Question de M. FATOUS Léon (Pas-de-Calais - SOC) publiée le 02/10/1996

M. Léon Fatous attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la rentrée de l'université d'Artois. Il l'interroge sur la poursuite des efforts en personnel consentis par le ministère pour rattraper le retard des années précédentes, sur les subventions financières qui sont encore largement en dessous des dotations théoriques, sur l'absence de crédits d'équipements qui gênent considérablement la montée en puissance de l'université, enfin sur le déficit cruel d'équipements sportifs pour l'université.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 16/10/1996

Réponse apportée en séance publique le 15/10/1996

M. Léon Fatous. Monsieur le ministre, en 1990, M. Lionel Jospin, alors chargé du ministère dont vous avez la
responsabilité aujourd'hui, prenait en considération les besoins spécifiques et urgents d'un département en pleine crise de
reconversion et dotait le Pas-de-Calais de deux universités de plein exercice, l'une sur le littoral, l'autre en Artois avec
Arras pour siège.
L'investissement important consenti par les collectivités territoriales, et relayé par l'Etat, a porté ses fruits, comme en
témoignent les résultats des premières promotions d'étudiants.
Ces résultats sont d'autant plus précieux que cette synergie faisait de la proximité - donc de l'accès aux études supérieures
de candidats, jusque-là financièrement inéligibles - le facteur premier d'une authentique égalité des chances devant la
formation et l'insertion professionnelle.
Après que M. le président de la République a fait du problème de l'emploi des jeunes l'un des grands thèmes de sa visite
dans le Pas-de-Calais, ne pensez-vous pas, monsieur le ministre, qu'il n'y aurait que des avantages à conserver à la
priorité d'éducation et de formation la pleine réalité de son potentiel ?
Monsieur le ministre, nous vous en sommes gré, vous avez rattrapé le retard engendré par M. Fillon, en consentant un
effort important en personnel enseignant et ATOS - administratif, technicien, ouvrier et de service - mais cet effort
sera-t-il poursuivi ?
Par ailleurs, cette bonne intention ne doit pas masquer les autres problèmes qui se posent aux universités nouvelles.
Par exemple, comment se fait-il que, au titre de 1996, le budget de la recherche, pour nos universités d'Artois et du
Littoral, soit aussi faible par rapport à celui des autres universités nouvelles ? Ainsi, quand 1 125 000 francs sont dévolus
à l'université du Littoral et 1 280 000 francs à celle d'Artois, l'université de Cergy-Pontoise reçoit plus de 3 millions de
francs et celle de Saint-Quentin-en-Yvelines plus de 7 millions de francs !
Pourquoi l'université d'Artois n'a-t-elle pas reçu de crédits d'équipement, si nécessaires, tant sa montée en puissance est
spectaculaire ? Nous en sommes aujourd'hui à plus de 10 000 étudiants en quatre années d'exercice seulement !
Les collectivités locales, notamment le département du Pas-de-Calais, présidé par mon collègue sénateur Roland Huguet,
ont, bien entendu, participé, au côté de l'Etat, aux constructions nouvelles, mais, aujourd'hui, l'effort demandé devient
insupportable pour le département, qui doit assumer budgétairement le poids de l'aide sociale, laquelle ne cesse
malheureusement de s'accroître.
Notre université d'Artois reflète d'ailleurs parfaitement les difficultés de nos populations, puisqu'elle compte près de 40 %
d'étudiants boursiers, soit le pourcentage le plus élevé de toute la France.
Enfin, monsieur le ministre, comment et quand comptez-vous combler le déficit en équipements sportifs universitaires, qui
sont inexistants ?
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. François Bayrou, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Je vous
remercie, monsieur le sénateur, d'avoir rappelé les efforts sans précédent qui sont accomplis cette année en faveur de
l'ensemble des universités françaises.
Quand j'ai pris mes fonctions, j'ai constaté que, sur une longue période, on avait laissé se creuser de très graves inégalités
entre les universités françaises. Songez que certaines d'entre elles ne disposaient pas même de 50 % de leur dotation en
crédits ou en emplois ! Il m'a semblé qu'il était impossible de continuer ainsi. Donc, en une seule année, monsieur le
sénateur, la dotation a été portée, pour toutes les universités françaises à au moins 80 % en emplois et presque 90 % en
crédits.
Vous me demandez si cet effort sera poursuivi. Oui, il continuera, car j'ai pris l'engagement d'aller jusqu'au terme du plan
de rattrapage et de mise à niveau de toutes les universités françaises, singulièrement des universités nouvelles, comme celle
d'Artois, à laquelle je rends hommage.
L'université d'Artois s'est vu attribuer, au titre des créations, et pour le seul budget de 1996, soixante et onze emplois et
sa dotation globale de fonctionnement a augmenté de 10 %. Soixante et une autres créations sont prévues pour les trois
années qui viennent, dont trente-huit postes ATOS pour cette rentrée. Naturellement, si les effectifs d'étudiants étaient
plus importants que prévu, créations de postes et moyens seraient mis à niveau.
Quant aux équipements sportifs, le programme 1996-1998 en prévoit trois à Arras, Béthune et Lens, pour un montant de
8 millions de francs - soit au total, avec les cofinancements, 24 millions de francs. S'y ajoute l'installation de locaux
complémentaires à Lens - Liévain pour les formations aux sciences et techniques des activités physiques et sportives, pour
un montant de 3 millions de francs.
Reste une dernière question, celle de la recherche. Je suis persuadé que les nouvelles universités développeront un tissu
de recherche aussi performant que celui des autres universités françaises. Cependant, la recherche ne s'improvise pas, les
équipes de recherche ne se greffent pas mais se développent. Il leur faut du temps. Mais, pour ma part, je crois à l'avenir
des nouvelles universités comme celle d'Artois.
M. Léon Fatous. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Fatous.
M. Léon Fatous. Monsieur le ministre, je prends acte de vos déclarations.
Rappelons toutefois que l'université d'Artois a été créée en 1990 : ne reprochez pas aux gouvernements précédents de ne
pas avoir créé de postes !
Je prends acte également de l'annonce de la création prochaine d'équipements sportifs dans le Pas-de-Calais, et je vous
en remercie.

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