Question de M. SOUVET Louis (Doubs - RPR) publiée le 08/03/2001

M. Louis Souvet attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat au commerce extérieur sur le recul de l'excédent commercial français. En baisse de 100 milliards de francs par rapport à 1999, il ne s'élève plus qu'à 13,1 milliards de francs en l'an 2000. Il demande quels sont les facteurs ayant contribué à cette baisse.

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Réponse du ministère : Commerce extérieur publiée le 31/05/2001

Réponse. - Les niveaux très élevés atteints par les cours pétroliers en 2000 (28,4 dollars par baril en moyenne, soit une augmentation de 59 % par rapport à 1999) et l'évolution du dollar (le taux de change euro/dollar s'étant déprécié de 13,4 %) se sont conjugués pour creuser le déficit énergétique, qui a augmenté de 78,3 milliards de francs par rapport à 1999, sous l'effet de l'augmentation violente des importations en valeur. Le très bas niveau des stocks et la forte activité n'ont en effet pas permis de limiter suffisamment les volumes importés, pour contrebalancer la hausse des prix. Le dynamisme de nos exportations de produits énergétiques, lié principalement à la hausse des exportations de produits pétroliers raffinés, n'a pas compensé la hausse des importations en valeur. A ce stade, l'alourdissement de la facture énergétique n'a pas eu pour contrepartie une forte hausse de nos exportations totales vers les pays producteurs de pétrole, ces derniers consacrant une part significative de leurs recettes supplémentaires à des remboursements de dettes ou à des placements bancaires : la hausse de nos exportations vers ces pays, en ligne avec la progression de nos exportations totales, a été beaucoup moins forte que celle de nos importations. Ainsi, notre solde s'est dégradé de 62,6 milliards de francs avec nos principaux fournisseurs de pétrole (Norvège, Arabie saoudite, Russie, Algérie, Irak, Iran, Nigeria, Libye, Syrie, Koweït et Angola). Après avoir dépassé les 50 milliards de francs pendant trois années consécutives, le solde industriel civil s'est contracté de 26,5 milliards de francs en 2000 pour atteindre 32,8 milliards de francs. Les secteurs où la France dispose traditionnellement d'avantages comparatifs (automobile, biens d'équipement et, en particulier, les navires, la construction aéronautique et spatiale et la téléphonie mobile) ont vu leur excédent progresser en 2000. Ces bons résultats n'ont pas suffi à compenser le creusement des déficits liés aux échanges de biens de consommation et de biens intermédiaires (cf. annexe 1). De nombreux facteurs conjoncturels sont à l'origine de cette évolution : la demande intérieure française a été vigoureuse, au regard notamment de la demande intérieure de l'Allemagne - notre principal partenaire - et a tiré les importations (p 17,3 %). La réduction de l'excédent industriel n'est en effet pas lié à un fléchissement des exportations, qui ont progressé de 15 %, mais bien à l'accélération des importations ; les importations industrielles ont également été gonflées par l'augmentation du prix des matières premières (dans le cas des métaux notamment, dont le solde se dégrade de 9,8 milliards de francs) liée au dynamisme de l'activité mondiale et renforcée par la dépréciation de l'euro ; des tensions sur le taux d'utilisation des capacités sont apparues dans certains secteurs (automobile et biens intermédiaires), de nature à stimuler les importations ; la forte dépréciation du taux de change effectif de la France a soutenu la compétitivité-prix de nos produits, mais a aussi dégradé nos termes de l'échange. L'érosion du solde industriel de la France relève donc avant tout de facteurs conjoncturels et ne reflète pas un effritement de sa compétitivité sur la scène internationale, comme en témoigne la bonne tenue de sa part de marché relative en volume par rapport aux pays de l'OCDE (cf. annexe 2). De façon plus globale, on note d'ailleurs qu'en ce qui concerne notre balance des paiements les bonnes performances des services et l'augmentation des revenus perçus de l'étranger permettent de compenser la baisse du solde des biens, ce qui permet à l'excédent courant de résister en 2000 (1,9 % du PIB, après 2,6 % en 1999).

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