Question de M. TRÉGOUËT René (Rhône - RPR) publiée le 01/03/2001

M. René Trégouët rappelle à l'attention de M. le ministre des affaires étrangères la récente visite en France du Premier ministre libanais. Celui-ci a fait connaître son ambition de sortir son pays d'une grave crise économique - la dette publique atteint des proportions considérables et les risques de dévaluation de la livre libanaise sont très élevés -tentant pour cela de convaincre les investisseurs français de s'intéresser à son pays. Il lui demande de bien vouloir lui dire ce que le gouvernement français entreprend de son côté pour aider ce pays dont les liens restent forts avec le nôtre à bien des égards.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 07/06/2001

Dix ans après la fin de la guerre civile, le Liban a accompli d'incontestables progrès sur la voie de la reconstruction et de sa réinsertion au sein de la communauté internationale. La situation économique et financière de ce pays n'en est pas moins difficile, dans un contexte régional tendu marqué par le gel du processus de paix. Un ralentissement de la croissance économique libanaise est constaté depuis trois ans. Il s'est conjugué à une augmentation du déficit budgétaire et de la dette publique, qui atteint aujourd'hui 140 % du PIB. Le nouveau président du conseil des ministres, M. Rafic Hariri, a engagé depuis octobre dernier un programme audacieux de réformes visant à relancer l'activité et à attirer les investisseurs étrangers. La réduction des charges fiscales et douanières, les privatisations, la réforme de la fonction publique, la mise en conformité du Liban avec les exigences du GAFI en matière de lutte contre le blanchiment d'argent sont des mesures positives qui vont dans la bonne direction. Les autorités françaises, qui apprécient l'effort ainsi engagé, encouragent le gouvernement libanais à aller de l'avant. Elles ont reçu M. Rafic Hariri sucessivement en visite officielle, le 15 février, puis le 27 février à l'occasion d'une réunion de coordination des amis du Liban, auxquels ont participé, outre le Président de la République et le ministre de l'économie et des finances, les présidents de la Commission européenne et de la Banque mondiale et le vice-président de la Banque européenne d'investissements. Une aide-projets de 500 MEUR a été annoncée à l'issue de cette réunion. La France souhaite que la communauté internationale puisse continuer à accompagner la politique menée par le gouvernement libanais. D'une manière générale, la France n'a pas cessé, depuis dix ans, de contribuer à la reconstruction du Liban, pays avec lequel elle entretient des liens historiques et, aujourd'hui, des relations particulièrements étroites et confiantes. Le Liban a été le premier bénéficiaire, en termes d'aide par habitat, des protocoles financiers bilatéraux conclus ces dernières années, pour une montant de 1 316 MF. Le soutien de la France s'est porté sur des secteurs stratégiques (eau, électricité, aviation civile et audiovisuel), mais aussi sur la remise à niveau de certains services clés de l'Etat. L'institut des finances, centre de formation du ministère des finances, et l'école supérieure des affaires de Beyrouth qui dispense une formation d'excellence dans le domaine du commerce et de la gestion, en sont les meilleurs exemples. Par ailleurs, le Liban relève depuis l'an dernier de la " zone de solidarité prioritaire " et bénéficie désormais des concours de l'Agence française de développement, qui a ouvert un bureau permanent à Beyrouth en 1999. A ce titre, plusieurs projets orientés en priorité vers les secteurs de l'éducation, de l'agriculture, de l'eau, notamment la réhabilitation du réseau d'eau potable de Jezzine et l'extension de la station de traitement d'eau potable à Tripoli, ont été engagés. Au 1er janvier 2001, les projets financés sur le fonds de solidarité prioritaire (FSP) se montent à 32,5 MF. Parallèlement, les actions de coopération scientifique et technique menés par la France atteignant environ 55 MF annuellement permettent de contribuer à la reformation des élites libanaises, dans le souci de maintenir et de renforcer la francophonie au Liban, pays hôte du prochain sommet de la francophonie, en octobre 2001. Enfin, la France entretient des relations commerciales denses avec Beyrouth, en dépit du contexte régional difficile. Elle demeure le premier investisseur étranger au Liban, où sont implantées une centaine de sociétés françaises, et le second fournisseur, avec près de 9 % des parts de marché. Au total, la France a contribué de façon essentielle à l'entreprise de reconstruction du pays du cèdre et ne ménagera pas ses efforts, dans les prochaines années, pour favoriser la pleine réinsertion au sein de la communauté internationale d'un Liban stable, indépendant et souverain.

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