Question de Mme BIDARD-REYDET Danielle (Seine-Saint-Denis - CRC) publiée le 30/01/1997

Mme Danielle Bidard-Reydet attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation qui prévaut en Algérie et qui s'est aggravée depuis le début de la période de jeûne. En effet, depuis quelques jours, on assiste à une multiplication d'attentats meurtriers, d'assassinats. Le terrorisme intégriste est d'une cruauté sans précédent. Sa volonté est de déstabiliser l'Etat afin de faciliter son accès au pouvoir et de punir le peuple algérien du courage et de la dignité dont il a su faire preuve jusqu'à maintenant et qui l'ont poussé à résister. Si l'Algérie affiche des indices économiques en évolution c'est au prix d'une politique d'austérité mise en oeuvre par le gouvernement sur injonction du Fonds monétaire international. Celle-ci se traduit par un chômage galopant, une pauvreté accrue, une crise profonde de la société. Cette situation offre un contexte adapté aux colères que les mouvements intégristes manipulent. Il est donc urgent que la France, premier partenaire de l'Algérie, agisse concrètement afin de l'aider à ouvrir une issue démocratique et pacifiste au drame qu'elle connaît. Cela passe par l'annulation de la dette, par la signature de contrats de développement, par une plus grande coopération dans tous les domaines. Elle lui demande quelles mesures il compte prendre pour agir dans ce sens et témoigner ainsi de la solidarité active de la France envers le peuple algérien.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 27/02/1997

Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu appeler l'attention du Gouvernement sur la situation en Algérie. Au cours des dernières années, la France bouleversée par le drame que vit l'Algérie n'a jamais cessé de manifester sa solidarité envers ce pays et sa population. Cette solidarité s'est exprimée par le passé, et elle continuera à le faire dans l'avenir, dans le respect des principes qui guident notre relation bilatéral avec ce pays, à savoir le respect mutuel, l'équilibre des intérêts et la concertation sur des questions d'intérêt commun. Le respect mutuel appelle la non-ingérence. La solution de la grave crise que traverse l'Algérie ne peut venir de l'extérieur. C'est aux Algériens qu'il appartient de trouver ensemble, à travers le processus engagé avec les élections présidentielles de novembre 1995, et notamment par des élections législatives transparentes et incontestables, les voies du dialogue et de la réconciliation, préludes à une solution politique. Ce souci de non-ingérence n'est pas en contradiction avec notre volonté de maintenir avec notre voisin des relations normales et sereines. L'Algérie est un partenaire économique majeur de la France. Rien ne pourrait être pire que de l'isoler. C'est pourquoi nous encourageons le développement, dans un cadre bilatéral ou européen, de relations équilibrées et de partenariat qui permettent de maintenir les flux d'échanges et d'investissements entre nos deux pays. Le programme d'ajustement économique engagé sous l'égide du FMI depuis 1994 est en cours de réalisation. Cet effort, si difficile soit-il, a permis à l'Algérie d'engager les réformes indispensables, et d'obtenir de ses créanciers publics (Club de Paris en juin 1994 et juillet 1995) et privés (Club de Londres) un allègement substantiel (15 Mds USD) du service de sa dette extérieure. Des résultats positifs ont été obtenus : réduction de l'inflation, croissance économique supérieure à 4 % en 1996, excédent du solde commercial, amélioration des réserves en devises. Conjugé avec une évolution favorable du prix du pétrole et du cours du dollar, ce programme a permis une nette amélioration de la situation financière de l'Algérie, qui ne nécessite pas une annulation de la dette, au demeurant non demandée par les autorités algériennes.

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