Question de M. GRUILLOT Georges (Doubs - RPR) publiée le 22/10/1998

M. Georges Gruillot demande à M. le ministre des affaires étrangères de lui indiquer la nature des négociations diplomatiques engagées par la France auprès des pays asiatiques compte tenu des effets de la crise économique et financière qu'ils traversent. De la même façon, il le remercie de lui préciser les investissements industriels réalisés par la France dans ces différents pays et notamment en Chine, en Indonésie et en Corée du Sud.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 24/12/1998

Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu interroger le ministre des affaires étrangères sur l'action de la France en Asie, compte tenu de la crise économique et financière que traverse la région, ainsi que sur les investissements industriels réalisés par la france dans les pays asiatiques. La crise financière et économique qui s'est déclarée à l'été 1997 en Thaïlande avant de gagner plusieurs autres pays asiatiques ne pouvait pas laisser la France indifférente. Cette crise a en effet des conséquences directes sur l'économie française : notre pays réalise environ 10 % de son commerce extérieur avec cette région, ses banques y sont fortement engagées dans des prêts aux entreprises, les dévaluations des monnaies de la région ont modifié la compétitivité de produits dont certains sont en compétition avec la production française, la baisse soudaine de la demande asiatique a entraîné une baisse significative des cours mondiaux des produits de base. Mais la France se devait également de faire preuve de solidarité à l'égard des populations asiatiques touchées par une crise économique et sociale parfois très dure. La France a donc répondu de plusieurs manières au défi lancé par cette crise à la communauté financière internationale. Elle s'est activement engagée en faveur des plans de soutien financier élaborés sous l'égide du FMI pour la Thaïlande, l'Indonésie et la Corée. En dehors de son apport au financement du FMI, qui constitue 5,1 % des ressources de cette institution, elle a aussi participé directement à la " seconde ligne de défense " du plan pour la Corée, à hauteur de 1,25 milliard de dollars. En dépit des critiques sur les conséquences sociales de ces plans, la France considère que l'intervention de la communauté internationale, et notamment du FMI, a été utile. Elle a permis aux trois pays concernés de retrouver aujourd'hui le chemin de l'équilibre financier. Les banques françaises apportent également leur contribution à la stabilisation des systèmes économiques asiatiques, et ont joué un rôle essentiel dans le rééchelonnement des dettes des pays touchés. Dans le moyen terme, une fois la stabilisation financière assurée, la priorité doit être donnée aux restructurations économiques et au renforcement de la cohésion des pays de la région. A cet égard, l'Union européenne a proposé à ses partenaires, lors du sommet euro-asiatique de Londres, en avril 1998, la mise en place d'un fonds fiduciaire auprès de la Banque mondiale ayant pour objectif de financer des prestations d'expertise sur ces deux thèmes. La France a décidé de contribuer à titre bilatéral pour 50 MF à cette initiave originale d'assistance technique. La France a également accordé à la Corée une ligne de crédit de 200 millions de dollars pour l'achat de produits agricoles et agro-alimentaires français. Elle a enfin décidé une aide alimentaire à l'Indonésie d'un montant de 20 000 tonnes équivalent blé, qui sera mise en uvre par l'intermédiaire du programme alimentaire mondial des Nations unies. A plus long terme, il convient de s'interroger sur la capacité du système financier international à faire face, mais surtout à prévenir, ce type de crise. C'est ce que fait le Gouvernement, en particulier à travers les douze propositions qu'il a présentées à ses partenaires européens le 23 septembre et au comité intérimaire du FMI le 3 octobre 1998. Ces propositions sont destinées à la fois à renforcer la contribution européenne à la croissance mondiale et à bâtir les fondations d'un nouveau système monétaire et financier international, plus légitime et plus efficace. S'agissant des investissements directs français dans les pays émergents d'Asie, leur montant total (en stock) est d'environ 26 milliards de francs (chiffres de la Banque de France, au 31 décembre 1996), dont 16 milliards de francs environ d'investissements en capitaux propres (2,1 milliards en Chine, 1,7 milliard en Corée du Sud et 0,9 milliard en Indonésie). Le tableau ci-dessous présente la situation de ces investissements dans certains pays d'Asie. Les grandes entreprises françaises explorent aujourd'hui activement les opportunités d'investissement qui apparaissent dans la région. C'est ainsi qu'à l'initiative du Président de la République, et en réponse à la demande du président coréen Kim Dae-Jung, une mission d'investisseurs français s'est rendue à Séoul au mois de juin 1998. En outre, plusieurs dirigeants de grandes entreprises françaises, parmi lesquelles Renault, Michelin et Vivendi, se sont tour à tour rendus en Thaïlande au mois d'octobre, afin d'étudier sur place les perspectives d'expansion de leurs groupes dans ce pays et dans la région. Investissements directs français dans certains pays d'Asie au 31 décembre 1996. Montants en millions de francs, part en pourcentage. Source : Banque de France (mise à jour du 16 mars 1998). ( NOTA Voir tableau page 4094 ).

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