Question de Mme BEAUDEAU Marie-Claude (Val-d'Oise - CRC) publiée le 30/12/1999

Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de Mme le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale sur la place de notre système sanitaire général dans l'évaluation des personnes en difficulté avec l'alcool et son efficacité de soin. Elle lui fait remarquer que la prise en charge des alcooliques et la lutte contre l'alcoolisme sont essentiellement déléguées à des structures associatives, notamment des centres de cure ambulatoire en alcoologie, ne disposant que de peu de moyens. Malgré la reconnaissance des CHAA (centre d'hygiène alimentaire et d'alcoologie) en tant que structures médico-sociales intégrées, notre système général de soins apparaît trop comme se désintéressant du soin alcoolique, notamment dans la période avant l'installation de la dépendance qui s'étale sur une quinzaine d'années. Elle lui fait remarquer que les personnes en difficulté avec l'alcool représentent 20 % des personnes hospitalisées ou consultantes, dont 7 % ont des pathologies directement liées à l'alcool et 13 % ont l'alcool comme facteur de risque des pathologies présentées. Elle lui fait également observer que la moitié des personnes en difficulté avec l'alcool ne sont diagnostiquées ni à l'hôpital, ni en pratique libérale, que les sevrages ne donnent pas lieu à une prise en charge alcoolique spécifique et à un suivi de longue durée, que les unités de soins spécifiques en alcoolémie sont en nombre infime, que le PMSI (programme médicalisé des systèmes d'information) ne permet pas de prendre en compte les soins alcooliques, que le système d'information inadapté, insuffisant ne permet pas de considérer l'alcoolisme comme une maladie grave. Elle lui demande de lui faire connaître les mesures qu'elle envisage pour corriger une telle situation et considérer l'abus d'alcool comme un véritable problème de santé publique.

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Réponse du ministère : Santé publiée le 29/11/2001

Plusieurs études ont été faites en France et dans le monde sur les effets de la consommation d'alcool sur la santé. Une expertise collective a été récemment confiée à l'INSERM dans le but de faire le point sur les résultats de ces travaux. Les études montrent une diminution de la mortalité cardio-vasculaire globale et de la mortalité coronaire pour une consommation faible ou modérée. Cette diminution varie selon les études et il n'y a pas de " dose seuil " identifiable. La mortalité remonte rapidement à partir de 20 grammes par jour, de même, le risque d'accident vasculaire cérébral qui augmente de façon globale. C'est l'éthanol lui-même qui semble en être responsable et non pas une boisson alcoolique particulière. En particulier, il n'y a pas de démonstration épidémiologique de l'effet spécifique du vin. La plupart des travaux qui établissent l'exception française en matière de " protection " cardio-vasculaire liée à la consommation de vin sont des études ne portant pas sur la population générale. Utiles pour confirmer certaines hypothèses, ces études nécessitent une méthodologie rigoureuse et des données agrégées comparables et standardisées pour limiter le biais inhérent à ce type d'approche. Le projet MONICA (Multinational mONItoring of trends and determinants of CArdiovascular diseases) développé sous l'égide de l'OMS fournit des données présentant ces qualités. Lorsque l'on classe les taux de mortalité cardio-vasculaires des populations de 21 pays participant à l'étude, on constate que la France occupe la place attendu du fait de sa position géographique. On constate également une hétérogénéité importante dans les modes de classification des données de mortalité des pays amenant à une sous-estimation du nombre de décès par infarctus du myocardre. En conclusion, il existe un important gradient nord-sud décroissant des maladies cardio-vasculaires, les Finlandais présentant 5 à 6 fois plus de risque d'infarctus du myocarde que les Espagnols. Plusieurs déterminants du risque cardio-vasculaire peuvent expliquer ces différences : les niveaux des températures atmosphériques moyennes, la consommation de fruits et légumes, d'huile d'origine végétale, la fréquence de certains polymorphismes génétiques. Les conclusions de l'expertise collective confiée à l'INSERM confirment ces résultats et relient les effets protecteurs rapportés chez les consommateurs de vin plutôt à leur style de vie ou à leur régime alimentaire.

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