Question de M. BÉCOT Michel (Deux-Sèvres - UC) publiée le 10/10/1997

Question posée en séance publique le 09/10/1997

M. le président. La parole est à M. Bécot.
M. Michel Bécot. Monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, cette question
s'adresse à M. Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie,...
Plusieurs sénateurs du RPR et des Républicains et Indépendants. Il n'est pas là !
M. Michel Bécot. ... et à M. Christian Pierret.
Plusieurs sénateurs sur les mêmes travées. Il est présent !
M. Michel Bécot. Elle recoupe, en partie, celle de notre collègue M. Christian Poncelet.
A la lecture des dispositions du projet de loi de finances pour 1998, il semble que la reconduction de l'allégement des
charges sociales en vigueur pour les industries des secteurs du textile, de l'habillement, de la chaussure et du cuir, en
l'élargissant aux secteurs à haute intensité de main-d'oeuvre, ne soit pas prévue au-delà du 31 décembre 1997.
Il est pourtant incontestable que cette mesure d'allégement des charges, spécifique à ces secteurs, a permis à ces
industries d'enrayer l'érosion de leurs effectifs. Elles sont ainsi passées d'un taux de perte d'emplois de 10 % à une
stabilisation complète et ont même, au-delà de leurs espérances, pu reprendre des programmes d'embauche de jeunes.
Le coût du travail se révélant un élément majeur dans la compétitivité des entreprises soumises à une forte concurrence
étrangère, la non-reconduction de ce plan, à laquelle s'ajoute l'augmentation du SMIC, va majorer leurs coûts salariaux de
8 % à 10 %, ce qui risque de les pénaliser fortement et d'entraîner un accroissement du recours aux délocalisations et de
fortes pertes d'emplois.
Cette destruction d'emplois, au-delà des drames humains qu'elle provoquera, se traduira par un appauvrissement de nos
collectivités locales.
Dans un département comme celui des Deux-Sèvres, que j'ai l'honneur de représenter et où sont implantées un grand
nombre d'entreprises du secteur textile, cette mesure, si elle devait être confirmée, entraînerait la perte de plus de 3 000
emplois.
C'est pourquoi, monsieur le secrétaire d'Etat, je vous remercie de bien vouloir me faire part des dispositions concrètes
que vous entendez prendre. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR, des Républicains et
Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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Réponse du ministère : Industrie publiée le 10/10/1997

Réponse apportée en séance publique le 09/10/1997

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie auprès du ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie. Monsieur le sénateur, le secteur du textile, de l'habillement, des cuirs et peaux, de la chaussure se bat, vous le
savez, et ce n'est pas dans cette enceinte, où l'on a à l'esprit l'action vigoureuse menée depuis plusieurs années par M.
Maurice Schumann, que l'on pourrait dire le contraire.
M. Jean Chérioux. Très bien !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Le secteur du textile-habillement organise sa réponse à la mondialisation, dans
des conditions difficiles, sous l'empire des règles nouvelles de l'organisation mondiale du commerce, après la fin des
accords multifibres, après la fin de l'organisation internationale des marchés, qui avait été pour ce secteur comme une
sorte de ballon d'oxygène pendant quelque temps. Il agit, mesdames, messieurs les sénateurs, avec de nouvelles armes,
celles de la technologie. Ce sont les entreprises françaises qui sont à la pointe de la technologie dans le secteur du
textile-habillement, à la pointe de l'automatisation lorsque celle-ci est possible.
Dans ce secteur, l'investissement par personne est très élevée ; depuis dix ans, il a crû de plus de 10 % par an.
Ce secteur est en train de développer son agressivité commerciale et son organisation.
Il soutient remarquablement la création et la confection de nouveaux modèles.
Mais aussi il ouvre progressivement - il faut souligner également ces efforts-là - le dialogue social au sein des entreprises
pour favoriser une meilleure motivation des équipes.
Bref, le secteur du textile, de l'habillement, des cuirs et peaux se bat réellement avec la volonté de retrouver un certain
dynamisme et, dans bien des cas, il se trouve en position de leader sur les marchés à l'échelle européenne, voire à l'échelle
mondiale.
Il ne faut donc pas avoir une vision passéiste ou restrictive de ce que ce secteur peut encore apporter à l'économie
nationale. Il est dynamique, et l'Etat entend encourager son dynamisme en tant que celui d'une véritable industrie fondant
son développement sur ses propres forces et sur ses propres capacités.
Dans un tel contexte, la réponse n'est jamais dans la frilosité sur le marché intérieur. Elle ne doit jamais consister à se
tourner trop facilement vers l'Etat, qui ne peut pas et qui ne doit pas, dans une économie soumise aux différents accords
internationaux, se substituer à la dynamique d'entreprise.
La réponse n'est pas non plus dans le protectionnisme ; je le redis ici avec force. Nous gagnerons dans ce secteur
beaucoup plus grâce à la qualité de nos produits et à la capacité de réaction de nos entreprises que grâce à la protection
illusoire et temporaire que procurait autrefois un protectionnisme systématique.
M. le président. Pouvez-vous conclure, monsieur le secrétaire d'Etat ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. L'Etat fera son devoir : il aidera, dans le respect des accords internationaux et
européens, les entreprises à saisir toutes les opportunités d'un nouveau développement. Le Gouvernement exprime ici
solennellement sa confiance dans le secteur du textile et de l'habillement. (Applaudissements sur les travées
socialistes.).

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