Question de M. GAILLARD Yann (Aube - RPR) publiée le 09/07/1998

M. Yann Gaillard attire l'attention de M. le ministre délégué aux affaires européennes sur la décision européenne d'appeler le centième d'euro un " cent ". En effet, la décision d'appeler le centième d'euro un " cent ", dans les pays de l'Union européenne qui vont adopter cette monnaie, va créer d'une part des difficultés de compréhension chez les adultes francophones. En effet, quant on parlera de " treize cents ", par exemple, que devront-ils comprendre : 1 300 ou 0,13 euro ) ? D'autre part cette décision va accentuer fortement les difficultés d'apprentissage de la numération décimale chez les enfants francophones de l'Union européenne. Il existe une solution à ce problème qui est compatible avec le projet politique d'une monnaie unique. Il faut garder à l'esprit que c'est le mot " euro " qui, parce qu'il est commun, institue la monnaie unique dans les différentes langues. Quelle difficulté y aurait-il à ce que le centième d'euro ne se dise pas de la même manière dans toutes les langues ? Sur les pièces de 2 centièmes d'euro, par exemple, on pourrait écrire " 2 c ", ce qui fonctionnerait pour les Anglo-Saxons comme abréviation de " 2 cents ", pour les Espagnols de " 2 cientesimos ", pour les Italiens de " 2 centesimi " et pour les francophones de " 2 centimes ". Avec le choix retenu, seuls les enfants francophones vont se trouver handicapés dans leurs apprentissages numériques : le français sera la seule langue dans laquelle le même mot " cent " désigne à la fois la centaine et le centième d'euro. Pour les Irlandais, la centaine c'est " hundred ", pour les Allemands " hundert ", pour les Espagnols " ciento ", pour les Italiens " cento ", etc. On voit mal pourquoi et comment ces pays s'opposeraient à la solution d'une pluralité de dénomination du centième d'euro. C'est donc à cette solution, selon nous, qu'il faut prioritairement revenir en frappant des pièces où " cent " est remplacé par " c ". Ces pièces ne devant être introduites qu'en 2002, il est encore temps de réagir. Les conséquences du choix retenu sont telles que, même si leur fabrication a déjà partiellement commencé, le plus grand gâchis consisterait à la poursuivre. Aussi, il lui demande quelle décision il envisage de prendre concernant ce problème qui risque de remettre en cause la réussite de l'euro en France à très court terme.

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Réponse du ministère : Affaires européennes publiée le 27/08/1998

Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu attirer l'attention du ministre délégué, chargé des affaires européennes, sur l'appellation " cent " du centième d'euro. Comme le sait l'honorable parlementaire, les chefs d'Etat et de Gouvernement, réunis à Madrid en Conseil européen les 15 et 16 décembre 1995, ont décidé que le nom de la monnaie unique devait être le même dans toutes les langues officielles de l'Union européenne, en tenant seulement compte de l'existence des alphabets. Néanmoins, comme le suggère l'honorable parlementaire, il n'y a aucune difficulté à ce que le centième d'euro ne se dise pas de la même manière dans toutes les langues de l'Union européenne. Le Conseil européen a ainsi décidé que la définition du nom " cent " n'empêchait pas l'utilisation de variantes de cette appellation dans la vie courante dans les Etats membres. Ces principes figurent dans le règlement concernant l'introduction de l'euro adopté par le Conseil le 3 mai dernier. Dans son avis publié au Journal officiel du 2 décembre 1997, la commission générale de terminologie et de néologie indique que, conformément au règlement concernant l'introduction de l'euro, le mot " centime " qui existe déjà pourrait sans difficulté désigner la centième partie de l'euro et recommande même le terme " centime " comme désignation usuelle en français de la subdivision de l'euro. La Commission précise, en outre, qu'à titre subsidiaire et transitoire, l'utilisation du terme " eurocentime " permettrait, pendant la période durant laquelle le franc et l'euro coexisteront et dans les cas où le contexte ne suffirait pas à dissiper l'ambiguïté, d'éviter la confusion entre l'ancienne et la nouvelle monnaie.

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