Question de Mme BEAUDEAU Marie-Claude (Val-d'Oise - CRC) publiée le 01/11/2001

Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de Mme le ministre de la culture et de la communication sur la généralisation de l'exploitation sur le marché français des oeuvres cinématographiques étrangères sous des titres originaux non traduits en français. Elle lui signale ainsi que sur les quatre-vingt-quatorze films étrangers exploités en exclusivité à Paris dans la semaine du 24 au 30 octobre 2001, soixante et un sont présentés sous des titres non traduits en français et que c'est le cas en particulier de quarante et un des cinquante-sept films provenant de pays anglophones. Elle lui fait observer également que de plus en plus de films produits dans des pays étrangers non anglophones, voire même en France, sont exploités sous des titres en langue anglaise. Au total, par exemple, pour la même semaine de référence, cinquante-trois films présentés au public parisien portent des titres en anglais contre quatre-vingt-neuf seulement en français. Elle lui fait remarquer que cette pratique commerciale ne peut se justifier par un souci de respecter l'oeuvre originale, qu'elle exclut une large proportion de la population de la compréhension des titres de films, qu'elle tend à faire de la langue anglo-américaine la langue officielle du cinéma, effet amplifié par la publicité. Elle lui demande quelle mesure elle compte prendre pour faire respecter l'usage par les distributeurs et les exploitants cinématographiques de la langue nationale pour les titres des films diffusés dans notre pays et pour faire cesser cette atteinte à la francophonie.

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Réponse du ministère : Culture publiée le 27/12/2001

L'honorable parlementaire fait part de son inquiétude devant le nombre de films exploités sur le marché français dont les titres originaux, le plus souvent anglais, ne font pas l'objet d'une traduction dans notre langue. Comme il le fait remarquer, cette pratique, qui préoccupe également la ministre de la culture et de la communication, conduit à écarter une partie de la population de la compréhension de certains titres non traduits en français. Elle contribue également à développer un sentiment de prédominance de la langue anglaise dans le domaine du cinéma. Cependant, les dispositions applicables au cinéma ne prévoient aucune obligation pesant sur les distributeurs ou les sociétés de doublage ou de sous-titrage de traduire les titres originaux en langue française de films exploités en salles de spectacle cinématographique en France. Par ailleurs, la loi du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française impose l'emploi du français sans exclure la présence d'autres langues, dans un certain nombre de circonstances où son usage est nécessaire pour protéger et informer le citoyen. Son article 2 rend ainsi obligatoire l'emploi du français dans la désignation, la présentation et la publicité des biens, produits et services commercialisés sur le territoire français. Cependant, ce texte, qui ne concerne pas les informations ou les contenus protégés au titre de la législation sur la propriété intellectuelle, ne rend pas obligatoire l'emploi de la langue française dans les titres de films, quels que soient leurs modes de diffusion. Enfin, la traduction ou la transposition en français de titres en langue étrangère pose parfois des difficultés, qui peuvent conduire à privilégier le maintien du titre original. La conservation du titre original peut ainsi se justifier par son caractère spécifique ou intraduisible. Dans d'autres cas, le titre est tout à fait transparent (nom propre, terme étranger très courant, etc.) et il n'est non plus indispensable, pour sa compréhension, de le transposer dans une expression française équivalente. La traduction en français, quant à elle, prend généralement deux formes : la traduction littérale, qui est possible quand il existe une équivalence sémantique directe avec les termes utilisés dans le titre original ; l'adaptation, qui correspond à une traduction large et libérale, mais peut engendrer une perte de sens notable. Les exploitants ou les distributeurs sont donc parfois amenés à tenir compte de ces contraintes. Cependant, ils pourraient recourir davantage qu'ils ne le font à des traductions en français qui ne dénatureraient ou ne trahiraient pas les titres originaux. Le ministère de la culture et de la communication s'attachera donc à les sensibiliser à l'intérêt qu'ils peuvent trouver à rechercher plus systématiquement des solutions faisant appel aux ressources de la langue française. Par de tels choix, ils contribueront à promouvoir la richesse et la capacité d'invention de notre langue, sans nuire aux intérêts commerciaux des films diffusés dans notre pays.

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