Question de M. FOURNIER Bernard (Loire - RPR) publiée le 24/05/2001

M. Bernard Fournier appelle l'attention de Mme le ministre de la culture et de la communication sur la place des oeuvres nouvelles d'auteurs vivants d'expression française dans la culture théâtrale actuelle. Alors qu'au milieu du XXe siècle près de 70 % des places proposées dans le théâtre l'étaient pour des oeuvres issues de ces auteurs, la tendance s'est aujourd'hui inversée au profit de pièces classiques et autres adaptations, notamment d' oeuvres étrangères ou romanesques. Un désintérêt certain s'observe pour les pièces d'auteurs contemporains, cela de plus en plus depuis les années 1990. Cette situation l'interpelle, aussi il la remercie de bien vouloir lui communiquer son sentiment sur notre culture théâtrale.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 04/10/2001

Le ministère de la culture et de la communication est extrêmement soucieux de la place des oeuvres nouvelles d'auteurs vivants d'expression française dans la culture théâtrale actuelle. Plusieurs dispositifs et mesures incitatives au niveau national en faveur des auteurs ont été mis en place depuis vingt ans renforcés par plusieurs mesures réformatrices. Au stade de l'écriture même : les commandes aux auteurs sont destinées à développer la collaboration entre metteurs en scène et auteurs. Des commandes peuvent être effectuées par des organismes théâtraux subventionnés. La direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles prend en charge la rémunération de l'auteur et verse directement à celui-ci une aide forfaitaire de 40 000 francs pour un texte original ou 20 000 francs pour une adaptation. Au titre de l'année 2000, 23 oeuvres originales et 3 adaptations ont ainsi pu voir le jour pour un montant global de 940 millions de francs. Au stade de la création : l'aide à la création d'oeuvres dramatiques est entièrement dédiée aux écritures contemporaines. La Commission nationale consultative d'aide à la création d'oeuvres dramatiques vient d'être entièrement réformée (arrêté du 8 janvier 1999) afin de recentrer l'aide à la création sur l'auteur (et non plus sur les compagnies) pour lui donner la maîtrise de son oeuvre, de renforcer le rôle de la commission du point de vue de la découverte de textes et du repérage de nouveaux auteurs. Sont éligibles les textes originaux écrits en langue française ou les premières traductions d'auteurs vivants ou décédés depuis moins de soixante-dix ans qui n'ont jamais fait l'objet de représentations publiques en France. Les textes doivent être adressés par leurs auteurs ou, le cas échéant, leurs traducteurs. Deux types d'aides peuvent être octroyés : une aide d'encouragement de 30 000 francs directement versée à l'auteur, qui distingue des auteurs débutants prometteurs ; une aide au montage, disponible pendant trois ans, versée à la demande de l'auteur à la structure professionnelle qui créera son oeuvre. Cette aide va de 50 000 francs pour un monologue jusqu'à 350 000 francs pour des distributions lourdes. Au titre de l'année 2001 l'enveloppe de la commission s'est élevée à 6 500 000 francs. Depuis la dernière réforme, il a été constaté que près de 85 % des textes sont généralement montés dans un délai de trois ans. Du côté des institutions théâtrales : concernant les centres dramatiques, une première étude portant sur les 108 productions majoritaires de 33 d'entre eux fait apparaître 75 % de textes d'auteurs vivants dont la moitié de langue française soit plus du tiers de la production ; concernant les scènes nationales, sur le millier de spectacles proposé (pour 3 400 représentations) 58 % sont signés par des auteurs vivants en majorité français. La présence plus fréquente d'auteurs dans les équipes de direction ou à la tête de grands théâtres est certainement l'une des clés pour une offre théâtrale encore plus vivante et inventive. Plus de dix centres dramatiques sont dirigés par des auteurs " en activité " à commencer par Olivier Py, Philippe Delaigue ou encore Maurice Yendt ; Catherine Anne prend la direction du TEP, Philippe Faure mène une action exemplaire et populaire pour les écritures d'aujourd'hui au théâtre de la Croix-Rousse à Lyon (scène conventionnée). Par ailleurs, des metteurs en scène semblent demander plus fréquemment à des auteurs de les accompagner durablement : François Bon aux CDN de Nancy et Tours, Jean-Pierre Siméon au CDN de Reims par exemple, ainsi que Arlette Namiand aux fédérés à Montluçon pour ne citer qu'eux. Il faut également prendre en compte qu'une trentaine au moins de compagnies conventionnées, dont plus de la moitié hors Ile-de-France, sont animées par des auteurs ayant une certaine notoriété comme Eugène Durif, Nathacha de Pontcharra, Roland Fichet, Jean-Michel Ribes... et que certaines d'entre elles jouent un rôle très important de plaques tournantes pour les nouvelles écritures comme la Folle Pensée pour la Bretagne, les Solitaires intempestifs à partir de la Franche-Conté ou encore le Panta théâtre à Caen. Un certain nombre de points d'appui pour les auteurs et de temps forts pour les nouvelles écritures dramatiques renforcent ce paysage par une action continue - la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, théâtre ouvert, théâtrales, le Centre national du théâtre, la maison Antoine Vitez, France Culture - ou régulière - la Mousson d'été à Pont-à-Mousson, les contemporaines à Avignon avec le soutien déterminant du ministère. Enfin, la majorité des textes qui régissent ou orientent la politique théâtrale du ministère organise une série convergente d'incitations en faveur de la création d'oeuvres nouvelles (directive nationale d'orientation, contrat des centres dramatiques, contrats d'objectifs des scènes nationales, circulaire sur l'aide aux compagnies, circulaire sur les scènes conventionnées, charte des missions de service public pour le spectacle vivant).

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Erratum : JO du 18/10/2001 p.3340

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