Question de Mme BORVO COHEN-SEAT Nicole (Paris - CRC) publiée le 25/06/1998

Mme Nicole Borvo attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur la construction du laboratoire de rayonnement synchrotron Soleil. Un des problèmes majeurs qui est posé à la recherche française est son vieillissement. Ce vieillissement concerne tout à la fois les moyens humains et les grands outils nécessaires à la recherche contemporaine. En effet, le rayonnement international de la recherche française est le fruit des investissements humains et matériels des années 60. Certains de ces instruments construits dans les années 1970-1980 sont aujourd'hui obsolètes et leur fermeture est programmée. Or, les grands instruments sont des moyens essentiels à la recherche moderne. Ils accueillent des milliers de chercheurs issus de coopération et de pluridisciplinarité, ils favorisent les transferts vers des recherches appliquées, finalisées et industrielles. Si la coopération européenne est importante en la matière, une compétence nationale doit être absolument préservée. C'est le cas notamment pour l'utilisation du rayonnement synchrotron : hier leader dans ce domaine, la France est aujourd'hui en retard. Sauf à prendre le risque d'une dispersion des acquis et d'un émiettement des potentiels de savoirs et de savoir-faire accumulés au cours des dernières décennies, la France doit, à l'image de ses principaux partenaires, s'engager dans la construction des outils nouveaux, dits de troisième génération. Le Conseil supérieur de la recherche et de la technologie (CSRT) considère que la décision de construction du laboratoire de rayonnement synchrotron Soleil doit être prise dans les plus brefs délais. En même temps, et en concertation avec les partenaires concernés, une telle décision devrait s'accompagner d'une réflexion sur d'autres investissements utiles à la recherche sur le moyen et le long terme. Cette exigence concerne particulièrement l'implantation des grands équipements scientifiques dans le cadre d'un développement harmonieux du territoire national. De ce point de vue, la recherche devenant un atout majeur de développement social et économique, il convient d'apporter des réponses rapides aux régions qui ont actuellement des projets dans ce domaine. Pour toutes ces raisons, elle lui demande ce qu'il compte entreprendre afin que la construction du laboratoire de rayonnement synchrotron Soleil soit entreprise dans les plus brefs délais.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 17/09/1998

Réponse. - La décision de construire une nouvelle machine de rayonnement synchroton, de troisième génération, n'est pas encore prise. Elle doit être, en effet, précédée d'une réflexion approfondie, car le coût global de réalisation aura inévitablement des conséquences sur le budget général de la recherche, pendant plusieurs années. Par ailleurs, on doit aussi s'inquiéter de la pertinence de l'objectif consistant à réaliser une machine purement nationale alors que les très grands équipements devraient avoir une dimension européenne, notamment pour des raisons de coûts partagés. D'un côté, l'Europe disposera à terme de sept machines, et on doit s'interroger sur la nécessité d'en construire une huitième, alors qu'un minimum de concertation pourrait peut-être permettre de satisfaire l'ensemble des besoins européens. A titre de comparaison, les Etats-Unis ne disposent que de deux machines et n'envisagent pas d'aller au-delà. Le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie a arrêté le projet Soleil, il y a quelques mois, parce que le dossier afférent ne donnait pas de réponse à ces questions. Il a donc demandé un complément d'analyse dont les conclusions doivent lui être fournies avant la fin du mois d'octobre. Une décision définitive sera prise alors.

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