Question de M. BRANGER Jean-Guy (Charente-Maritime - UC) publiée le 08/03/2001

M. Jean-Guy Branger attire l'attention de M. le ministre délégué à la santé sur les inquiétudes suscitées par la publication des chiffres concernant la consommation de sel des Français. En effet, chaque année, chaque Français consomme en moyenne 4 kilogrammes de sel, c'est-à-dire deux fois la dose limite fixée par l'Organisation mondiale de la santé. Selon les chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, la surconsommation de sel entraîne 25 000 morts et 75 000 accidents cardio-vasculaires par an. Or cette surconsommation est le résultat du sel " caché " que les industriels agroalimentaires rajoutent en quantité dans toute sorte de produits, notamment pour rehausser le goût d'aliments bas de gamme et en accroître la consommation. Nombreux sont les Etats à avoir pris conscience de ce problème majeur de santé publique. Les pays nordiques ont diminué de moitié leur consommation en dix ans. D'autres pays s'attaquent au problème, alors qu'en France rien n'est fait malgré les réactions de certains parlementaires et des médias. L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments conseille seulement aux Français de s'en tenir à une consommation de sel de 6 à 8 grammes de sel par jour, ce qui, en l'absence d'étiquetage et de campagne de sensibilisation, relève de la mission impossible. En conséquence, il lui demande de lui faire connaître sa position sur ce sujet et de lui indiquer les mesures que le Gouvernement compte mettre en oeuvre afin d'obliger les industriels de l'agroalimentaire à diminuer considérablement la quantité de sel dans les produits alimentaires.

- page 805


Réponse du ministère : Santé publiée le 05/07/2001

La nouvelle version des apports nutritionnels conseillés pour la population française, dont la rédaction a été coordonnée par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), comporte un avis provisoire concernant le sel. Il recommande une consommation moyenne de sel quotidien au niveau de la population de 6 à 8 grammes et une distribution de ces apports comprise entre 5 et 12 grammes quotidiens. La consommation réelle de sel par les Français reste un sujet de controverse. Les résultats de la dernière enquête nationale de consommation alimentaire révèlent une consommation moyenne de 7,9 grammes de sel par jour chez les adultes, près de 8 % en consommant plus de 12 grammes, seuil qu'il est actuellement conseillé de ne pas dépasser. Cependant la méthodologie utilisée ne permet pas une parfaite fiabilité des résultats qui sont légèrement sous-estimés. La deuxième étude individuelle de consommation alimentaire (INCA2) prévue en 2002, qui fera appel aux compétences de l'AFSSA et de l'unité de surveillance et d'épidémiologie nutritionnelles (Institut de veille sanitaire - Conservatoire national des arts et métiers), pourrait permettre d'établir le niveau exact de cette consommation. Sans attendre ces résultats, l'AFSSA a mis en place un groupe de travail " sel " qui s'est réuni pour la première fois le 29 mars 2001. Ce groupe réunit des experts, des représentants d'organisations professionnelles et des administrations concernées, du milieu industriel, de la restauration collective. Les objectifs assignés à ce groupe sont de proposer des mesures pour respecter une distribution statistique de consommation de sel ingéré de 5 à 12 grammes par jour ; d'identifier les aliments vecteurs essentiels de l'apport alimentaire sodé alimentaire ; de proposer des recommandations effectives d'abaissement de la teneur en sel de certains aliments vecteurs tout en respectant l'approche organoleptique, sécuritaire et technologique ; d'effectuer des études de simulation de l'apport sodé de la population française ; de réfléchir aux moyens de communication à adopter pour accompagner les mesures d'abaissement de la consommation de sel. Il est prévu que ce groupe, qui se réunira sept fois d'ici la fin de l'année, propose des recommandations en décembre 2001. Il pourra faire appel pour sa réflexion aux compétences qu'il jugera nécessaires. Sur la base de l'avis qui sera formulé par l'AFSSA, le Gouvernement sera amené à envisager les mesures utiles qui devront permettre, notamment, d'atteindre l'objectif, inscrit dans le programme national nutrition santé 2001-2005, de réduction de 10 millimètres de mercure de la pression artérielle systolique moyenne des adultes.

- page 2259

Page mise à jour le