Question de M. CLUZEL Jean (Allier - UC) publiée le 02/09/1993

M. Jean Cluzel demande à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche de lui indiquer les mesures engagées ou projetées en faveur des producteurs et des abatteurs de lapins. Il observe que les cours s'établissent actuellement à 8,50 francs le kilogramme vif alors que le coût de production, hors main- d'oeuvre, est de l'ordre de 10 francs. Les dévaluations qui ont affecté la lire italienne et la peseta espagnole ont entraîné une diminution des ventes dans ces pays. L'excédent de production atteint environ 3 000 tonnes qu'il faudrait résorber par la congélation et par l'exportation. Il suggère qu'un report de la date de paiement des cotisations sociales soit accordé aux éleveurs, qu'un moratoire des remboursements d'annuités de prêts soit consenti aux producteurs qui ont investi récemment et que soit mis en place un dispositif de stabilisation des cours, analogue à celui qui existe dans la filière porcine.

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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 02/12/1993

Réponse. - Après une crise en 1988, le marché du lapin a connu une situation stable en 1989 et satisfaisante au cours des trois années 1990, 1991 et 1992 puisque la moyenne des prix du " kilogramme vif du lapin sortie élevage " a été respectivement de 12,40 francs, 12,60 francs et 11,65 francs. Si les professionnels estiment généralement que les importations pèsent fortement sur le marché français, il apparaît en fait que ces quantités sont essentiellement des viandes congelées de médiocre qualité, concernant le seul circuit des collectivités. Elles ne créent pas à elles seules un déséquilibre sur le marché. Ainsi pour les viandes congelées en provenance de Chine, la France a importé 7 590, 2 650 et 5 490 tonnes en 1990, 1991 ou 1992. Les viandes fraîches en provenance de Hongrie ont représenté 1 510, 1 970 et 1 750 tonnes pour ces mêmes trois années. Il faut comparer ces volumes d'importations à la production nationale. La cause principale de la crise actuelle ne réside donc pas dans ces importations mais bien dans le grave déséquilibre entre l'offre et la demande, déséquilibre qui persiste depuis quelques mois. Après avoir diminué un peu en 1991, les abattages contrôlés de lapins ont représenté, en 1992, 58 500 tonnes, soit une augmentation de 6,9 p. 100. Cette tendance s'est maintenue en 1993. Dans le même temps, la consommation (estimée par le panel SECODIP : achats de ménages) est plutôt orientée à la baisse (baisses de 6 et 7,7 p. 100 en 1990 et 1991, augmentation de 1,7 p. 100 en 1992). Les exportations qui s'étaient bien maintenues en 1992 avec 4 110 tonnes, contre 3 700 en 1991, connaissent effectivement des difficultés sur l'Espagne mais aussi sur d'autres marchés traditionnels tels la Suisse ou l'Allemagne. Malheureusement le marché européen de ce produit ne permet pas d'espérer des gains très substantiels en ce domaine. Des aides publiques importantes ont été consenties depuis 1988 pour améliorer la productivité et la compétitivité des élevages français, mais aussi appuyer les actions de la filière à laquelle il manque encore de posséder une structure interprofessionnelle solide, seule susceptible dans l'avenir de maîtriser et d'aider à commercialiser la production dans de meilleures conditions. Il appartient aux familles professionnelles de créer les conditions d'un équilibre harmonieux du marché. Compte tenu de la grave situation traversée par la filière cunicole actuellement, des mesures mobilisant environ 10 millions de francs viennent d'être prises à la condition que les professionnels s'engagent réellement vers une démarche interprofessionnelle. Ces mesures sont principalement destinées au dégagement du marché, au soutien financier des éleveurs ayant récemment investi et à des avances de trésorerie aux éleveurs.

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