Question de M. DEMILLY Fernand (Somme - RDSE) publiée le 05/04/2001

M. Fernand Demilly appelle l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur l'inquiétante évolution du nombre d'ophtalmologistes diplômés en France. Comptant actuellement 5 300 médecins, l'ophtalomologie est l'une des spécialités dont les effectifs pourraient le plus décroître d'ici vingt ans si les facteurs qui déterminent les évolutions démographiques de la profession restent stables. Une récente étude (septembre 2000) de la direction de la recherche des études de l'évaluation, avec l'hypothèse théorique d'un numérus clausus inchangé et d'un maintien à l'identique des postes d'internes, montre que les projections aboutissent à une forte décroissance du nombre d'ophtalmologistes à l'horizon 2020, qui ramènerait leur effectif à un niveau proche de celui de 1980, soit environ 3000. Les effets de la pénurie commencent déjà à se faire ressentir dans de nombreuses régions, dont la Picardie. Alors même que les besoins en soins augmentent avec l'apparition de nouveaux moyens préventifs et thérapeutiques ou encore le vieillissement de la population générale, le nombre de praticiens diplômés chaque année décroît dans la discipline, par l'effet conjugué de l'instauration d'un internat comme seule voie d'accès à cette spécialité et de la diminution du nombre de postes formateurs. Les départs à la retraite, les cessations d'activité et les radiations de l'ordre des médecins font que la professions considère ne plus être en mesure d'assurer les missions de santé publique qui lui sont dévolues. En effet, il est à noter que les problèmes liés à la vue ne cessent d'augmenter dans notre pays, inévitablement amplifiés par l'allongement de la durée de la vie. Les décisions à cet égard sont d'autant plus urgentes qu'elles ne pourront, en tout état de cause, prendre effet que dans plus de dix ans, compte tenu du délai nécessaire à la formation d'un spécialiste. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui faire connaître les mesures qu'elle envisage de prendre pour définir un plan de progression permettant de doubler le nombre de postes d'internes formateurs en ophtalmologie d'ici à la rentrée 2003

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Réponse du ministère : Emploi publiée le 31/05/2001

Réponse. - Le rapport Polton du centre de recherche d'études et de documentation en économie de la santé (CREDES) a présenté l'analyse des différents éléments susceptibles d'intervenir dans l'évolution de la démographie médicale, compte tenu de la baisse de la démographie médicale, qui devrait s'accélérer à partir de 2007/2008. La répartition entre spécialites et généralistes fait apparaître un nombre de spécialistes supérieur aux généralistes : le nombre de médecins en exercice début 1998 était de 191 500 (49 % de médecins généralistes et 51 % de médecins spécialistes). Cependant la baisse démographique est inégalement répartie sur les différentes spécialités et l'ophtalmologie est une des spécialités les plus concernées avec la pédiatrie et la gynécologie obstétrique notamment. D'autre part, on constate une augmentation des médecins salariés : la proportion de médecins exclusivement salariés parmi les médecins spécialistes a fortement augmenté passant de 26 à 50 % entre 1973 et 1999, ainsi qu'une émergence des femmes dans la profession, notable au fil des années : de 14 % en 1968, ce taux de féminisation est passé à 35 % pour les généralistes et à 36 % pour les spécialistes au 1er janvier 1999. Enfin, il existe une inégale répartition sur le territoire : d'importantes disparités départementales existent au sein des régions et sont plus marquées parmi les médecins généralistes libéraux (exclusifs ou mixtes). Devant ce constat, des mesures ont été prises sur le numerus clausus de l'examen de fin de première année des études médicales qui, après avoir été fixé à 3 700 pour l'année universitaire 1998/1999 a été porté à 3 850 pour l'année universitaire 1999/2000 et à 4 100 pour l'armée universitaire 2000/2001. De plus, en ce qui concerne l'internat, trois filières nouvelles ont été créées, la gynécologie obstétrique et médicale, l'anesthésie et la pédiatrie. Mais il ne peut s'agir de la seule réponse à la situation de baisse démographique du corps médical tant au niveau national que départemental. C'est pourquoi, la ministre de l'emploi et de la solidarité a demandé à ses services, dans le cadre d'un groupe de travail ministériel consacré à l'avenir de la démographie médicale, de proposer des solutions permettant de faire face à cette évolution afin d'atténuer les inégalités départementales d'accès aux soins. La préservation de la qualité du service rendu est en effet une priorité du Gouvernement. Les conclusions de ce groupe seront remises à la ministre prochainement et serviront de base à une concertation large menée avec l'ensemble des professionnels de santé sur les solutions à mettre en uvre au cours des prochaines années, en particulier pour adapter les flux de praticiens formés aux besoins de la population et pour réduire les disparités régionales constatées au niveau de l'offre.

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