Question de M. DULAIT André (Deux-Sèvres - UC) publiée le 03/12/1998

M. André Dulait appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la nouvelle flambée de violence qui s'est produite récemment en Indonésie et qui fait suite à une grave crise économique menaçant d'affaiblir durablement ce pays. Cette situation, si elle devait se confirmer, pourrait constituer un facteur négatif pour la stabilité de la région et peser sur les relations que la France entretient avec l'Indonésie. Il souhaiterait connaître qu'elle va être, à l'avenir, la politique de la France à l'égard de l'Indonésie susceptible de prendre en compte la nécessité de défendre et de renforcer les droits démocratiques de la population et le respect des minorités tout en accordant une attention particulière aux conséquences de cette crise sur les ressortissants français et le devenir de nos entreprises dans ce pays.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 04/03/1999

Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu appeler l'attention du ministre des affaires étrangères sur les violences qui ont eu lieu récemment en Indonésie, dans le contexte de la grave crise économique et financière qui frappe ce pays depuis près de deux ans. Bénéficiant d'un environnement régional favorable et d'un important potentiel économique, l'Indonésie avait connu ces dernières années un développement rapide. Cette situation avait, dans une large mesure, occulté les problèmes structurels du pays. C'est pourquoi l'Indonésie a été l'un des premiers pays asiatiques touché par la crise économique et financière et aussi l'un de ceux qui a été les plus durement affectés. Intervenant au moment où le pouvoir du président Soeharto, en place depuis plus de trente ans, était de plus en plus contesté, cette crise a également eu de profondes répercussions politiques, qui ont amené la démission du chef de l'Etat et conduit le pays au bord de troubles sociaux graves. Ancien vice-président de Soeharto, le docteur Habibie a accédé à la présidence et s'est engagé à mettre en uvre les réformes nécessaires pour organiser rapidement des élections libres et démocratiques. Celles-ci devraient se tenir le 7 juin prochain et être suivies, d'ici la fin de l'année, de l'élection d'un nouveau président et d'un vice-président. D'ores et déjà, un certain nombre de mesures positives ont été prises en faveur du rétablissement de l'Etat de droit (libération de prisonniers politiques, liberté de la presse, sanctions contre certains éléments de l'armée impliqués dans les troubles de mai dernier). Cependant, le climat politique demeure fragile et perturbé. Parallèlement, la situation financière s'étant quelque peu améliorée, l'ajustement économique a des incidences importantes sur la population, dont le niveau de vie a dramatiquement baissé. Ces facteurs, dans un contexte où les institutions de l'Etat sont contestées - et notamment l'armée - sont de nature à favoriser l'apparition de nombreux troubles, tant à Jarkata qu'en province. Avec ses 200 millions d'habitants et ses importantes potentialités, l'Indonésie a joué depuis trente ans un rôle clé dans la région et la crise indonésienne, si elle s'aggravait, aurait de graves conséquences sur la prospérité et la stabilité de la zone. C'est pourquoi la communauté internationale s'est mobilisée pour aider l'Indonésie et sa population. La France, avec ses partenaires européens, a salué les décisions du président Habibie, visant à la mise en uvre de réformes, sur le plan politique aussi bien qu'économique. Lors du Conseil européen de Cardiff, le 16 juin dernier, la France et ses partenaires européens ont exprimé leur souhait que le processus engagé par le président Habibie se poursuive, en particulier avec la mise en uvre des réformes politiques annoncées. L'Union européenne apporte également son soutien à la relance économique, au travers des institutions financières internationales (le programme du FMI prévoit plus de 40 milliards de dollars d'aide) et étudie actuellement la réforme la plus appropriée d'assistance électorale qu'elle pourrait fournir à Jarkata dans la perspective du scrutin de juin prochain. Sur le plan bilatéral, la France, confiante dans les capacités de l'Indonésie à retrouver la voie du développement économique, encourage ses entreprises à demeurer sur place et à favoriser les projets à long terme. Elle étudie également les moyens pour mener à bien les projets en cours de réalisation dans la cadre de la Banque mondiale. Au niveau politique, nous saisissons toutes les occasions pour encourager les autorités indonésiennes à avancer le plus rapidement possible sur la voie des réformes afin de répondre aux demandes de la population et d'éviter de nouvelles épreuves. A cet égard, nous insistons particulièrement sur l'importance de la poursuite des négociations tripartites avec le secrétaire général des Nations unies afin de parvenir à un règlement juste, global et internationalement acceptable de la question timoraise.

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