Question de M. LEGENDRE Jacques (Nord - RPR) publiée le 20/08/1998

Ayant pris connaissance de la circulaire du directeur de la population et des migrations " relative au recrutement d'ingénieurs informaticiens étrangers ", M. Jacques Legendre demande à Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité s'il lui paraît normal de devoir faire massivement appel à de jeunes ingénieurs informaticiens étrangers alors que tant de jeunes diplômés français sont actuellement à la recherche d'un emploi stable et qualifié. Il s'étonne que les nombreux organismes de prévision dont dispose l'Etat n'aient pas été capables de signaler à temps la nécessité de disposer d'un nombre suffisant d'informaticiens spécialistes pour faire face à l'échéance parfaitement connue de l'an 2000. Il lui demande de bien vouloir préciser quelles mesures le Gouvernement compte prendre pour permettre au maximum d'étudiants français d'occuper les postes qui vont ainsi être créés.

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Réponse du ministère : Emploi publiée le 28/01/1999

Réponse. - Selon les enquêtes emploi de l'INSEE, l'évolution des effectifs totaux en informatique est la suivante :( NOTA Voir tableau page 290 ). Depuis 1995, le nombre d'offres d'emploi en informatique déposées à l'ANPE ne cesse d'augmenter : elles sont trois fois plus nombreuses en mars 1998 qu'en mars 1995. Dans le même temps, les demandes d'emploi enregistrées ont stagné jusqu'en mars 1997, puis, leur diminution a été forte (- 20 % environ pour les ingénieurs, et - 14 % pour les techniciens, en un an). La ratio offres d'emplois enregistrées sur demandes d'emplois enregistrées fournit un indicateur des tensions sur le marché du travail. Entre mars 1995 et mars 1996, les offres ont dépassé les demandes pour les ingénieurs informaticiens et l'écart s'est fortement accru cette dernière année. En mars 1998, pour un ingénieur en informatique s'étant inscrit à l'ANPE, environ trois offres d'emplois ont été déposées. Plus de la moitié des offres enregistrées à l'ANPE sont répertoriées en Ile-de-France et seulement un tiers des demandes. C'est la région où le manque d'informaticiens est le plus fort : une demande enregistrée pour environ quatre offres déposées à l'ANPE. D'autres régions sont confrontées au même problème, mais dans une moindre proportion (environ une demande pour plus de deux offres) : il s'agit des régions Pays de la Loire, Rhône-Alpes, Alsace, Lorraine et Centre. Les raisons de cette situation sont, selon le secrétariat d'Etat à l'industrie, à la fois : structurelles : le champ immense des possibilités ouvertes par l'Internet et le commerce électronique ; le développement impressionnant des progiciels dits de gestion intégrée (ERP en anglais) ; la libéralisation du secteur des télécommunications ; conjoncturelles : la forte reprise de l'investissement informatique concernant principalement des applications tournées vers le " client final " et la " productivité " ; les opportunités découlant du chantier " euro " ; l'adaptation des anciens programmes au passage à l'an 2000. La simultanéité de ces causes a entraîné une pénurie mondiale de ressources humaines ; s'il est difficile d'avancer un chiffre fiable et précis en la matière, le besoin en France est à coup sûr de plusieurs milliers, dépassant vraisemblablement les 10 000. Ce besoin en ingénieurs informaticiens a été abondamment mis en exergue par les différents médias et des entreprises ont saisi le ministère de l'emploi et de la solidarité des difficultés qu'elles rencontraient pour recruter des personnes qualifiées sur de tels postes. Face à cette pénurie de main d' uvre qualifiée, il existe un risque important de délocalisation pure et simple par envoi à l'étranger (Philippines, Inde, Asie du Sud-Est) de programmes à corriger sous forme de bandes magnétiques ou de disquettes, pratique n'apportant aucune valeur ajoutée dans notre pays. C'est dans ces conditions qu'il est apparu nécessaire de faciliter, avant tout, le recrutement par les entreprises des étudiants étrangers formés dans les écoles et universités françaises plutôt que de refuser leur demande de changement de statut et ainsi de les amener à offrir leurs services à l'étranger. Les directives données aux directions départementales du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle ont également pour but de permettre soit le détachement d'ingénieurs employés dans une société étrangère au sein de sa filiale ou de sa maison mère, soit le recrutement direct de personnels de ce niveau de qualification, lorsque les autres voies de recrutement n'ont pas permis de satisfaire le besoin ou lorsqu'il s'agit d'emplois spécifiques. Ainsi qu'il est précisé, dans cette circulaire du 16 juillet 1998, la délivrance des autorisations de travail à ces étrangers reste, cependant, subordonnée à la preuve, que doit apporter l'entreprise, de recrutements réguliers sur le marché national de l'emploi. Il s'agit là d'une disposition destinée à éviter que les sociétés n'embauchent que des étrangers au détriment des informaticiens français ou étrangers ayant de plein droit accès au marché du travail. Par ailleurs, pour faire face à ce besoin, des jeunes ayant achevé leurs études dans des filières scientifiques et n'ayant pas trouvé de travail ont été recrutés par des entreprises qui leur assuraient une formation par le biais de contrats de qualification ou de contrats d'adaptation. Enfin, une opération pilote dénommée FIDJIT (formation à l'informatique des jeunes ingénieurs et techniciens) destinée à couvrir une partie du déficit en proposant des emplois dans l'informatique à des universitaires, ingénieurs et techniciens issus de formations scientifiques et technologiques (chimie, physique, mécanique, biologie, mathématiques...), sans exclure les filières commerciales ou financières, vient d'être lancée à l'initiative des cinq principales organisations professionnelles de l'informatique. Elle vise à sélectionner, prérecruter et former 2 500 informaticiens. La secrétariat d'Etat à l'industrie apporte une participation de 1,8 MF au financement des coûts logistiques pour la prospection, la sélection, l'orientation et le suivi de 1 200 candidats jusqu'au 31 décembre 1999. En fonction des résultats, l'opération FIDJIT sera poursuivie, adaptée et déclinée tout au long de l'année 1999. C'est donc un ensemble de dispositions qui ont été prises par le gouvernement tant pour favoriser l'accès à l'emploi des Français et des étrangers titulaires d'un titre de séjour de plein droit que pour permettre aux entreprises de recruter les personnels qualifiés dont elles ont besoin.

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