Question de M. DULAIT André (Deux-Sèvres - UC) publiée le 04/06/1998

M. André Dulait appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur une récente rencontre qu'il aurait eue avec ses homologues d'Albanie sur la situation inquiétante, notamment dans le Kosovo. Il demande si le Gouvernement envisage d'informer la représentation parlementaire du résultat de ces entretiens et quelles sont les mesures qu'il entend prendre pour faire cesser les violences contre les civils, favoriser l'expression démocratique et permettre un règlement pacifique du conflit.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 30/07/1998

Réponse. - Comme le souligne l'honorable parlementaire, je me suis effectivement rendu en Albanie le 15 mai dernier. Ce déplacement s'inscrivait dans le cadre du développement des relations bilatérales entre nos deux pays mais a également permis d'évoquer en détail la crise au Kosovo. Les échanges que j'ai eus avec les dirigeants albanais ont confirmé une grande unité de vues entre nos deux pays et ont permis de réaffirmer notre attachement commun à une solution politique et négociée du conflit du Kosovo dans le respect des frontières de la République fédérale de Yougoslavie. Cette visite a également été l'occasion de vérifier si la ligne adoptée par le groupe de contact et la nécessité de maintenir sa cohésion étaient bien comprises à Tirana. Tel semble bien être le cas. Les autorités albanaises ont, à cet égard, réaffirmé leur volonté d'agir dans le prolongement des efforts du groupe de contact. L'évolution de la situation au Kosovo est particulièrement préoccupante. En effet, les violents incidents qui ont marqué la région depuis le 28 février dernier ont déjà fait près de 300 victimes, parmi lesquelles on compte de nombreux civils. En outre, les combats ont conduit plus de 65 000 personnes à quitter leur foyer pour se rendre soit dans d'autres régions à l'intérieur du Kosovo, soit dans les pays voisins (12 000 réfugiés en Albanie, 10 000 au Monténégro). Aussi les Etats membres du groupe de contact de l'Union européenne ont-ils condamné avec la plus grande fermeté l'usage excessif de la violence par la police serbe, comme les attentats terroristes organisés par l'Armée de libération du Kosovo. Ils ont également exigé des autorités de Belgrade qu'elles autorisent et facilitent le retour de tous les réfugiés et déplacés. La Commission européenne a attribué un aide de 1,5 Mécus en faveur des populaires réfugiées dans le nord de l'Albanie. A titre national, la France a envoyé 21 tonnes d'aide humanitaire. La conviction selon laquelle un règlement global de la crise ex-yougoslave ne saurait ignorer la question du Kosovo, sauf à courir le risque d'un nouvel embrasement dans cette région, a également conduit la France et ses partenaires du groupe de contact à décider d'exercer de fortes pressions sur les parties pour que se noue enfin un véritable dialogue politique : celui-ci est indispensable à l'apaisement des tensions, mais doit aussi déboucher sur la définition d'un statut d'autonomie renforcée dans le cadre des frontières internationalement reconnues de la RFY et dans le respect des droits fondamentaux de tous les citoyens du Kosovo. Nous attendons désormais des parties qu'elles s'engagent de manière constructive en faveur d'un processus politique et pacifique de règlement de la question du Kosovo. C'est d'ailleurs à ce prix que la RFY pourra retrouver sa place au sein de la communauté des nations, comme au demeurant l'Union européenne et la France le souhaitent.

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