Question de M. BONY Marcel (Puy-de-Dôme - SOC) publiée le 28/12/1995

M. Marcel Bony attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur l'enseignement des langues vivantes. En effet, comme le montre la mission sénatoriale sur cette question, un resserrement de l'éventail des langues étrangères proposées dans les établissements scolaires a lieu au profit de l'anglais et de l'espagnol en seconde langue. L'initiation opérée à l'école primaire, au demeurant très intéressante, ne répond pas à la recherche d'une diversité linguistique. Le nouveau contrat pour l'école prévoit pourtant sa généralisation dès le cours élémentaire en faisant appel aux enseignants du premier degré sans qu'un plan de formation adéquat soit mis en place. N'est-ce pas là prendre le risque de renforcer encore l'hégémonie de l'anglais alors qu'une réflexion serait à mener sur le sujet dès cette étape pour sensibiliser les familles à l'intérêt d'une diversification linguistique, pour définir et se donner les moyens d'une bonne application de cet apprentissage précoce, pour mieux articuler les mesures linguistiques entre le primaire et le secondaire ? Aussi lui demande-t-il s'il compte procéder à une évaluation rapide de la généralisation de l'apprentissage précoce à la rentrée 1995 et de ses conséquences sur la diversification des langues choisies au collège ; à une extension de la gratuité des supports audiovisuels à l'ensemble des langues proposées ; à l'engagement d'un plan pluriannuel de formation continue des maîtres en exercice ; au développement de la formation initiale des professeurs des écoles en IUFM.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 15/02/1996

Réponse. - Dans le cadre du Nouveau contrat pour l'école, la rentrée 1995 voit la mise en place d'une expérimentation visant à initier les élèves de CE1 à une langue vivante. A partir de séances quotidiennes, brèves, prenant appui sur des méthodes audiovisuelles, l'élève découvre une langue vivante, ce qui lui permet d'aborder avec plus de facilité les apprentissages proposés au cycle des approfondissements. Six langues sont proposées : anglais, allemand, arabe, espagnol, italien, et portugais. Cette diversité témoigne du souci de ne pas favoriser la prééminence de l'anglais. Les maîtres du premier degré ont normalement vocation à assurer cet enseignement ; pour la première année, l'expérimentation est conduite avec les enseignants volontaires, les inspecteurs d'académie veillant à ce que soit prise en compte - dans l'intérêt des élèves - la possibilité de poursuivre, au-delà de l'année scolaire 1995-1996, l'enseignement de la langue choisie. Pour aider les maîtres dans cette tâche nouvelle, le ministre a demandé au Centre national de documentation pédagogique de concevoir et de réaliser vingt mille coffrets de vidéocassettes en anglais, allemand, espagnol, italien. Ces vidéocassettes, CE1 sans frontière, sont diffusées gratuitement dans les clauses participant à l'opération. C'est dans le respect du principe de la polyvalence des maîtres que cette innovation pédagogique sera progressivement étendue au cycle des approfondissements. Au cours moyen se poursuit l'enseignement d'initiation aux langues étrangères (EILE) mis en place ces dernières années, dans les mêmes conditions qu'antérieurement. L'EILE est assuré par des enseignants du premier et second degré, des intervenants extérieurs rémunérés par les collectivités locales et agréés par l'inspection académique, des assistants ou instituteurs étrangers. Cet enseignement propose les mêmes langues qu'au CE1, auxquelles s'ajoute le russe. Il est mis en place localement, en fonction du choix de langues offert par le collège du secteur. La continuité avec l'enseignement secondaire est ainsi garantie. La formation continue des maîtres est assurée dans le cadre des plans départementaux de formation, dont le pilotage est assuré par les inspections académiques. Des séances sont organisées afin d'initier les maîtres à l'utilisation des supports pédagogiques qui leur sont proposés. S'agissant de la formation initiale, les instituts universitaires de formation des maîtres sont tous engagés dans le développement des enseignements linguistiques. Cinq d'entre eux (Dijon, Lille, Nantes, Poitiers, Strasbourg) ont rendu obligatoire une centaine d'heures d'enseignement de langue, réparties sur les deux années de formation. Un groupe national d'experts est chargé d'évaluer la mise en place du dispositif d'initiation aux langues vivantes au CE1. Ce groupe remettra un rapport d'étape en avril 1996. Ses conclusions permettront de définir les modalités d'extension de l'opération

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