé un programme de recherche sur la séparation et la transmutation de ces déchets à vie longue. Dans ce cadre, il est important d'utiliser les outils d'expérimentation dont nous disposons. C'est pourquoi le Premier ministre a demandé à M. Curien, ministre de la recherche et de l'espace, de remettre un rapport sur ce sujet qui doit en particulier préciser les conditions dans lesquelles Superphénix pourra apporter sa contribution. Les ressources connues et vraisemblables de l'uranium dans le monde, ainsi que les progrès techniques permettant l'utilisation du plutonium dans les centrales nucléaires REP (combustible MOX) repoussent le risque de pénurie à plusieurs dizaines d'années. Dans ces conditions, le surcoût d'investissement et le faible coût de l'uranium ne permettent pas d'envisager le développement économique des réacteurs à neutrons rapides avant 2020. Mais il est nécessaire de maintenir une compétence dans cette filière compte tenu de ses qualités potentielles (utilisation optimale des matières fissiles et incinération des déchets radioactifs à vie longue...). C'est pourquoi le Japon et les Etats-Unis consentent un effort important pour ces études. Aussi, il est important que la France poursuive ses efforts sur cette filière et apporte la démonstration de sa viabilité avec un haut niveau de sûreté.

- page 2573

Page mise à jour le