Question de M. LE JEUNE Edouard (Finistère - UC) publiée le 27/10/1994

M. Edouard Le Jeune attire l'attention de M. le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les laits pour nourrissons. A priori, selon certaines études, les produits enrichis en acide docosahexaénoïque, plus communément appelé DHA, présentent plutôt un plus par rapport à leurs concurrents, surtout pour les prématurés. Le fait de se rapprocher de la composition du lait de la mère est plutôt positif. Cependant, l'état des connaissances scientifiques actuelles ne permet pas d'être plus affirmatif. De nombreuses questions restent en suspens, ainsi celle de savoir s'il existe un risque, aussi minime soit-il, que les laits dans leur composition actuelle compromettent à long terme le développement cérébral des enfants. Il importe donc que les scientifiques se mobilisent pour trouver une solution et que des programmes de recherches soient lancés de toute urgence pour arriver à un consensus. Il lui demande, en conséquence, s'il envisage d'allouer rapidement des crédits de recherches en ce sens.

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Réponse du ministère : Enseignement supérieur publiée le 26/01/1995

Réponse. - L'intérêt d'une supplémentation en DHA du lait de remplacement semble actuellement démontré pour l'enfant prématuré de faible poids. On note ainsi, dans ce groupe, une plus faible teneur en DHA des hématies, associée à une diminution (souvent transitoire) de quelques paramètres de la vision que seule l'addition de DHA dans le lait de remplacement permet de corriger. Pour l'enfant né à terme, rien ne permet actuellement d'avancer des recommandations fermes quant à l'intérêt d'une supplémentation en DHA. La réponse à la question posée suppose la connaissance des besoins en acides gras polyinsaturés (AGPI) de l'enfant nouveau-né, et en particulier ceux concernant les AGPI à longue chaîne, tels que l'acide arachidonique et l'acide docosahexaénoïque (DHA). La formulation de ces besoins est fondée sur les teneurs correspondantes atteintes dans les phospholipides circulants (plasma et hématies) et sur la composition en AGPI du lait maternel. Ce sont les seuls critères aisément accessibles chez l'homme, mais leur utilisation pose la question de la représentativité réelle des lipides circulants par rapport aux lipides célébraux. C'est surtout dans la rétine, et plus précisément dans la zone où s'effectue la réception des photons, que le DHA se trouve en grande quantité. Il y représente près de deux acides gras sur trois de la phosphatidyléthanolamine. Toutefois, peu d'études ont mis en jeu, chez l'enfant, des méthodes pemettant d'apprécier les répercussions physiologiques de l'apport en AGPI à longue chaîne (développement des fonctions visuelles et du comportement, à court terme et long terme). Concernant le lait maternel considéré comme l'aliment de référence, sa composition en AGPI et en DHA et, par voie de conséquence, celle des phospholipides tissulaires du nouveau-né dépendent de l'alimentation maternelle. Les teneurs moyennes masquent des différences et des variations individuelles souvent considérables au sein d'un même groupe de femmes. Néanmoins, il est à noter que la variabilité des teneurs en AGPI de l'enfant allaité au sein, que ce soit celle des phospholipides plasmatiques ou des hématies, n'est pas plus grande que celle de l'enfant recevant un aliment lacté de composition bien précise. De nouvelles études cliniques doivent donc être développées, qui permettront également de préciser sous quelle forme supplémenter en DHA le lait de remplacement (certaines options ont déjà été prises par l'industrie). Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche soutient, dans le cadre du fonds de la recherche et de la technologie (FRT) et plus particulièrement du programme interministériel Aliment demain, des études qui portent sur ces différents points et qui associent des équipes des grands organismes de recherche (INRA, INSERM), des équipes universitaires et hospitalo-universitaires et des industriels. Ces recherches permettront d'obtenir des résultats scientifiquement incontestables et rapidement valorisés. Enfin, une réflexion sur cette question sera prochainement conduite au sein du CNERNA (Centre national d'études et de recommandations sur la nutrition et l'alimentation) par des spécialistes français.

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