Question de M. DOUBLET Michel (Charente-Maritime - RPR) publiée le 08/01/1998

M. Michel Doublet appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur les graves difficultés que rencontrent les apiculteurs qui, cette année en particulier, font une récolte catastrophique. D'après les études qu'ils ont menées, il semble qu'un procédé nouveau, consistant à enrober les graines, principalement de tournesol, de blé et de maïs, et prochainement de colza et de luzerne, d'une substance insecticide à forte rémanence, serait à l'origine des troubles du système nerveux des abeilles ayant butiné sur les fleurs des cultures qui ont subi ce traitement lors de leur semence. L'abeille atteinte perd alors son sens de l'orientation et ne rejoint plus la ruche. La perte de production de miel pour chaque ruche est directement consécutive à la diminution des populations butineuses. L'abeille, en tant qu'agent pollinisateur, fait partie de la liste des insectes protégés, et il est normal que l'Etat assume ses responsabilités dans le domaine de l'application de cette protection. Pour ces raisons, il lui demande de prendre les mesures conservatoires qui s'imposent, en interdisant l'usage de ces produits dont les conséquences économiques et écologiques sont particulièrement inquiétantes.

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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 09/04/1998

Réponse. - La culture du tournesol, en raison de son mode de conduite, est particulièrement sensible à certains ravageurs tels les taupins ou les pucerons. La préparation insecticide dénommée " Gaucho ", à base d'imidaclopride, par son action systémique apporte une protection efficace en enrobage des semences et a reçu pour ce faire, une autorisation de mise en marché en 1993, pour cet usage. A partir du 19 août 1997, mes services ont été alertés par le secteur apicole qui pense que des diminutions significatives des miellées sont liées au développement spatial de cette méthode de lutte. Une réunion organisée le 24 octobre 1997 a permis à toutes les parties concernées de faire un premier point à l'issue de la période estivale de production du miel. La commission d'étude de la toxicité des produits antiparasitaires à usage agricole lors de sa séance du 12 novembre 1997 a proposé la nomination de deux experts. J'ai demandé à ces deux experts d'étudier toutes les données disponibles concernant la problématique évoquée et d'en présenter un rapport à ladite commission lors de sa réunion du 11 décembre 1997. Le rapport des experts n'a pas permis de montrer un lien de causalité entre l'insecticide " Gaucho " et la diminution des miellées de tournesol. Toutefois, sur proposition du comité d'homologation des produits antiparasitaires à usage agricole et de la commission des produits antiparasitaires à usage agricole, j'ai demandé la mise en place d'études complémentaires sous l'autorité d'un comité de pilotage animé par mes services. Les études prévues impliqueront des essais de terrain qui rendront nécessaire, dans les sites expérimentaux, l'interdiction d'utilisation de semences de tournesol traitées avec l'insectidice incriminé. Trois départements tests ont été décidés, l'Indre, les Deux-Sèvres et la Vendée. Ces départements ont été choisis pour des raisons techniques liées à la densité du rucher et de la culture du tournesol ainsi que pour leurs différences pédoclimatiques. Le comité de pilotage, au sein duquel les apiculteurs sont représentés, a été installé dès le 26 janvier 1998 et s'est réuni le 5 février 1998 pour arrêter les modalités des études. Ces études ont été listées et seront conduites cette année par les instituts techniques (ACTA-CETIOM) et les scientifiques (INRA-CNEVA) compétents alors que les contrôles divers relèveront des services de l'Etat. En outre, pour relayer ces structures au plan départemental, des comités de terrain se réuniront à l'initiative des directeurs départementaux de l'agriculture et de la forêt des départements concernés en tant que de besoin. Le résultat de ces études est attendu pour le mois d'octobre 1998, je pourrai alors, en fonction des résultats obtenus, statuer sur le devenir de cette méthode de lutte qui se substitue, depuis son autorisation, à l'emploi d'insecticides tels le lindane ou les pyréthrinoïdes de synthèse.

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