Question de M. PELCHAT Michel (Essonne - RI) publiée le 07/04/2000

Question posée en séance publique le 06/04/2000

M. le président. La parole est à M. Pelchat.
M. Michel Pelchat. Mesdames, messieurs les ministres, ma question s'adresse à plusieurs d'entre vous.
La fédération française de cyclisme compte aujourd'hui plus de 100 000 licenciés, dont 53 % de jeunes de moins de
dix-sept ans. S'y ajoutent, bien entendu, les centaines de milliers de cyclotouristes qui, chaque semaine, fréquentent
les routes de France.
La pratique du vélo, l'année dernière, a occasionné la mort de plus de 300 personnes, et 5 000 autres ont été gravement
blessées.
Pour tous les cyclistes, quelle que soit leur catégorie, cette situation est effrayante. Il ne peuvent la tolérer. Il est vrai
qu'il est difficilement tolérable de voir nombre d'entre eux tomber chaque semaine sur les routes comme des quilles au
bowling !
Doit-on attendre que tous les cyclistes soient éliminés ou découragés pour réagir ?
Alors que, pour l'ONU, l'an 2000 est l'année de la sécurité routière, que votre gouvernement a d'ailleurs déclarée «
grande cause nationale », que comptez-vous faire pour renforcer la sécurité de tous les cyclistes ?
Les spots des campagnes de sécurité routière restent bien silencieux sur les mesures minimales que les usagers
devraient prendre pour ne pas faire du cyclisme une activité à très haut risque.
Je ne conteste pas, bien évidemment, le bien-fondé et l'efficacité de ces campagnes. Simplement, je suis très étonné
qu'elles ne mettent en lumière que les dangers de l'alcool et de la vitesse. Pas un mot sur la conduite que doit tenir un
automobiliste par rapport aux cyclistes ! Pourtant, ces deux populations se doivent de partager la route en bonne
intelligence.
Je vous demande, mesdames, messieurs les ministres, de faire appel au civisme de nos concitoyens, voire de les y
contraindre, en mettant en place des mesures concrètes afin que chaque usager de la route soit respecté.
Dans quelle mesure, par exemple, comptez-vous développer, monsieur le ministre de l'équipement, les pistes cyclables
sécurisées par une bande en béton, remparts efficaces contre le non-respect de la distance de dépassement ?
Quelles sont, monsieur le ministre de l'intérieur, les dispositions concrètes que vous mettez en place pour renforcer les
obligations des automobilistes envers la population cycliste ? Ne peut-on envisager une interdiction totale de doubler les
cyclistes sur les parties rétrécies des chaussées ou au niveau des ronds-points lorsqu'il n'y a qu'une voie de circulation
?
Comment pensez-vous, madame la ministre de la jeunesse et des sports, protéger les séances d'entraînement des
membres de clubs cyclistes ? Ne serait-il pas possible de les autoriser à encadrer leurs sorties sur les routes par des
voitures banalisées, voire de leur réserver des portions de route certains jours où la circulation automobile serait réduite
de manière incitative ?
M. le président. Veuillez conclure, monsieur Pelchat.
M. Michel Pelchat. Mesdames, messieurs les ministres, c'est aujourd'hui l'avenir du sport cycliste qui est en jeu, et
cet avenir est entre vos mains. Ne nous décevez pas.
Il est temps de mettre en place une large concertation avec les fédérations concernées et les responsables des clubs
pour définir une véritable politique.

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Réponse du ministère : Jeunesse publiée le 07/04/2000

Réponse apportée en séance publique le 06/04/2000

M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur, comme vous, je suis
extrêmement sensibilisée aux dangers auxquels sont exposés les cyclotouristes, comme vous je déplore les graves
accidents qui ont eu lieu l'année passée et cette année.
Les cyclotouristes souhaitent pouvoir rouler, certes, en toute liberté, mais aussi en toute sécurité.
Mais ce qui vaut pour le cyclotourisme vaut également pour toutes les pratiques de pleine nature.
Aussi ai-je pris la décision de réunir, le 20 avril prochain, toutes le fédérations concernées par ces pratiques hors stade,
ces pratiques de pleine nature, pour examiner avec leurs représentants les propositions sur lesquelles nous pourrions
travailler en concertation avec les autres ministères : ministère de l'équipement, des transports et du logement,
ministère de l'intérieur, ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Je recevrai jeudi le président de la fédération de cyclotourisme et celui de la fédération de cyclisme, qui m'ont fait des
propositions concernant la prévention. Nous évoquerons l'éducation dans les centres de vacances et les centres de
loisirs, l'information préventive des enfants, la mise à disposition de voitures d'accompagnement pour les entraînements
collectifs.
Nous évoquerons également la question des bandes cyclables, de leur largeur, notamment pour les cyclotouristes qui
partent en groupe, et celle des itinéraires partagés balisés.
Il faut apprendre aux automobilistes que la route est à partager avec les cyclistes et les motards. Il faut les sensibiliser
à cet aspect des choses.
J'espère que, grâce à ce travail, à ces différentes réunions, nous pourrons concrétiser bientôt dans le texte sur le sport
que vous examinerez en deuxième lecture toutes ces revendications relatives aux sports de pleine nature.
(Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)

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