Question de M. HAUT Claude (Vaucluse - SOC) publiée le 04/11/1999

M. Claude Haut attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur la nécessaire revalorisation des filières techniques. Notre pays connaît une période très favorable en matière de création d'emploi, cette situation devrait encore s'améliorer en raison d'une croissance soutenue, de la réduction du temps de travail, les mesures d'incitation fiscales en faveur du bâtiment. Mais aussi, en raison d'un élément démographique. Le secteur du bâtiment et de l'artisanat éprouvent d'ores et déjà de grandes difficultés à recruter. En conséquence, est-ce que des mesures de revalorisation de l'ensemble des filières techniques sont envisagées ?

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 20/01/2000

Réponse. - La charte pour l'enseignement professionnel intégré qui a été présentée à la presse le 24 juin dernier, constitue le cadre de la rénovation de l'enseignement professionnel et de la revalorisation de ses filières. Elle est centrée autour de deux orientations fortes : la définition de l'enseignement professionnel intégré et la nouvelle architecture des diplômes professionnels. I. - L'enseignement professionnel intégré. L'enseignement professionnel intégré est une démarche profondément renouvelée qui vise notamment à sortir de la logique traditionnelle de juxtaposition entre formation générale et formation professionnelle, mais aussi entre formation professionnelle dans l'établissement et périodes en entreprise, pour construire un véritable projet pédagogique global centré sur l'élève grâce à une triple intégration: 1. Une intégration forte du lycée professionnel, lycée à part entière, à l'éducation nationale. 2. Une intégration de la formation générale et de la formation professionnelle : cette intégration permet aux élèves de recevoir une formation professionnelle tout en accédant à la culture que doit recevoir tout lycéen (éducation civique, artistique, philosophique). 3. Une intégration des périodes en entreprise à la formation professionnelle : toute la formation est donnée au lycée et en entreprise. Sa cohérence pédagogique est construite ensemble par les enseignants et les professionnels. Cette phase en entreprise est préparée au lycée, suivie dans l'entreprise et exploitée au retour des élèves au lycée. La formation en entreprise de l'élève fait désormais l'objet d'un véritable contrat pédagogique qui lie l'établissement de formation, l'entreprise et l'élève. Chaque période en entreprise donne lieu à un suivi systèmatique par l'équipe enseignante et elle est validée en vue du diplôme, à l'examen par un jury mixte enseignant/professionnel. Bien entendu, les enseignatns et les futurs enseignants des disciplines générales comme des disciplines professionnelles seront formés à la pratique de cette pédagogie. II. - Les diplômes professionnels. Un rééxamen continu de la structure des 350 diplômes professionnels est indispensable d'une part pour vérifier la pertinence des contenus de formation par rapport aux besoins des professions et, d'autre part, pour une meilleure prise en compte de la diversité des candidats, en particulier pour permettre la validation diplômante des acquis professionnels des adultes à grande échelle. C'est notamment dans ce cadre que doivent être clarifiés les rôles respectifs du CAP et du BEP dont l'imbrication nuit à leur lisibilité. La situation de l'emploi, les modes de recrutement ainsi que les classifications à un niveau donné doivent dicter le choix de la dénomination la mieux adaptée du diplôme. Dans les secteurs où le CAP est demandé par les entreprises qui recrutent, c'est vers ce diplôme que pourront s'orienter en priorité les jeunes qui souhaitent s'insérer rapidement à ce niveau de qualification. S'il n'y a pas d'emploi à ce niveau, les jeunes devraient pouvoir commencer leurs études en vue d'un baccalauréat professionnel en préparant d'abord un BEP. Par ailleurs, la transformation de l'architecture de certification pour les adultes est indispensable pour permettre à tous ceux qui quittent le système éducatif de pouvoir venir aisément acquérir un diplôme de niveau plus élevé sans être obligé de reprendre la totalité des études. A cet effet, un mode d'acquisition des diplômes par validation diplômante des acquis professionnels sera construit à partir de modules représentatifs d'un bloc d'activités professionnelles. Parmi les autres grandes orientations de la charte, il convient de retenir : le partenariat avec les professions : c'est lui qui donne leur identité aux lycées professionnels autour de spécialités identifiées. Ces partenariats seront facilités par des coordonnateurs qui seront mis en place au niveau des académies et des établissements et qui auront pour mission de faire le lien avec les milieux économiques. Les plates-formes techniques des établissements pourront faire l'objet avec les PME/PMI de coopérations technologiques. La loi sur l'innovation technologique du 12 juillet 1999 leur a donné un cadre de mise en uvre. La réalisation par les élèves de projets pluridisciplinaires à caractère professionnel : l'objectif recherché vise à développer l'esprit d'initiative, la créativité, la capacité à repérer et à rectifier des erreurs à travers des réalisations concrètes. Ces projets doivent être aussi l'occasion privilégiée de repérer la nature des difficultés scolaires des élèves et de leur proposer une aide personnalisée. L'évolution du métier d'enseignant de lycée professionnel : il s'agit notamment de dépasser la distinction qui n'a plus de sens entre enseignement théorique et enseignement pratique et de rechercher un meilleur équilibre des activités des enseignants. Le statut des élèves de lycée professionnel, qui sont souvent de jeunes adultes, doit lui-même faire l'objet d'une réflexion pour tenir compte du coût particulier lié aux spécificités de cet enseignement. Tels sont les axes principaux du développement de la voie professionnelle qui seront progressivement mis en application au cours des trois prochaines années.

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