Question de M. BLANC Paul (Pyrénées-Orientales - RPR) publiée le 26/01/2001

Question posée en séance publique le 25/01/2001

M. Paul Blanc. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.
Aujourd'hui, même si les statistiques officielles révèlent, hélas ! une augmentation de
l'insécurité, les chiffres sont largement minorés, non seulement parce que beaucoup d'actes
de petite délinquance appelés « incivilités » ne sont pas enregistrés mais aussi parce que ne
sont retracés que les faits signalés, et chacun connaît la proportion de victimes qui ne portent
pas plainte par peur des représailles ou encore parce qu'elles n'espèrent plus rien des
pouvoirs publics.
M. Hilaire Flandre. Cela ne sert à rien !
M. Paul Blanc. Quelques chiffres révèlent avec exactitude ce climat d'insécurité : 3,5
millions de crimes et délits ont été constatés durant l'année 2000, avec une hausse
considérable des délits à caractère économique, notamment à Paris, où elle atteint 22 % ;
augmentation de 13 %, par rapport à l'année précédente, des vols à main armée ; hausse de
10 % de vols avec violence ; 15 000 voitures brûlées, en particulier à Strasbourg.
N'oublions pas, dans ce triste bilan, les agressions commises à l'encontre des convoyeurs de
fonds, du corps enseignant et des forces de sécurité. Dans ma région, le
Languedoc-Roussillon, les forces de police et de gendarmerie ont déjà payé un lourd tribut en
ce début d'année 2001.
Le Premier ministre a déclaré mardi dernier : « Le Gouvernement n'a pas de leçon à recevoir
en matière de lutte contre l'insécurité », soulignant que celui-ci avait donné depuis 1997 la
priorité à la sécurité quotidienne des Français. (M. Gournac s'exclame.)
Force est de constater que cette priorité ne s'est pas traduite dans les faits. On peut mettre,
en parallèle, les sommes allouées au financement des 35 heures imposées - 85 milliards de
francs - et celles qui sont consacrées à la justice, à la police et à la gendarmerie - 83
milliards de francs.
En conséquence, je demande quelles mesures concrètes le Gouvernement envisage de
prendre pour garantir le droit de chacun à vivre en paix, car, encore une fois, si mesures il y a
eu, elles ne se sont pas traduites dans les faits.
Et, tout naturellement, je demande donc à M. le ministre de l'intérieur quelle leçon il peut
nous donner en matière de lutte contre l'insécurité. (Très bien ! et applaudissements sur les
travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur
certaines travées du RDSE.)

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Réponse du ministère : Relations avec le Parlement publiée le 26/01/2001

Réponse apportée en séance publique le 25/01/2001

M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur,
soyez assuré de la détermination du Gouvernement à combattre et à punir toutes les
violences.
Assurer la sécurité de nos concitoyens, agir contre les comportements délinquants par une
réponse systématique est un devoir d'Etat. Le Premier ministre l'avait dit en 1997 et nous
sommes toujours dans la même orientation. Mais il faut dire aussi que c'est de la
responsabilité de chacun, et au premier chef, bien sûr, des parents, qui doivent élever leurs
enfants dans le respect des règles qui régissent la vie en société. Par-delà les actions qui
sont menées par l'Etat ou les conseils généraux, il convenait de le rappeler.
J'ai évoqué, tout à l'heure, les recrutements de policiers, le développement de la police de
proximité, qui sera généralisé au cours de cette année, le renforcement des effectifs dans les
vingt-six départements les plus sensibles, les contrats locaux de sécurité.
Dans la période qui vient, nous ferons porter plus particulièrement nos efforts - le conseil de
sécurité intérieure qui doit se réunir prochainement le confirmera - sur une plus grande
efficacité des enquêtes conduites sur le terrain par les services de police et de gendarmerie,
sous l'autorité des procureurs, afin de mieux élucider les affaires, de lutter ainsi contre
l'impunité face à tous ces phénomènes de violence, de bandes et d'économie souterraine.
Parmi les priorités figure aussi le traitement des comportements violents grâce à des
dispositifs appropriés associant, par exemple, l'éducation nationale, quand elle est
concernée, quand il s'agit de l'école et, si nécessaire, les structures de santé.
En matière de sécurité, il faut que tout le monde se mobilise. Il ne sert à rien de se lancer
des chiffres à la figure. Les chiffres, vous les aurez le 2 février prochain : vous verrez les
évolutions, les variations. L'essentiel, c'est une mobilisation des forces de police, bien sûr,
des forces de sécurité, bien sûr, mais aussi de l'ensemble du corps social pour faire reculer
la violence.
La lutte contre l'insécurité dans nos villes et nos campagnes doit être menée au niveau de la
prévention, de la répression, de la réparation, mais elle passe aussi par la mobilisation de
l'ensemble du corps social et relève de la responsabilité de chacun : parents, éducateurs,
familles, milieu associatif.
Sachez, en tout cas, monsieur le sénateur, que de son côté, le Gouvernement ne faiblira pas.
(Applaudissements sur les travées des socialistes et sur celles du groupe communiste
républicain et citoyen.- Exclamations sur les travées du RPR.)

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