Question de M. HUSSON Roger (Moselle - RPR) publiée le 06/05/1999

M. Roger Husson appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la menace stratégique que constitue pour la Corée du Sud et pour les pays voisins le développement de l'arsenal militaire nord-coréen, notamment dans le domaine des missiles de moyennes et longues portées. En effet, selon le Gouvernement séoulien, la Corée du Nord disposerait de huit usines capables de fabriquer plus de cent missiles de SCUD par an. Ces missiles d'une portée de trois cents à cinq cents kilomètres, dont certains ont pour cible les régions centrales de Corée du Sud et le Japon, ont été déployés sur tout le territoire nord-coréen. Dix sites de lancement ont été localisés mais la Corée du Nord disposerait également d'un nombre indéterminé de rampes de lancement mobiles. Sachant que la production et le stockage de ce type de missile permettent au Gouvernement nord-coréen d'exercer une menace stratégique sur ses voisins, il lui demande, d'une part, de lui faire part des informations dont il dispose sur l'ampleur de ce programme d'armement et, d'autre part, de lui indiquer les mesures qu'il compte prendre, avec la communauté internationale, pour amener la Corée du Nord à participer au régime de contrôle de la technologie des missiles (MTCR) et à mettre fin à sa production de missiles.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 17/06/1999

Réponse. - L'honorable parlementaire a bien voulu interroger le ministre des affaires étrangères sur l'ampleur du programme d'armement nord-coréen dans le domaine des missiles. Il est exact que la Corée du Nord s'est dotée, depuis les années 1980, de capacités de production de missiles balistiques sol-sol. C'est en particulier dans ce pays qu'a été mise au point la version améliorée du missile SCUD à propulsion liquide, dont la portée dépasse les cinq cents kilomètres. Cette capacité balistique pose naturellement un problème de sécurité régionale. Mais elle constitue aussi une source de préoccupation majeure du point de vue de la prolifération des missiles dans le monde, car tous les observateurs s'accordent à voir dans la Corée du Nord l'un des principaux exportateurs de missiles capables d'emporter des charges nucléaires, chimiques ou biologiques, et de technologies entrant dans la fabrication de tels missiles. On doit à cet égard déplorer que le Gouvernement de Pyongyang se refuse à tout engagement visant à limiter la dissémination de ces vecteurs d'armes de destruction massive. Cette question demeure l'une des principales préoccupations des pays membres du régime de contrôle de la technologie des missiles (MTCR), au premier rang desquels figure la France qui fut l'un des fondateurs de ce régime en 1987. A l'issue de la dernière réunion plénière du MTCR, le 9 octobre 1998 à Budapest, le président de ce régime a fait une déclaration portant spécifiquement sur les activités nord-coréennes liées à la fabrication et à l'exportation des missiles. Il y était rappelé que les pays membres, après avoir débattu du risque de prolifération posé par ces activités, avaient souligné la nécessité pour la Corée du Nord d'exercer une retenue maximale dans ce domaine. Pour leur part, les pays membres du MTCR soumettent à une attention particulière toutes leurs exportations de biens et de technologies sensibles afin de n'apporter aucun soutien, direct ou indirect, au développement des missiles nord-coréens.

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