Question de M. HYEST Jean-Jacques (Seine-et-Marne - UC) publiée le 11/04/1996

M. Jean-Jacques Hyest appelle l'attention de M. le ministre de la culture sur l'avenir professionnel des facteurs d'orgues français. Les compagnons, qui oeuvrent à la préservation et à la restauration du patrimoine national et à la construction de nouveaux instruments, concourent à l'aménagement et au développement culturel du territoire. Or, des menaces économiques pèsent sur cette profession : le coût de la formation qui reste à la charge de la profession, le recul sensible de la politique de l'Etat en matière de création et la remise en cause de l'orientation patrimoniale, sans compter le dysfonctionnement des procédures d'attribution des marchés. Tous ces points risquent de contraindre un bon nombre d'artisans et chefs d'entreprise à cesser leurs activités et de licencier les compagnons salariés et, à plus ou moins long terme, voir disparaître cette profession. Les artisans se demandent quels seront les moyens mis à leur disposition pour les aider à conserver les instruments déjà existants, ajouter de nouveaux, et donc pouvoir exercer leur art.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 06/06/1996

Réponse. - La profession de facteur d'orgues mérite d'être soutenue dans le respect de ses compétences artisanales particulières, dans la préservation de son savoir-faire, qui s'est manifesté notamment à l'occasion de la reconstruction de l'orgue de la chapelle royale de Versailles ; des restaurations des orgues historiques de la basilique de Saint-Maximin-en-Provence, de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers, de la cathédrale Notre-Dame de Paris, des églises Sainte-Croix de Bordeaux, Saint-Sulpice de Paris, etc. ; de la construction d'orgues neufs tels que ceux de la cathédrale de Fréjus, du musée de la Cité de la musique, de l'abbatiale de Lessay, des églises de Cognac, Vichy, etc. Ces travaux et d'autres semblables sont à l'honneur des facteurs d'orgues français. Il faut constater avec satisfaction que, dans la restauration des orgues, des efforts considérables ont été faits, au cours des vingt dernières années, pour respecter autant que possible l'esthétique originale propre à chaque instrument, en fonction des progrès de la musicologie. La réputation des orgues français qui, dans chaque région, ont un caractère typique, s'étend bien au-delà de nos frontières et suscite la curiosité et la plus grande admiration des interprètes internationaux. Dans le cadre de la Communauté européenne, les marchés publics pour la restauration des orgues ou la construction d'orgues neufs sont ouverts. Cette situation est une chance à saisir car elle peut entraîner pour nos entreprises des commandes venant d'autres pays. En ce sens, il est important que les facteurs d'orgues se fassent mieux connaître. Loin de se désengager de la restauration et de la construction d'orgues neufs, le ministère de la culture, conscient des difficultés que traverse la profession de facteur d'orgues, a doublé en 1996 la dotation consacrée à la construction d'orgues neufs. L'Etat participe, depuis sa création, aux côtés de la chambre des métiers d'Alsace, au fonctionnement du Centre national de la formation artisanale de facteur d'orgues. Son effort y est constant. Les orgues neufs ne bénéficient pas du taux réduit de TVA qui n'est appliqué que de façon exceptionnelle et limitative aux oeuvres d'art. Pour affiner les différentes mesures susceptibles de soutenir la profession, le ministère de la culture a confié une étude prospective au cabinet-conseil " Plein Sens ". Enfin, le ministre chargé de la culture a décidé de recevoir très prochainement les représentants du groupement professionnel des facteurs d'orgues afin de rechercher avec eux les moyens d'aider à l'exercice de cette profession.

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