Question de M. LAGOURGUE Pierre (La Réunion - UC) publiée le 04/04/1996

Dans le prolongement des assises de l'égalité sociale active et du développement dans les départements d'outre-mer, qui ont eu lieu à Paris le 9 février 1996 et au cours desquelles l'éducation a été retenue comme l'une des priorités, M. Pierre Lagourgue attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la nécessité de lutter contre l'illettrisme et l'échec scolaire - nettement supérieurs outre-mer qu'en métropole - par le renforcement des actions de formation des enseignants à l'apprentissage du français. En effet, la connaissance insuffisante de la langue française, constatée parmi les écoliers d'outre-mer, exige la mise en place d'outils pédagogiques adaptés car de nombreux jeunes achèvent leur scolarité sans maîtriser la lecture et l'écriture : exclus du système éducatif, ils deviennent immédiatement exclus de la société et du monde économique. Il lui demande en conséquence, à la suite d'une proposition déjà formulée par une mission du Centre de recherche et d'études pour la diffusion du français (CREDIF), de bien vouloir envisager la création, dans l'académie de la Réunion, d'un poste dont le titulaire, responsable de haut niveau qui serait recruté au sein du personnel de l'Education nationale en poste à la Réunion, aurait pour fonction l'instauration d'une formation spécifique des enseignants et la planification des actions de formation continue à engager en matière d'apprentissage du français.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 06/06/1996

Réponse. - D'après différentes études, la population en situation d'illettrisme se situe dans une fourchette de 10 à 20 p. 100 de la population adulte (soit entre 4 et 8 millions d'adultes de plus de quinze ans). Ces personnes rencontrant des difficultés en lecture mais aussi pour écrire et pour compter sont nécessairement freinées dans leur insertion sociale et professionnelle. Le problème de l'illettrisme est effectivement un fléau contre lequel il faut lutter dès le plus jeune âge. Le ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche a pour mission essentielle de lutter contre les difficultés scolaires que rencontrent certains élèves et c'est à ce titre qu'il s'est engagé à prévenir les situations d'illettrisme. La maîtrise de la langue est la condition première de la réussite scolaire. Diverses mesures, prenant en compte toute l'importance que revêt la maîtrise de la langue, ont d'ores et déjà été mises en oeuvre. Il s'agit tout d'abord du plan de développement des bibliothèques centres documentaires (BCD) consistant à soutenir l'ensemble des démarches visant à développer le goût de lire, à améliorer la bonne maîtrise de la langue française orale et écrite, à permettre l'accès à des lectures diversifiées et la production de textes multiples, à préparer à la recherche documentaire et à l'acquisition de méthodes de travail autonomes, mis en place progressivement en 1993 et s'achevant cette année. Par ailleurs et conformément à la mesure no 5 du Nouveau contrat pour l'école, un observatoire de la lecture a été installé en février 1995. Il a d'ores et déjà fait le point sur les analyses récentes relatives aux capacités et aux pratiques de lecture. Actuellement un CD-ROM sur la lecture est en cours d'élaboration en collaboration avec le CNDP. Il se présentera sous la forme d'une base de données sur la pédagogie de la lecture et ses objectifs seront de favoriser la diffusion et l'échange d'inform ations entre praticiens, d'établir des liens entre les pratiques de terrain et la recherche fondamentale et appliquée et de faciliter l'appropriation des informations contenues dans le CD-ROM (options de sélection, d'impression, d'exportation dans un logiciel de traitement de texte). Par ailleurs, en 1990, la direction des écoles a demandé à chaque recteur de désigner un chargé de mission académique " maîtrise de la langue " afin de coordonner l'ensemble des actions menées dans l'académie. Sur le plan de la formation continue, un tiers des stages proposés en 1995-1996 aux formateurs des enseignants des écoles seront consacrés à la maîtrise de la langue orale et écrite.

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