Question de M. RENAR Ivan (Nord - C) publiée le 02/12/1993

M. Ivan Renar interroge M. le ministre de la culture et de la francophonie sur la proposition du président-directeur général de l'Agence France Presse de redéployer les services et les activités de l'Agence au profit de l'Anglais. Cette proposition, qui a été émise dans l'éditorial intitulé Adapt or Die de la revue interne de l'AFP est justifiée, selon ses auteurs, par le déclin de la francophonie et l'absence du français dans les véhicules linguistiques majeurs, cinéma, chant, télévision, ou la domination de l'anglais dans les milieux économiques. Une telle prise de position est d'autant plus inquiétante qu'elle concerne la seule agence francophone de stature mondiale. A quelques jours à peine du dernier sommet de la francophonie, nous ne pouvons que nous étonner des cette déclaration émanant d'un dirigeant d'une société soumise à une mission de service public. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui préciser son opinion sur la situation et l'avenir de l'AFP. ** CHAMP VIDE **

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Réponse du ministère : Culture publiée le 20/01/1994

Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu appeler l'attention du ministre de la culture et de la francophonie sur l'usage de la langue française par l'Agence France Presse. Le ministre de la culture et de la francophonie s'est effectivement ému, dans une lettre adressée le 8 novembre 1993 au président de l'AFP, des intentions de ce dernier exprimées dans un éditorial du bulletin interne de l'agence. A quelques jours du sommet francophone, et alors que le Gouvernement s'est engagé à mener une politique active de la langue française, marquée notamment par le dépôt prochain d'un projet de loi se substituant à celui déposé par le précédent gouvernement, cette information était surprenante. Naturellement, il n'est pas question de critiquer le fait que l'AFP offre des services en plusieurs langues. Face à la concurrence internationale, notamment celle de l'agence Reuter, dans le domaine économique et financier, l'AFP, afin de conserver sa place de troisième agence mondiale, a su se diversifier en proposant de nouveaux services conformes aux demandes exprimées par les différents médias dans le monde. C'est ainsi que l'AFP diffuse, par voie satellitaire, des informations dans différentes langues : en dehors du français, elle propose comme langue de travail, par ordre d'importance, l'anglais, l'espagnol, l'allemand, le portuguais et l'arabe. Depuis sa création, l'AFP tente ainsi de s'adapter aux demandes venues du monde entier tout en offrant, avec le soutien du ministère des affaires étrangères, des stages à ses clients afin qu'ils apprennent le français, favorisant ainsi, en retour l'ouverture de l'offre des informations en langue française. Il convient donc de compenser une diminution de l'usage de notre langue comme seconde langue chez certains clients étrangers comme, récemment, au Portugal par une stratégie commerciale offensive en faveur des services en langue française, ainsi qu'on le voit aujourd'hui en Roumanie et en Croatie. Mais il est évident aussi que l'AFP a pour mission de développer son service en français et d'assumer les obligations qui sont les siennes au titre de la francophonie, qui ne doivent pas être négligés. C'est afin de définir les conditions d'un meilleur respect de ces obligations et de s'assurer que l'AFP concourt bien à la francophonie qu'a été décidée la création d'un groupe de travail entre l'AFP, la délégation générale à la langue française, le ministère de la communication et le ministère des affaires étrangères.

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