Question de M. DUSSAUT Bernard (Gironde - SOC) publiée le 10/10/2002

M. Bernard Dussaut appelle l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation critique des otages en Colombie. Mme Ingrid Betancourt, enlevée par la guérilla des FARC le 22 février dernier partage le sort de centaines de Colombiens, dont des élus locaux et des parlementaires, comme M. Jorge Eduardo Gechem Turbay, président de la commission de la paix de la Haute Assemblée colombienne. Il n'y a pas que les FARC à exercer la violence. Selon les rapports les plus récents d'Amnesty International, " la situation en Colombie est particulièrement délicate et grave. L'armée reprend par la force l'ancienne zone démilitarisée, causant beaucoup de victimes dans la population civile. Sous le prétexte de " la guerre contre le terrorisme " après le 11 septembre, on assiste à une vaste opération de militarisation du pays. Or, il faut rappeler que 85 % des violations des droits de l'homme continuent d'être commises par les paramilitaires bénéficiant de l'appui implicite ou direct des forces armées ". S'étonnant qu'aucune démarche récente de la diplomatie française visant à la libération des otages n'ait été portée à la connaissance des parlementaires, il lui demande de bien vouloir lui faire part de la position du gouvernement français sur la situation très préoccupante qui règne en Colombie, et s'il entend travailler à l'adoption d'une position européenne commune sur ce dossier.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères publiée le 09/01/2003

Le ministre des affaires étrangères s'est rendu en Colombie le 29 novembre dernier. Il a rencontré longuement le Président Alvaro Uribe Velez ainsi que les principaux membres de son gouvernement, et notamment sa collègue Mme Carolina Barco. Il s'est par ailleurs entretenu avec les représentants des familles d'otages et, en particulier, avec la famille de Mme Ingrid Betancourt, retenue contre son gré depuis le 23 février dernier par la principale guérilla, les FARC. L'enlèvement et la séquestration prolongée des otages sont des crimes inacceptables. La communauté internationale ne saurait rester passive devant ces pratiques qui endeuillent la Colombie. Les Colombiens doivent assumer la responsabilité de leur destin. Le gouvernement français a exprimé clairement sa disponibilité à les aider à rechercher les moyens de mettre fin à ce conflit cruel. Déjà, il s'était impliqué fortement, avec d'autres, dans la facilitation des processus de paix avec les guérillas, conduits par le prédécesseur du Président Uribe. Il appuie aujourd'hui la volonté du gouvernement colombien, fondée sur une politique de fermeté, de rechercher une solution négociée en sollicitant, notamment, les bons offices du secrétaire général des Nations Unies. Le gouvernement français appuie cette approche, dans la mesure où elle combine le renforcement de l'autorité de l'Etat et l'ouverture au dialogue avec les groupes armés illégaux. Il reconnaît la légitimité, pour rétablir la paix civile en Colombie, d'une politique de sécurité efficace et respectueuse des droits de l'homme, à laquelle une coopération dans des domaines comme le renforcement institutionnel ou la lutte contre le trafic de drogue doit être apportée. La possibilité d'un appui technique de la France à la substitution de cultures par reforestation, priorité du Président Uribe pour lutter contre la production de drogue, est à l'étude.

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