Question de M. ABOUT Nicolas (Yvelines - RI) publiée le 10/07/1997

M. Nicolas About attire l'attention de Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sur la prolifération de l'algue dénommée la caulerpe en Méditerranée. L'académie des sciences a récemment débattu des dangers de cette algue. A ce jour, de nombreuses interrogations sur l'origine de son introduction en Méditerranée, son impact écologique et le moyen de l'éradiquer (diverses techniques ont déjà échoué), restent en suspens et laissent supposer une prolifération inquiétante en Méditerranée. Il demande au Gouvernement ce qu'il entend faire, au niveau national et européen, pour financer des programmes d'éradication d'une algue, d'origine tropicale, la caulerpe, dont le développement menace l'écosystème de la mer Méditerranée

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Réponse du ministère : Aménagement du territoire publiée le 04/12/1997

Réponse. - Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a pris connaissance, avec intérêt, de la question concernant la prolifération de l'algue dénommée Caulerpa en Méditerranée. Une algue verte du genre Caulerpa (généralement déterminée comme Caulerpa taxifolia, mais qui semble se distinguer des souches de référence par plusieurs caractères d'ordre morphologique et physiologique) connaît une expansion extrêmement rapide dans le bassin occidental de la Méditerranée. Le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement accorde la plus grande attention à l'évolution de ce phénomène dont la cartographie est assurée depuis plusieurs années et qui a fait l'objet de nombreuses publications. Encore mal compris d'un point de vue scientifique, ce phénomène écologique est doublement préoccupant. Fondamentalement, parce que l'on ignore comment vont vieillir en Méditerranée les écosystèmes à Caulerpa taxifolia, une fois passées les phases pionnières. En dépit d'un programme d'expérimentation engagé depuis 1992 grâce aux soutiens financiers de la Communauté européenne et du ministère de l'environnement, on ne dispose pas, actuellement, d'un outil permettant de contrôler de façon satisfaisante la colonisation de nouveaux milieux par cette plante. L'académie des sciences et le CNRS (programme " environnement, vie et société ") ont été les partenaires du ministère de l'environnement pour organiser, du 13 au 15 mars dernier, un séminaire scientifique international qui s'est tenu dans les locaux de l'Institut de France, à Paris, sur la " dynamique d'espèces marines invasives : application à l'expansion de Caulerpa taxifolia en Méditerranée ". Les participants se sont accordés à considérer que l'éradication ne constitue pas un objectif crédible et qu'en conséquence seules des interventions ponctuelles en faveur de zones d'intérêt exceptionnel, soit d'un point de vue écologique, soit sur le plan économique, peuvent mériter d'être menées. A la suite des recommandations du Conseil national de la protection de la nature et du séminaire organisé par l'académie des sciences, le ministère de l'environnement a pris position contre l'introduction en Méditerranée de nouvelles espèces exotiques pour lutter contre l'algue dite Caulerpa taxifolia. Un projet de plan d'action, fondé sur un programme pluriannuel d'observations et de recherches, est étudié par le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement qui le soumettra prochainement à ses partenaires. L'objectif de ce programme consisterait à prévoir l'expansion de Caulerpa taxifolia en Méditerranée et à évaluer les risques qui pourraient lui être liés. Il serait organisé autour d'un effort de recherche scientifique axé principalement sur la biologie, avec une partie socio-économique associée, d'un observatoire de l'évolution des écosystèmes méditerranéens et d'un troisième volet relatif à la prévention et aux moyens de lutte. Ce programme s'appuierait, pour sa partie biologique, sur un conseil scientifique international chargé de rédiger les appels d'offres, d'évaluer les propositions et d'assurer le suivi scientifique. L'académie des sciences a présenté au ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement une proposition dans ce sens. Un comité de pilotage du plan d'action, comprenant en particulier les représentants des ministères concernés et des financeurs, serait également constitué.

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