Question de M. FOY Alfred (Nord - NI) publiée le 12/03/1998

M. Alfred Foy appelle l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé sur l'absence de décision quant au dépistage systématique du cancer colorectal. 21 500 cas annuels de cancers du côlon sont diagnostiqués, dont environ 15 000 entrainant le décès. Des études à l'étranger ont démontré que le dépistage systématique était de nature à diminuer la mortalité. La France, pourtant, ne se résout pas à la généralisation du dépistage, arguant de la difficulté à mettre en place une collaboration entre les praticiens généralistes et ceux de la médecine du travail ainsi qu'une politique d'information du public. Il lui demande s'il s'avère nécessaire, ainsi que le souhaite une partie du corps médical, de consacrer des moyens financiers à une nouvelle étude sur l'efficacité du dépistage et retarder d'autant l'évaluation chiffrée d'une politique de prévention.

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Réponse du ministère : Santé publiée le 03/02/2000

Réponse. - Le cancer colorectal constitue un véritable enjeu de santé publique. D'après les travaux des registres du cancer, on estime que 33 000 nouveaux cas surviennent chaque année en France et, malgré les progrès thérapeutiques importants réalisés ces dernières années, ce cancer est responsable de près de 15 000 décès par an. Le dépistage doit permettre de diminuer la mortalité de ce cancer. La secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale tient à souligner la vigilance qui doit être exercée sur la qualité des services offerts à la population concernée par ces programmes. Une conférence de consensus sur le dépistage du cancer colorectal a été organisée en 1998 par l'Agence nationale d'évaluation et d'accréditation en santé. Celle-ci n'a pas permis de trancher définitivement sur l'intérêt de généraliser en France un dépistage du cancer colorectal en proposant à l'ensemble de la population concernée un dépistage par la recherche de sang dans les selles. En effet, pour être efficace, ce dépistage doit être réalisé dans le cadre d'un programme où la qualité technique des examens est associée à une organisation rigoureuse, la participation de la population concernée doit être élevée et maintenue pendant toute la durée du programme ainsi que l'implication des médecins traitants. Par ailleurs, si le dépistage peut apporter des bénéfices pour certaines personnes, d'autres pourraient souffrir de ses effets néfastes. Quand l'examen est positif, il faut pratiquer une colonoscopie, examen non dénué de risques, même réalisé par d'excellents opérateurs. Ces résultats peuvent être également source d'anxiété importante pour les personnes considérées à tort comme positives. C'est pourquoi, avant d'envisager toute généralisation du dépistage et la prise en charge du coût des tests, il est indispensable de mettre en place un dispositif permettant l'implication des professionnels et la mobilisation de la population. Actuellement, trois départements mènent un programme expérimental de dépistage du cancer colorectal, en portant une attention particulière aux conditions permettant une participation de la population et des professionnels. Un groupe technique, directement rattaché au directeur général de la santé, a pour objectif un cahier des charges respectant ces critères de qualité. Au vu de ces résultats, le Gouvernement prendra les dispositions nécessaires pour étendre ce programme.

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