Question de M. RENAR Ivan (Nord - CRC) publiée le 19/09/2002

M. Ivan Renar attire l'attention de M. le ministre délégué au budget et à la réforme budgétaire sur les inégalités générées par le régime fiscal applicable aux cotisations des personnes salariées souscrivant à une assurance complémentaire santé. En effet, bien que la mise en place de la couverture maladie universelle (CMU) ait permis aux Français disposant de ressources modestes d'accéder aux soins, de profondes inégalités subsistent encore. Faute de moyens suffisants, un grand nombre d'entre eux renoncent encore à certains soins et sont donc tenus à l'écart du système de santé. L'assurance maladie obligatoire ne rembourse en moyenne que 53 % des soins de ville, dès lors la souscription à une complémentaire santé détermine et conditionne véritablement l'égal accès de tous aux soins. Or une étude du CREDES ; publiée en décembre 2001 ; fait apparaître que 7 à 8 % de nos concitoyens n'ont toujours pas souscrit à une complémentaire santé. A cela s'ajoute une inégalité fiscale, car seule une moitié des Français peut déduire du revenu imposable le montant de la cotisation versée à leur mutuelle. Cette injustice est d'ailleurs accentuée par le seuil de ressources ouvrant droit à la CMU : les personnes seules dont le niveau de revenus mensuels est légèrement supérieur à 562 euros ne peuvent, faute de moyens suffisants, souscrire à une mutuelle santé. Plusieurs propositions convergentes sont avancées pour favoriser un accès aux soins plus équitable, consistant en un crédit impôt sous la forme d'une prime pour les personnes non imposables ou en une diminution d'impôt pour les personnes imposables, invitant ainsi chaque citoyen à s'affilier à un organisme d'assurance complémentaire santé. En conséquence, il lui demande de bien vouloir lui indiquer les suites qu'il compte donner à ces propositions.

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Réponse du Ministère délégué au budget et à la réforme budgétaire publiée le 24/10/2002

La déduction du revenu imposable des cotisations de prévoyance complémentaire n'est admise que sous certaines conditions et dans certaines limites : ces cotisations doivent être versées dans le cadre de l'exercice d'une activité professionnelle et au titre d'un contrat d'assurance de groupe s'il s'agit de travailleurs non salariés, ou revêtir un caractère obligatoire en vertu d'un accord collectif ou d'une décision unilatérale de l'employeur s'il s'agit des salariés. En effet, l'adhésion à un régime de prévoyance complémentaire a alors pour objet essentiel de garantir aux intéressés, en cas de maladie ou d'invalidité conduisant à l'interruption de l'activité professionnelle, le versement pendant la période correspondante d'un revenu de remplacement en complément des prestations en espèces servies par les régimes de base de sécurité sociale. En contrepartie, ces prestations complémentaires sont soumises à l'impôt sur le revenu. Les cotisations versées auprès d'un organisme de prévoyance complémentaire dans le cadre d'une adhésion individuelle et facultative constituent, pour leur part, un emploi du revenu d'ordre personnel, consenti librement par le contribuable afin, le plus souvent, de compléter en cas de maladie les prestations en nature servies par la sécurité sociale. Ces versements n'ouvrent donc droit à aucun avantage fiscal mais, en contrepartie, les prestations servies, le cas échéant, par les organismes de prévoyance complémentaire sous forme de rentes ne sont pas soumises à l'impôt sur le revenu. Cela dit, la loi n° 99-641 du 27 juillet 1999 portant création d'une couverture maladie universelle (CMU) permet, depuis le 1er janvier 2000, à l'ensemble de la population qui en est encore exclue de bénéficier des prestations en nature d'un régime de base d'assurance maladie et maternité (CMU de base) et offre aux personnes disposant des ressources les plus faibles une couverture complémentaire gratuite en matière de santé assortie d'une dispense d'avance de frais (CMU complémentaire). La CMU représente un effort budgétaire important en faveur de l'accès aux soins des personnes les plus démunies, complété par la mise en place d'une aide à la souscription de contrats de couverture complémentaire maladie (" aide à la mutualisation ") au bénéfice des personnes dont les ressources sont de peu supérieures au plafond de ressources de la CMU complémentaire. Cela étant, afin de conforter davantage encore l'égal accès de tous aux soins médicaux, le Premier ministre a annoncé dans le cadre de sa déclaration de politique générale du 3 juillet 2002 la mise en place d'une aide permettant aux personnes qui en sont démunies de bénéficier d'un régime de protection complémentaire au titre du risque maladie. La forme de cette aide fait actuellement l'objet d'une étude par les services concernés et aucune piste n'est à ce stade écartée.

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