Question de M. JOYANDET Alain (Haute-Saône - RPR) publiée le 09/03/2000

M. Alain Joyandet appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur les conséquences de la réforme des lycées programmée sur l'enseignement des langues anciennes. En effet, de nombreux articles parus récemment dans la presse se sont fait l'écho des conséquences que celle-ci engendrerait pour les langues anciennes, pénalisant une discipline déjà assez marginale qui est soumise à des exigences lourdes de présence minimum d'élèves pour pouvoir exister. Dans de nombreuses académies, le maintien ou l'implantation de l'option de langues anciennes en lycée ont souvent été subordonnés à un seuil minimum de 15 élèves sans tenir compte des déclarations du ministre qui souhaitait que le seuil minimum retenu soit de 5 élèves. Ce qui a naturellement conduit à une diminution des effectifs alors même que ces matières recueillaient un large succès dans leur enseignement en collège, et ce en raison de statistiques erronées, ne tenant pas compte de cette bonne santé de l'enseignement des langues anciennes dans les collèges, de la forte implantation du latin en 5e ainsi que des mesures frappant certains bassins de recrutement. De tels résultats ont conduit à méconnaître gravement les engagements du ministre en la matière ainsi que l'accord du 2 juillet 1999 signé à Sienne avec le ministre de l'éducation nationale italien, pour promouvoir les humanités classiques. Coup fatal à l'enseignement des lettres anciennes : le Bulletin officiel du 9 septembre 1999, portant organisation du brevet des collèges, a supprimé l'évaluation de l'option de langues anciennes dans le cadre du contrôle continu et ce sans information préalable aux disciplines intéressées... Cette absence de concertation et ces mesures unilatéralement prises semblent surprenantes au regard des annonces faites par le ministre qui, à de nombreuses reprises, a souligné son attachement à cet enseignement qui fait partie intégrante de notre culture et ne doit pas être sacrifié sur l'autel de la rentabilité et de la technicité. C'est pourquoi, il lui demande de bien vouloir lui préciser les conditions dans lesquelles ces décisions ont été prises et les dispositions qu'il entend prendre pour permettre aux élèves de bénéficier la qualité de l'enseignement et du choix des disciplines auquel notre pays est tant attaché.

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Réponse du ministère : Éducation publiée le 21/09/2000

Réponse. - Le ministre de l'éducation nationale est particulièrement conscient de l'importance de l'enseignement des langues anciennes pour la formation culturelle des élèves de collèges et de lycées. Il n'est donc pas dans ses intentions de limiter en quoi que ce soit la place de ces disciplines dans l'enseignement secondaire. Au collège, l'enseignement de la langue latine a été renforcé puisque, depuis la rentrée 1996, il est dispensé à raison de deux heures hebdomadaires en cinquième et de trois heures hebdomadaires en quatrième et en troisième. L'enseignement du grec est dispensé depuis la rentrée 1998 à raison de trois heures hebdomadaires en classe de troisième et peut être choisi par des élèves étudiant le latin. Ces deux langues ne sont donc plus en concurrence au niveau de la classe de quatrième comme c'était le cas antérieurement. En lycée, le latin et le grec peuvent être commencés en classe de seconde. Ils peuvent être choisis soit au titre des enseignements de détermination, soit au titre des options facultatives. La série littéraire L constitue l'espace privilégié de développement des langues anciennes : le latin et le grec peuvent être choisis simultanément dans les enseignements obligatoires par les élèves qui souhaitent se doter d'un profil " lettres classiques ", profil sanctionné par de forts coefficients au baccalauréat. Dans toutes les autres séries générales, le latin et le grec peuvent être suivis au titre des options facultatives. L'augmentation du nombre d'options pouvant être choisies par les élèves (deux au maximum contre une précédemment) devrait contribuer au développement de l'étude de ces langues. Il n'existe pas de seuil national d'ouverture d'option de langue ancienne. Il appartient aux autorités académiques et aux chefs d'établissement de déterminer un seuil d'ouverture en fonction de la demande d'enseignement émanant des élèves ou de leurs parents, des impératifs de la carte scolaire et des moyens dont ils disposent. S'agissant de la prise en compte des langues anciennes au diplôme national du brevet, un projet d'arrêté, modifiant l'arrêté du 18 août 1999 relatif aux modalités d'attribution de ce diplôme, a été examiné le 29 mai 2000 par la commission spécialisée des collèges et a été soumis le 30 juin 2000 au conseil supérieur de l'éducation. Un arrêté permetttant de prendre en compte pour l'attribution du diplôme à la session 2001 les points supérieurs à la moyenne dans l'un des enseignements optionnels facultatifs de latin, grec ou langue régionale pour les élèves de troisième à option LV 2 et de deuxième langue vivante pour les élèves de troisième à option technologie sera prochainement publié.

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