Question de M. ABOUT Nicolas (Yvelines - RI) publiée le 25/10/2001

M. Nicolas About attire l'attention de M. le ministre délégué à la santé sur les moyens actuellement mis en oeuvre dans la lutte contre la douleur. Notre pays accuse un retard important en matière de traitement de la douleur. Sans doute notre culture judéo-chrétienne, qui considérait la souffrance physique comme une forme de rédemption, n'est pas étrangère à ce phénomène. Mais le corps médical a également sa part de responsabilité : enfermé dans une technicité toujours plus poussée, il a négligé la prise en compte des souffrances du malade, occupé qu'il était à soigner les causes du mal plutôt que ses effets. Trop longtemps, la lutte contre la douleur est restée le parent pauvre de la médecine. Il lui rappelle qu'en 1998, alors qu'il était secrétaire d'Etat à la santé, il a mis en place un plan ministériel antidouleur comportant des mesures intéressantes, notamment l'utilisation d'antalgiques puissants à destination des enfants et la disparition du carnet à souches qui limitait, de manière absurde, les prescriptions de certains produits morphiniques par les médecins. Il regrette néanmoins que ce plan triennal ait fait l'impasse sur le renforcement des moyens mis à la disposition des services hospitaliers antidouleur. Au sein des hôpitaux de l'Assistance publique, ces centres sont encore rattachés aux services d'anesthésie-réanimation. En conséquence, ils ne sont pas prioritaires dans l'affectation des moyens qui sont globalement mis en oeuvre dans ces services. Pourtant, dans certains centres, beaucoup de médecins font preuve d'un très grand dévouement auprès de leurs patients et travaillent sans relâche pour les soulager. Faute de moyens en personnel, ils sont aujourd'hui débordés, alors que l'état de leurs patients nécessiterait un examen et des soins approfondis. Est-il normal de faire patienter pendant des heures dans une salle d'attente des personnes qui souffrent parfois le martyre, pour une simple consultation avec un spécialiste ? Il lui demande donc instamment de prendre toutes les mesures qui s'imposent pour améliorer les services antidouleur de l'Assistance publique. A quand un renforcement de leurs moyens financiers et humains ? A quand une véritable reconnaissance de ces centres spécialisés qui réalisent un travail remarquable et souvent méconnu auprès des malades ?

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Réponse du ministère : Santé publiée le 07/02/2002

La lutte contre la douleur constitue une priorité de santé publique. Les actions engagées s'inscrivent, depuis 1998, dans le cadre d'un plan triennal de lutte contre la douleur. L'évaluation de ce programme confiée à la société française de santé publique montre que l'objectif d'instaurer une meilleure prise en compte de la douleur a été atteint. Plusieurs actions ont été menées tant au niveau des professionnels que des usagers. Elles concernent notamment le développement des structures de lutte contre la douleur chronique rebelle (on comptabilise à ce jour quatre-vingt-seize structures), l'amélioration de l'information des patients et celle des professionnels avec, notamment, la diffusion, par l'ANAES, de recommandations de bonnes pratiques. La formation des professionnels a été renforcée par la mise en oeuvre d'un module obligatoire sur la douleur dans les études médicales. L'offre de formation continue sur le thème de la douleur a été multipliée par trois depuis 1996. Les infirmiers ont été autorisés, dans des conditions prédéterminées, à prendre l'initiative d'administrer des antalgiques. Par ailleurs, l'accès aux antalgiques majeurs a été facilité. Des changements notables sont intervenus dans la prise en charge thérapeutique : l'utilisation des antalgiques progresse et la France a rattrapé sont retard dans ce domaine. Cependant, pour soutenir ce dynamisme et conformément à l'engagement pris en mars 2001 lors de la présentation des objectifs de la politique de santé, un nouveau programme d'actions a été annoncé le 17 décembre 2001. Ce programme quadriennal 2002-2005 poursuit les axes d'amélioration du plan précédent. Il vise notamment à l'amélioration de la prise en charge de la douleur chronique rebelle et comporte trois nouvelles priorités : la douleur provoquée par les soins et la chirurgie, la douleur de l'enfant et la prise en charge de la migraine. Ce plan prévoit, en particulier, d'améliorer l'accès des personnes souffrant de douleurs chroniques rebelles à des structures spécialisées. Dans cette perspective 5 335 715,60 euros (35 MF) seront destinés à la création et au renforcement des structures de prise en charge de la douleur chronique rebelle. Par ailleurs, l'évaluation de l'adéquation de ces structures aux besoins des patients sera réalisée au 1er septembre 2002. Les résultats de cette enquête permettront de revoir leur cahier des charges et de proposer d'éventuels axes d'amélioration de l'organisation actuelle.

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