Question de M. LE JEUNE Edouard (Finistère - UC) publiée le 01/10/1992

M. Edouard Le Jeune attire l'attention de M. le ministre de la santé et de l'action humanitaire sur l'épidémie de listériose, repérée en France le 18 mars dernier, qui continue de gagner du terrain et a entraîné la mort de 48 personnes et provoqué 13 avortements. Contrairement aux prévisions établies fin juillet dernier, cette épidémie se propage rapidement. Ce sont maintenant 70 départements qui sont touchés, contre 53 en juillet, et 214 cas recensés, contre 141 il y a deux mois. Cette maladie bactérienne, qui peut être d'origine alimentaire, est sans gravité chez l'adulte en bonne santé, mais peut être sérieuse chez les femmes enceintes, les nouveaux-nés, les personnes âgées ou immuno-déprimées, atteintes du Sida ou d'un cancer. Il lui demande, en conséquence, de bien vouloir lui préciser quelles actions de prévention sont menées afin de résorber cette épidémie.

- page 2226


Réponse du ministère : Santé publiée le 18/03/1993

Réponse. - De mars à décembre 1992, la France a connu 279 cas de listériose due à une souche bactérienne spécifique, la Listeria monocytogenes, sérotype 4 b. Cette épidémie, dispersée sur l'ensemble du territoire, a causé la mort de soixante-trois personnes. L'épidémie est actuellement arrêtée puisque, depuis le 1er janvier 1993, aucun cas nouveau n'a été constaté. Pour rechercher les causes de l'épidémie, un dispositif d'investigation, d'enquêtes et d'analyses a été mis en place, piloté par les ministères chargés de la santé, de la consommation et de l'agriculture, auquel s'est adjoint par la suite le réseau national de santé publique. Il en résulte la mise en évidence d'une association entre la consommation de langue de porc en gelée et l'infection avec la souche épidémique pendant toute la durée de l'épidémie. Dans ce cadre, 12 000 souches de Listeria monocytogenes ont été isolées dans les aliments prélevés sur l'ensemble du territoire et envoyées pour analyse bactériologique à l'Institut Pasteur, ce qui a permis d'identifier 203 aliments contaminés. Une sensibilisation des professionnels concernés a été réalisée à plusieurs reprises au cours de l'enquête. Plus de deux mille établissements laitiers, plus de mille charcuteries ont fait l'objet d'investigations poussées et huit cents interventions ont été réalisées dans les centres de distribution. Chez tous les fabricants de produits où la souche épidémique a été retrouvée, les procédés de fabrication ont été revus et des mesures de désinfection ont été prises. Partout, les bonnes pratiques d'hygiène ont été rappelées. Ce sont les mesures de prévention et les recommandations d'hygiène alimentaire mises en oeuvre à l'initiative des pouvoirs publics auprès de l'ensemble des professionnels concernés, dans le cadre de la lutte contre l'épidémie, qui ont permis de la juguler. Cependant, afin d'éviter qu'une telle situation ne se reproduise et pour limiter les cas sporadiques, le risque doit être pris en compte de façon permanente par les producteurs, les distributeurs et les consommateurs qui doivent respecter les règles d'hygiène élémentaire.

- page 486

Page mise à jour le