Question de M. HURIET Claude (Meurthe-et-Moselle - UC) publiée le 04/06/1998

M. Claude Huriet appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur l'importance stratégique du Tibet en Asie. En effet, la récente campagne d'essais nucléaires en Inde a de nouveau focalisé l'attention sur la donne géopolitique en cette partie du monde et réactivé les antagonismes, non seulement entre l'Inde et le Pakistan, mais aussi entre l'Inde et la Chine. Depuis son invasion du Tibet, la Chine possède une frontière commune avec l'Inde et a procédé dans ce pays à l'installation de sites nucléaires militaires. Elle dispose, en outre, sur place, d'une force armée conséquente. Dans son " Plan de paix en cinq points ", exposé en 1988 devant le Parlement européen, le dalaï-lama propose que le Tibet soit neutralisé et démilitarisé afin de constituer une " zone de paix " entre les deux plus grandes puissances démographiques du monde. Le Tibet pourrait ainsi contribuer à servir la cause de la paix entre ces deux puissances rivales qui disposent aujourd'hui semble-t-il, l'une et l'autre, de la force nucléaire. Alors que la situation des droits de l'homme se dégrade régulièrement au Tibet et que le désespoir des Tibétains, y compris en exil, va croissant, la communauté internationale continue d'ignorer cette situation, essentiellement pour des motifs commerciaux. La prise en compte de la dimension géostratégique du Tibet pourrait peut-être l'inciter à plus de considération. Le dalaï-lama devant être auditionné officiellement par la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, le 17 juin 1998, il lui demande à cette occasion son analyse de la situation et ce que le Gouvernement français compte faire pour contribuer politiquement et concrètement à établir une zone de paix et de droit au Tibet et en Asie.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 06/08/1998

Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu attirer l'attention du ministre sur la dimension géostratégique du Tibet. Comme l'honorable parlementaire le sait, la première préoccupation du Gouvernement français est la reprise du dialogue entre le Dalaï Lama et les autorités chinoises. Lors de sa récente visite en France, celui-ci a marqué publiquement son soutien à la démarche de la France et des pays européens visant à promouvoir un dialogue constructif avec la Chine sur cette question et à entreprendre des projets de coopération bénéficiant directement au peuple tibétain. Concernant la situation du Tibet au sein de la Chine, la France note que le Dalaï Lama a déclaré à plusieurs reprises que le Tibet faisait partie de la Chine et qu'il s'est prononcé en faveur non de l'indépendance, mais de l'autonomie au sein de la République populaire de Chine. De ce fait, la question de la présence militaire chinoise au Tibet ne pourra être évoquée qu'une fois que le dialogue entre le Dalaï Lama et les autorités chinoises aura repris. Le Premier ministre, qui doit effectuer une visite officielle en Chine en septembre, en manquera pas, à cette occasion, d'évoquer avec ses homologues chinois les préoccupations exprimées par la représentation parlementaire sur la situation au Tibet.

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