Question de M. HUCHON Jean (Maine-et-Loire - UC) publiée le 17/11/2000

Question posée en séance publique le 16/11/2000

M. Jean Huchon. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.
Les informations diffusées depuis quelques semaines et les ambiguïtés entretenues sur
l'encéphalopathie spongiforme bovine ont fortement inquiété et influencé les consommateurs. On
en arrive ainsi aujourd'hui a une psychose et à une chute verticale de la consommation !
Dans un département comme le mien, le Maine-et-Loire, qui est leader de la production de viande,
avec 6 000 familles qui en produisent et 3 000 qui en vivent exclusivement, c'est une véritable
catastrophe économique. La consommation de viande s'est effondrée, les marchés sont fermés,
les abattoirs tournent à 50 % de leur rendement ou sont tout bonnement en chômage technique,
les animaux restent en stock dans les élevages, et l'on commence à évoquer des dépôts de bilan.
Les éleveurs éprouvent un sentiment aigu d'humiliation et d'impuissance, ce qui nous fait craindre
que leur désespoir ne se transforme en violence. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive alors
que, depuis des années, ils ont multiplié les efforts dans les domaines de la traçabilité, de la
certification et de la détection de toutes sortes de maladies.
Dans l'immédiat, comment envisagez-vous, monsieur le ministre, d'aider ces éleveurs à faire face à
la mévente et à la dégringolade des cours ? Les éleveurs sont aux abois !
Quel est votre plan d'urgence pour assurer le sauvetage de la filière viande bovine française au sein
de l'Europe ?
Par quelles mesures de contrôle, notamment à l'échelon européen, envisagez-vous de restaurer
durablement la confiance du consommateur ? (Applaudissements sur les travées de l'Union
centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)

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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 17/11/2000

Réponse apportée en séance publique le 16/11/2000

M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. A titre personnel, je me garde
d'employer le mot « psychose ». Il ne faut pas laisser entendre que les Français seraient
collectivement fous. Il y a une peur collective qui, à certains égards, présente un caractère
irrationnel, mais notre devoir, à nous - vous élus et nous responsables du Gouvernement - c'est de
prendre en compte cette peur collective et d'essayer d'y apporter des réponses aussi rationnelles
que possible et non de la mépriser ou de la mésestimer.
J'ajoute que le Gouvernement n'a rien fait pour alimenter cette peur collective, il s'est gardé
lui-même de participer...
M. Alain Gournac. Il n'a rien fait !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. ... en quoi que ce soit au
développement de l'irrationalité.
D'une certaine manière, le Gouvernement subit lui aussi cette crise. Ce sont d'autres déclarations
qui - peut-être ! - ont mis de l'huile sur le feu. (Applaudissements sur certaines travées socialistes.
- Exclamations sur les travées du RPR.)
Pour vous montrer à quel point nous voulons participer à la reprise de confiance, apprenez que
nous sortons d'un déjeuner du Gouvernement à l'hôtel Matignon et que nous y avons mangé des
tournedos de boeuf. Je voudrais que cela se sache, cela témoigne que, collectivement, à notre
manière, nous avons confiance dans la viande bovine de notre pays et que les consommateurs
doivent retrouver eux-mêmes cette confiance. (Exclamations sur les travées du RPR.)
M. le président. Je vous en prie, mes chers collègues, la question est sérieuse et il convient
d'écouter la réponse de M. le ministre dans le silence.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Pour le reste, je l'ai déjà dit, monsieur
le sénateur, la filière bovine est complètement sinistrée, c'est peut-être encore plus vrai des
entreprises en aval que des agriculteurs eux-mêmes, qui, eux, peuvent garder leurs bêtes en
espérant une reprise.
M. Charles Revet. C'est une perte de recettes, monsieur le ministre !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Ils ont un problème plus de trésorerie
que de revenu, que je ne sous-estime d'ailleurs pas. Dans les entreprises en aval, en revanche,
c'est déjà le chômage. (Protestations sur les travées du RPR.)
M. Patrick Lassourd. Quel avenir auront les agriculteurs ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. L'avenir que nous construirons
ensemble, monsieur le sénateur, surtout si vous m'aidez. (Nouvelles protestations sur les mêmes
travées.)
Le plan que nous allons mettre en oeuvre est élaboré dans ses grandes lignes. Il a déjà été soumis
aux organisations professionnelles à deux reprises : mardi, lors de la réunion du conseil supérieur
d'orientation au ministère, et, hier, en présence du Premier ministre.
Il sera rendu public la semaine prochaine. Il pourrait l'être avant, mais les organisations
professionnelles agricoles ont souhaité ne le rendre public qu'à l'issue de la réunion du conseil de
l'agriculture, à Bruxelles.
Ce plan assez classique s'apparente à celui que vous aviez élaboré en 1996 lors de la précédente
crise de l'ESB. Il fera appel à tous les instruments de la politique publique pour venir en aide à
cette filière dans le moindre détail, vous pouvez en être assuré. (Applaudissements sur les travées
socialistes, ainsi que sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)

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