Question de M. COLLIN Yvon (Tarn-et-Garonne - RDSE) publiée le 09/12/1999

M. Yvon Collin attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la défense, chargé des anciens combattants sur le retard accumulé dans le programme pluriannuel de réparation et de reconstruction des sépultures de guerre. Les mesures prises en faveur du devoir de mémoire s'inscrivent en effet dans un vaste projet visant à pérenniser le parcours de citoyenneté auprès des jeunes générations. L'affectation de crédits importants destinés à la rénovation de sépultures de guerre (en augmentation de 20 %) accompagne la répartition équitable de l'effort financier. La poursuite, en parallèle, de grands projets sectoriels (territoire de la Grande Guerre à l'Est, des maquis, du débarquement) et de hauts lieux de mémoire (mémorial de l'annexion et mémorial consacré au système concentrationnaire), utiles à la pérennisation du souvenir des sacrifices de nos aînés, doit s'inscrire dans une volonté forte d'harmonisation des crédits d'investissements sur l'ensemble des projets. En conséquence de quoi, il lui demande des précisions sur l'avenir de mise en valeur territoriale de la mémoire des guerres et des conflits contemporains, ardemment souhaitée par les anciens combattants et les nouvelles générations du feu.

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Réponse du ministère : Anciens combattants publiée le 28/12/2000

Réponse. - Le secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens combattants s'est engagé à susciter une réflexion autour du concept de mémoire pour redonner à l'Etat sa place de coordonnateur en ce domaine. Les territoires de mémoire des guerres mondiales sont, en France, le résultat de trois strates de sites : les sites d'origine qui portent les traces de la guerre (champ de bataille, la plage de débarquement, le fort, la citadelle...) ; les matérialisations du souvenir créées par les hommes au lendemain des conflits (les cimetières, les monuments, les stèles...) ; enfin, les matérialisations à vocation pédagogique créées depuis les années 1970 (les musées, l'historial et le mémorial). Chacune de ces strates est portée par des acteurs collectifs de la mémoire (associations d'anciens combattants, associations de mise en valeur d'un site, équipe de gestion d'un musée...). L'éloignement des faits historiques sauvegardés, l'accroissement du rôle des collectivités territoriales et l'entrée de la mémoire dans l'économie marchande (le budget de création d'un mémorial-historial est entre 50 et 100 fois supérieur à celui nécessaire pour l'érection d'un monument) ont accru le besoin de coordination. Ces territoires sont en effet aujourd'hui, plus qu'hier, des lieux de développement d'un tourisme à vocation pédagogique. Afin de conduire la réflexion sur ce concept de mémoire, quatre missions ont été mises en place et confiées : à la fin de l'année 1997 au général Roudier, consultant pour les affaires européennes sur le concept de territoire de mémoire européen ; en octobre 1998, à M. Alain Montferrand, chargé de mission au ministère du tourisme, sur le concept de mise en valeur du patrimoine militaire ; en janvier 1998, aux inspections des anciens combattants, des musées de France et au contrôle général des armées, sur la gestion des mémoriaux de guerre ; en octobre 1998, au préfet Mingasson, sur le territoire de mémoire de Verdun. Elles ont permis de décider la création de territoires de mémoire, en France, dont les contours sont en cours de définition. Ils seront au nombre de 7, se superposant à la fois aux 7 directions interdépartementales " mères " et aux 7 régions militaires, ce qui permettra de leur confier de nouvelles missions en relation avec les services du département ministériel. Leurs sièges seront implantés à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Mets, Paris et Rennes. Trois chargés de mission ont été nommés auprès de la DMPA pour les territoires de mémoire du Nord (Lille), de l'Est (Metz) et de l'Ouest (Rennes). La mise en uvre du territoire de mémoire " les champs de bataille de l'Est de la France " a été commencée. Les territoires seront gérés par une structure qui permettra de réunir l'ensemble des intervenants sur un territoire (Etat, collectivités territoriales, associations). Chaque structure aura pour objectif de recenser les besoins afin de créer une synergie entre les différentes parties prenantes, de gérer collectivement certains dossiers (la création d'une signalisation routière sur le site du territoire de mémoire, l'entretien des lieux in situ (les forts, les champs de bataille), la gestion des dépliants touristiques, l'ouverture des sites aux scolaires...) et de définir le type d'organisation qui sera le mieux adapté à la réalisation de ce réseau de mémoire.

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