Question de M. VISSAC Guy (Haute-Loire - RPR) publiée le 06/10/2000

M. Guy Vissac attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur le problème posé, en région Auvergne, par le transport du bois issu d'arbres arrachés lors de la tempête de décembre dernier. Il lui rappelle, qu'en Auvergne, le volume de bois ainsi abattu équivaut à cinq années de récolte, soit 9 millions de mètres cubes et ce, pour la forêt tant publique que privée. Il lui indique que, si un effort important fut consenti tant par l'Etat que par le conseil régional pour l'acquisition de matériel d'abattage, il apparaît que, faute de possibilités adéquates de transport, se pose un grave problème d'évacuation. Il apparaît en effet qu'une carence de wagons entraîne de sérieuses difficultés en ce domaine, ce qui aboutit à laisser un important volume de bois arraché immobilisé sur place et sur les aires de stockage. Il lui demande donc quelles mesures il entend prendre afin de pallier ce grave problème de transport qui risque, à terme, de porter préjudice aux efforts des professionnels forestiers.

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Réponse du ministère : Équipement publiée le 17/01/2001

Réponse apportée en séance publique le 16/01/2001

M. Guy Vissac. Monsieur le ministre, vous avez déjà été interrogé sur le transport par fer des
bois, notamment les chablis de la tempête de 1999. Veuillez excuser mon insistance mais je
souhaite revenir sur les problèmes non résolus que pose l'acheminement par voie ferrée du
matériau bois.
Nous avons dénoncé le manque de wagons. Rien ou presque n'a été résolu. S'ajoutent
désormais deux problèmes qui finissent de désorganiser le transport par fer.
Il s'agit, en premier lieu, de l'incohérence des attentes et des circuits, qui font passer le délai,
par exemple dans le sens Massif central-Tarascon, site de transformation en pâte à papier,
de deux ou trois jours à plus de six jours. Ces retards provoquent, comme cela a été le cas le
9 janvier dernier, l'arrêt technique des entreprises en stockage, avec les conséquences qui en
découlent sur l'amont de la filière en matière de gestion des stocks.
Il s'agit, en second lieu, du véritable imbroglio que l'on constate au niveau du coût des
matières transportées. En effet, la SNCF, tout en maintenant le prix forfaitaire qui était
pratiqué voilà quelques mois, a décidé d'abaisser la charge transportée par wagon de
vingt-cinq tonnes à vingt et une tonnes, ce qui conduit à un manque de wagons plus important
et à un prix de transport plus élevé.
A croire que l'on cherche à écarter du transport par voie ferrée l'acheminement des bois ! On
connaît cependant les inconvénients qu'engendrerait le trafic par route, qui risque de ce fait
d'être augmenté, avec les conséquences que l'on sait.
Monsieur le ministre, vous avez rappelé, à maintes reprises, votre volonté de faire transiter par
la voie ferrée les marchandises et matériaux lourds. Une intervention ferme de votre part est
plus que jamais nécessaire pour avoir une politique plus cohérente en faveur de
l'acheminement du bois par le réseau ferré.
Je pense en particulier au Massif central ou, comme sur les autres massifs montagneux, la
ressource forêt présente un gisement de l'économie rurale. Le projet de loi d'orientation sur la
forêt, qui viendra en discussion au Sénat la semaine prochaine, devrait promouvoir
l'augmentation de l'exploitation de cette ressource.
Deux lignes de SNCF traversent le Massif central : Nevers-Clermont vers Béziers et
Nevers-Clermont-Nîmes par la vallée de l'Allier.
Ces deux lignes, que vous connaissez bien, monsieur le ministre, constituent des éléments
essentiels pour le transport de fret et au regard des objectifs d'aménagement du territoire.
Nous devrons engager la SNCF à revoir sa politique des transports de matériaux. Nous
devrons l'inciter à être concurrentielle, non seulement en termes de qualité, ce qu'elle sait
faire, mais également en termes de coût, ce qu'elle doit apprendre ou réapprendre à pratiquer.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Monsieur le sénateur, vous avez eu raison de souligner mon engagement en faveur du
développement du transport des marchandises par le rail.
Pour répondre plus précisément à votre question, je précise que, à la suite de la tempête de
décembre 1999, le Gouvernement a mis en place un plan national pour les forêts françaises.
L'organisation du transport des bois, à partir des massifs sinistrés, en est l'un des volets.
Afin de venir en aide à la filière bois et de favoriser l'évacuation de la plus grande partie des
chablis issus des régions sinistrées, nous avons décidé de verser sur les prix de transport
une bonification de cinquante francs par tonne transportée au départ des gares-bois situés
dans les régions sinistrées. A cette aide s'ajoute le versement d'une subvention de 25 millions
de francs pour l'aménagement ou la création de gares-bois. Il s'agit de l'un des points
permettant sinon de résoudre le problème, en tout cas, d'avancer dans la voie de sa solution.
Ainsi, 95 gares supplémentaires ont été ouvertes, ce qui a porté leur nombre à 245 contre
150 en période normale. De nouvelles gares sont en cours d'aménagement et un programme
d'investissement supplémentaire est même à l'étude, afin de tenir compte des difficultés qui
existent.
Il convient de saluer les efforts réalisés, y compris par la SNCF, qui a pratiquement doublé
son trafic de bois au cours de l'année 2000, alors qu'elle avait à faire face en même temps,
dans un contexte de hausse générale de son activité, non seulement aux trafics
supplémentaires de ses clients habituels, mais également aux demandes de nouveaux
clients.
Elle a dû à cette fin mobiliser des moyens importants pour répondre à l'accroissement des
flux de transport, en particulier à l'exportation, en prenant notamment des mesures pour
accroître sensiblement son parc de wagons spécialisés dans le transport de bois. C'est ainsi
que ce parc est passé de 1 750 à 4 138 unités.
Pour y parvenir, 20 millions de francs ont été alloués à la réhabilitation de wagons anciens. La
SNCF avait espéré, un temps, qu'elle pourrait louer des wagons auprès de nos voisins
européens et que cette formule permettrait, en quelque sorte, de débloquer la situation.
Toutefois, les résultats obtenus n'ont pas été à la hauteur des espérances. C'est pourquoi le
démarche tendant à la réhabilitation de wagons anciens est poursuivie.
Une gestion centralisée des wagons par région, avec un interlocuteur unique de la clientèle, a
également été mise en place afin de mieux prendre en compte les demandes particulières
des chargeurs.
Le parc spécialisé pour le transport de bois fait partie des priorités du programme
d'investissement concernant les wagons. Il s'enrichira de deux nouvelles séries de wagons
d'ici à 2002. Ce nouveau matériel concourt à l'amélioration de l'offre à moyen terme avec de
plus grandes capacités et la simplification des opérations de manutention.
Voilà qui devrait contribuer à résoudre les problèmes que vous avez soulevés.
M. Guy Vissac. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Vissac.
M. Guy Vissac. Monsieur le ministre, je tiens à vous remercier de votre réponse qui,
s'agissant du problème des wagons, est très encourageante, puisque c'est plus d'un
doublement du parc de wagons que vous nous annoncez.
Le souci des élus de la région Auvergne est que, à l'avenir, alors que l'exploitation de la
ressource forestière va croître de plus de 25 %, le transport par fer reste compétitif.

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