Question de M. CAZEAU Bernard (Dordogne - SOC) publiée le 24/12/1998

M. Bernard Cazeau souhaite attirer l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale sur la question du vieillissement cérébral, et plus particulièrement sur la multiplication par deux du risque de maladie d'Alzheimer lorsque le taux d'aluminium dans l'eau d'adduction est supérieur à 100 microgrammes. En effet, selon une étude menée depuis plusieurs années sur plusieurs milliers de personnes, il a pu être constaté que le risque de maladie d'Alzheimer semble être multiplié par deux chez des personnes consommant de l'eau du robinet avec plus de 100 microgrammes d'aluminium par litre. Cependant, il est tout à fait prématuré d'établir un lien causal sur les bases de cette étude unique. A cet égard, il souhaiterait savoir s'il peut donner des éléments qui vérifient cette suspicion et quelles mesures il envisage de mettre en oeuvre afin de confirmer ou d'infirmer la relation entre la présence d'un taux d'aluminium supérieur à 100 microgrammes et l'augmentation du taux de risque de la maladie d'Alzheimer.

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Réponse du ministère : Santé publiée le 18/03/1999

Réponse. - L'aluminium est un constituant naturel important de la croûte terrestre. Plusieurs études épidémiologiques ont porté sur le lien éventuel entre la présence d'aluminium dans l'eau de boisson et la maladie d'Alzheimer, leurs résultats sont contradictoires. Dans une étude récente, une équipe de l'INSERM a précisé dans un premier rapport d'enquête que les résultats obtenus montraient un lien significatif de faible intensité et encore difficilement interprétable, entre la concentration d'aluminimum dans l'eau du robinet et les performances intellectuelles du sujet âgé, mais que ce n'est qu'au vu des résultats attendus d'une prochaine étude menée sur une plus grande population, que les chercheurs pourront établir l'éventuelle corrélation entre les concentrations en aluminimum dans l'eau de distribution et la maladie d'Alzheimer. L'aluminium présent dans les eaux destinées à l'alimentation provient des composés utilisés comme coagulants lors du traitement de l'eau. Plusieurs voies d'exposition contribuent à l'apport total en aluminium chez l'homme, mais la part attribuable à l'eau constitue probablement moins de 5 %. Ceci explique que de nombreux facteurs doivent être pris en compte et que le poids spécifique de l'exposition à l'aluminium d'origine hydrique dans le déclenchement et le développement de la maladie n'est pas connu. Par ailleurs, l'Organisation mondiale de la santé, dans un document datant de 1998 et relatif à la qualité de l'eau de boisson, mentionne que les données épidémiologiques et physiologiques disponibles à l'heure actuelle ne permettent pas d'attribuer un rôle étiologique à l'aluminium dans la maladie d'Alzheimer. L'Organisation mondiale de la santé indique en ce qui concerne l'aluminium que : " étant donné l'utilité limiée des données provenant de modèles animaux et l'incertitude entourant les données recueillies chez l'homme, il n'est pas possible actuellement d'établir une valeur guide pour l'aluminium fondée sur des critères de santé ". Elle maintient la valeur guide de 200 $GMg/l d'aluminium dans l'eau et souligne également qu'une optimisation du traitement de l'eau permet de réduire de façon substantielle la concentration d'aluminium dans l'eau, comme le démontrent certaines grandes installations de traitement qui peuvent obtenir des concentrations de l'ordre de 100 $GMg/l. La nouvelle directive européenne relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine classe l'aluminium dans les paramètres témoins du bon fonctionnement de l'installation de traitement et non dans les paramètres de santé et maintient une valeur de 200 $GMg/l.

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